Christopher Plummer n’a rien à envier à Cloris Leachman. Il totalise en effet 68 ans de carrière au cinéma et à la télévision, avec 217 crédits à son actif. Né le 17 décembre 1929, à Toronto, dans l’Ontario, Plummer est l’un des rares acteurs shakespeariens exportés par le Canada.

Après des débuts à la télévision, son premier film est Stage Struck (1958) de Sidney Lumet avec Henry Fonda et Susan Strasberg, suivi de Wind Across the Everglades (1958) de Nicholas Ray. Pas mal, comme début, même si les deux oeuvres sont mineures dans la filmographie de chacun des deux grands réalisateurs. En 1965, c’est la révélation avec le rôle du capitaine Von Trapp dans le classique The Sound of Music de Robert Wise avec Julie Andrews, suivi du sous-estimé Inside Daisy Clover (1965) de Robert Mulligan avec une Natalie Wood au meilleur de sa forme, ou encore de The Night of the Generals (1967) d’Anatole Litvak, avec Peter O’Toole, Philippe Noiret, Omar Sharif ou Juliette Gréco, entre autres, où il joue le rôle du maréchal Erwin Rommel. Il semble ensuite privilégier les films historiques ou de guerre, puisqu’il fait partie du casting de Battle of Britain (1969), avant de jouer le rôle du Duc de Wellington face à un Rod Steiger survolté en Napoléon dans l’excellent Waterloo (1970) de Sergey Bondarchuk.

Durant les années 70, Plummer continue de tourner régulièrement, y compris dans des films de qualité, comme le délicieux The Return of the Pink Panther (1975) de Blake Edwards avec l’inénarrable Peter Sellers, ou, la même année, le grandiose The Man Who Would Be King de John Huston avec Sean Connery et Michaël Caine. En 1977, il incarne Hérode dans la minisérie épique de Franco Zeffirelli Jesus of Nazareth, dont le casting apparaît aujourd’hui comme proprement surréaliste, puisqu’il inclut Laurence Olivier, James Mason, Claudia Cardinale, Anne Bancroft, Anthony Quinn, Ralph Richardson, Ernest Borgnine, James Earl Jones, Stacy Keach, Ian McShane, Donald Pleasence, Rod Steiger, Peter Ustinov, Michaël York, Ian Bannen, Ian Holm, Fernando Rey, Olivia Hussey, aux côtés de Plummer et de la star, Robert Powell…! Parmi ses meilleurs films des années 70 il convient également de mentionner le remarquable The Silent Partner (1979) de Daryl Duke, avec Elliott Gould, ou Murder by Decree, la même année, de Bob Clark, où il interprète Sherlock Holmes, aux côtés de James Mason, Donald Sutherland, John Gielgud et Geneviève Bujold.

De la décennie 80, par contre, il faut juste retenir le transportant Somewhere in Time (1980) de Jeannot Szwarc, avec Christopher Reeves et Jane Seymour; When the Circus Came to Town (1981), fait pour la télévision; The Scarlet and the Black (1983), avec Gregory Peck et John Gielgud, également fait pour le petit écran; et la série The Thorn Birds (1983). Et, de la décennie 90: le divertissant Star Trek VI: the Undiscovered Country (1991) de Nicholas Meyer; l’apologétique Malcolm X (1991) de Spike Lee; Dolores Clairborne (1995) de Taylor Hackford; le génial Twelve Monkeys (1995) de Terry Gilliam, et surtout l’impeccable The Insider (1999) de Michaël Mann.

À partir des années 2000, la carrière de Christopher Plummer connaît un regain d’intérêt certain. On le voit ainsi notamment dans A Beautiful Mind (2001) de Ron Howard, Ararat (2002) d’Atom Egoyan, Alexander (2004) d’Oliver Stone, Syriana (2005) de Stephen Gaghan, The New World (2005) de Terrence Malick, Inside Man (2006) de Spike Lee, Man in the Chair (2006) de Michaël Schroëder, The Imaginarium of Dr. Parnassus (2009) de Terry Gilliam, dernier film du regretté Heath Ledger, et The Last Station de Michaël Hoffman, pour lequel il reçoit sa première nomination à l’Oscar du meilleur second rôle masculin, à 80 ans! Il prête également sa voix au chef-d’oeuvre animé de Pixar, Up (2009). En bref, une décennie en or, ponctuée de bons films (à part sans doute le décevant Alexander) et entouré des meilleurs réalisateurs.

Mais le meilleur est encore à venir dans la carrière de l’acteur. La décennie suivante s’ouvre sur en effet sur un rôle en or, celui d’un papa homosexuel et sidéen dans Beginners (2009) de Mike Mills, grâce auquel il reçoit enfin la statuette tant convoité, toujours dans la catégorie du meilleur second rôle masculin. Dans son discours de remerciement, au cours de la cérémonie, Plummer lance à l’Oscar: “Où étais-tu toute ma vie, mon cher, tu as seulement deux ans de plus que moi…”, ou encore: “Je travaille sur mon allocution de remerciement depuis ma naissance… mais, heureusement pour vous, c’était il y a si longtemps que je l’ai oubliée…”

Parmi les films dans lesquels il s’illustre par sa présence, devenue sage et impériale: le bon The Girl with the Dragon Tattoo (2011) de David Fincher, le touchant Danny Collins (2015) de Dan Fogelman, Remember (2015) d’Atom Egoyan, ainsi que All the Money in the World (2017) de Ridley Scott, où il remplace au pied levé Kevin Spacey (“effacé” pour harcèlement sexuel), qui lui permet de glaner une dernière nomination à l’Oscar du meilleur second rôle masculin, à 88 ans, après avoir eu à peine deux semaines pour mémoriser ses lignes pour 22 scènes à tourner ! Il devient ainsi l’acteur le plus âgé à être nominé dans une catégorie. Son dernier grand rôle sera dans Knives Out, une comédie noire qu’il porte essentiellement sur ses épaules, en dépit d’un casting jeune et séduisant.

Christopher Plummer disparaît le 5 février 2021 à l’âge de 91 ans. À son palmarès: un Oscar sur trois nominations, deux Emmys sur sept nominations, un Golden Globe sur deux nominations et un BAFTA sur deux nominations – entre autres honneurs et distinctions. Mais, même s’il a prouvé, comme les plus grands vins, que l’on peut parvenir au sommet de la gloire et de la reconnaissance après avoir beaucoup, beaucoup patienté, c’est dans le rôle du Colonel Von Trapp de ses débuts que le grand public se souviendra probablement de lui pour l’éternité…

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