74 ans de carrière dans le cinéma et la télévision et pas moins de 287 crédits à son actif, dont une majorité écrasante de séries TV. Qui dit mieux?

Née en 1926 dans l’Iowa, Cloris Leachman, ex-Miss Chicago, fait ses débuts en 1948 dans la télévision, qui restera son amour privilégié. Parmi les nombreuses séries dans lesquelles elle apparaîtra, il convient de mentionner Lassie, Rawhide, The Twilight Zone, The Untouchables, Alfred Hitchcock Presents, Dr. Kildare, Mary Tyler Moore, Perry Mason, Mannix, Phyllis, The Ellen Show ou Malcolm in the Middle. Cloris Leachman, c’est sept Emmys récoltés sur 19 nominations entre 1972 et 2011 – dont deux pour Mary Tyler Moore et deux pour Malcolm in the Middle – et un Golden Globe pour Phyllis!

Mais, paradoxalement, c’est surtout au cinéma – où elle fait des apparitions quand elle n’est pas à la télévision – qu’elle laisse des traces indélébiles. Elle interprète ainsi Christina Bailey, la femme fatale maudite dans le film culte de Robert Aldrich, Kiss Me Deadly (1955), mélange entre le film noir et la science-fiction qui va marquer des générations entières de réalisateurs. Elle joue ensuite dans The Rack (1956) d’Arnold Lavern, l’un des premiers films de Paul Newman puis, quelques années plus tard, dans The Chapman Report (1962) de George Cukor avec Shelley Winters et Jane Fonda, puis, en 1969, dans Butch Cassidy and the Sundance Kid (1969) de George Roy Hill, avec Paul Newman et Robert Redford. Elle retrouve à nouveau Newman sur le plateau du médiocre WUSA (1970) de Stuart Rosenberg, et enchaîne avec The People Next Door (1970), un drame social oublié avec Eli Wallach.

En 1971, Peter Bogdanovitch lui offre un rôle merveilleux, qui fait ressortir tout son talent d’actrice, celui de Ruth Popper, l’épouse dépressive et volage de The Last Picture Show (La Dernière séance), film sur une jeunesse américaine paumée dans les années 50, qui révèle entre autres Jeff Bridges et Cybil Shepherd. La critique est unanime et Cloris Leachman remporte en 1972 l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Elle tourne beaucoup plus au cinéma après cette récompense et apparaît notamment dans Dillinger (1973) de John Milius. Elle se rabat ensuite sur la comédie, avec l’excellent Young Frankenstein de Mel Brooks aux côtés de Gene Wilder, Madeline Kahn et Marty Feldman, où elle est encore une fois parfaite, High Anxiety (1977) encore de Mel Brooks, qui parodie (sans trop faire rire cette fois) les films de Hitchcock, ou encore History of the World: Part 1 (1981), toujours de Mel Brooks. Elle traverse les décennies suivantes au cinéma dans des films mineurs ou minables, avec quelques exceptions, comme Texasville (1990) de Peter Bogdanovich, qui revisite les personnages de The Last Picture Show trente ans plus tard, Music of the Heart (1999) de Wes Craven avec Meryl Streep, When We Last Spoke de Joanne Hock (2019), ou, tout récemment Not to Forget, sur les ravages de l’Alzheimer (2021). Elle meurt le 27 janvier à l’âge de 94 ans.