Citant des responsables du Hezbollah, des milieux politiques proches de la banlieue Sud affirment qu’aujourd’hui le Liban se trouve face à deux projets politiques: le premier, américain, qui prône une normalisation avec Israël, et le second, celui de la "moumanaa", qui, lui, exhorte un affrontement avec Israël.

Le parti dit de la Résistance a haussé le ton sur l’incident de Mgr Moussa el-Hage, pour inclure les chrétiens dans le projet de normalisation, plaçant ce dossier dans le cadre d’une première étape vers une volonté de normalisation. De plus, la majorité des partis de la "moumanaa" critiquent la position de "distanciation" réclamée notamment par le patriarche maronite Béchara Raï. Il convient de souligner sur ce plan que le Hezbollah interprète cette politique de distanciation à sa manière, préférant la qualifier de "distanciation face à l’ennemi". Les milieux proches du parti chiite soulignent que le dossier de l’évêque sert les intérêts d’Israël et ouvre la voie à une normalisation avec l’État hébreu. Par conséquent, les milieux proches du Hezbollah estiment qu’une solution à ce problème serait de ne plus autoriser l’évêque de se rendre à Jérusalem via Naqoura, mais plutôt via la Jordanie.

Certaines forces "souverainistes" n’écartent pas la possibilité que le Hezbollah déclenche un nouveau 7 mai, dans le but de pousser le Liban vers un nouvel accord de Doha à travers lequel un nouveau président de la République sera désigné. Il convient de rappeler qu’à travers l’accord de Doha en 2008, le général Michel Sleiman a été propulsé à la première magistrature et la loi électorale amendée. Un Doha 2 servirait le parti chiite pour les raisons suivantes: un nouvel accord politique éviterait une vacance présidentielle, empêcherait la communauté internationale d’interférer dans le dossier présidentiel et permettrait à la formation pro-iranienne ainsi qu’à Gebran Bassil d’imposer leurs conditions et de s’entendre avec l’opposition sur un nouveau président.

Reste à savoir si cet accord se fera à chaud ou à froid, sachant que les résultats des négociations irano-américaines pourraient s’avérer désastreuses pour le Hezbollah, qui risquerait de perdre tout contrôle sur le Liban.