Au fil des années, leurs rapports sont passés par des hauts et des bas, tantôt extrêmement tendus, tantôt apaisés. Aujourd’hui, ils se retrouvent entre deux. La trêve qui s’est installée entre eux résiste mal aux secousses politiques répétitives dans un pays en butte à une crise existentielle. Le chef du PSP, Walid Joumblatt, ne cache plus son exaspération face aux pratiques du Hezbollah qui ne se complique plus la vie avec des artifices pour dicter sa loi au Liban. A son tour, la formation pro-iranienne voit mal les critiques du leader druze à son égard. Elle a été jusqu’à l’accuser de s’être plaint d’elle devant les Russes, ce qui ne serait peut-être pas tout à fait faux.

Pour répondre cependant aux accusations du Hezbollah, Walid Joumblatt qui avait été reçu le 18 janvier à Moscou par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov et son adjoint, Mikhaïl Bogdanov, s’est empressé de divulguer la teneur de ses entretiens avec les deux responsables. Il a ainsi fait état d’une convergence de vues avec MM. Lavrov et Bogdanov sur le point selon lequel l’influence iranienne au Liban sera renforcée si les Arabes lâchent le pays. " Est-ce que l’Iran respecte l’entité libanaise ? Vers où le Hezbollah conduit le pays ? Qui peut faire comprendre à son secrétaire général, Hassan Nasrallah, a spécificité du Liban " ? Autant de questions qui ont été posées par Walid Joumblatt devant ses interlocuteurs russes et qu’il a d’ailleurs répétées lors d’une interview à la LBCI, jeudi soir.

Le leader druze a aussi dit avoir demandé aux dirigeants russes d’intervenir " en vue d’un rééquilibrage " au pays du Cèdre et conseillé aussi bien aux monarchies du Golfe qu’à Téhéran de mettre fin à la guerre au Yémen.

Tout cela montre que les canaux de communication directe entre Clémenceau et la Banlieue sud sont interrompus, d’où le choix fait par Walid Joumblatt d’adresser son message à Hassan Nasrallah, par le biais d’une interview télévisée. Les relations entre les deux sont-elles rompues ou s’agit-il seulement d’une violation ponctuelle d’une trêve, le temps de faire passer le message ?