Dans les milieux des Forces libanaises, on continue de redouter des tentatives aounistes de torpiller le scrutin du 15 mai, même après l’échec des pressions du camp présidentiel pour obtenir la mise en place de mégacentres électoraux, en sachant bien que le ministère de l’Intérieur n’aura pas techniquement la possibilité de mener en deux mois, les préparatifs nécessaires à leur établissement. Dans ces milieux on répercute des rumeurs sur un ou des événements de sécurité qui risquent de justifier un report. On se fonde, pour avancer ses craintes, sur des propos récents du président Michel Aoun, qui avait assuré que les législatives se tiendront dans les délais, dans le cadre d’une interview à la presse, mais qui avait ajouté que seul un incident de sécurité majeur pourrait entraîner leur ajournement.

Dans les milieux des FL, on estime que le CPL n’a plus qu’un seul moyen de pression. C’est celui de la rue. Un moyen qui comporte cependant des risques de dérapage, en raison de la colère latente de la population, accablée par le poids des crises financières et économiques alors que l’Etat ne semble toujours pas pressé de commencer à les régler sérieusement.

Le CPL pourra bien recourir à la rue mais le risque de dérapages n’est pas à craindre, estime-t-on dans d’autres milieux plus ou moins proches du tandem Amal-Hezbollah. Et pour cause : C’est le duopole qui détient la carte de la rue et c’est lui, plus particulièrement le mouvement Amal, qui fait bouger les syndicats et les forces populaires provoquant des troubles et des émeutes. Or pour le moment, les deux formations chiites tiennent à la tenue des élections dans les délais. Plus encore, les deux sont rassérénés par rapport aux résultats du scrutin, contrairement à leur allié chrétien qui s’engage dans une bataille difficile, dans laquelle il risque de laisser des plumes.