Le service rendu par le sexennat au chef du service de Sécurité de l’État, Tony Saliba (proche du président libanais, Michel Aoun), reconduit à la tête de cet organisme en sa qualité de civil, constitue un précédent, jugé de surcroît illégal.

Le général Saliba avait présenté sa démission du corps militaire il y a deux ans, bien avant qu’il n’atteigne l’âge de la retraite (il est né en mai 1964), mais il a été nommé tout de suite après directeur général civil de la Sécurité de l’État pour qu’il puisse rester en service jusqu’à l’âge de 64 ans au lieu de 60, comme c’est le cas pour les généraux.

Poursuivi par le juge d’instruction Tarek Bitar dans le cadre de l’affaire de l’explosion du 4 août au port de Beyrouth, sa nomination lui assure une certaine immunité, puisqu’au bout d’une longue procédure en 2021, la cour de cassation avait décidé de ne pas engager des poursuites contre lui, alors que Tarek Bitar lui reprochait, avec d’autres responsables politiques et militaires libanais, une négligence qui a conduit à l’explosion du nitrate d’ammonium stocké au port.

Quoi qu’il en soit, d’autres chefs de services militaires semblent vouloir profiter du même traitement de faveur réservé au général Saliba, pour pouvoir être également reconduits à leurs postes, mais en leur qualité civile, jusqu’à l’âge de 64 ans, et bénéficier ainsi de tous les avantages liés à cette procédure.

Sauf que de l’avis de juristes, cette mesure n’est pas légale et contrevient en particulier à la loi sur la nouvelle grille des salaires dans le secteur public (2017) qui interdit la nomination d’anciens militaires à des postes de première ou de deuxième catégorie.

C’est sur cette base qu’un recours en invalidation de la reconduction du général Tony Saliba à la tête de la Sécurité de l’État est en voie d’être préparé et devrait être présenté au Conseil d’État.

Un responsable de l’opposition considère que cette nomination est un service "coûteux" pour le sexennat et s’interroge sur le point de savoir si le chef de l’État va pouvoir nommer ses hommes à des postes administratifs "juteux", avant la fin de son mandat, en octobre prochain.

Le général Saliba est à la tête du service de sécurité auquel la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, également proche du camp présidentiel, a recours pour faire exécuter ses descentes saugrenues dans les locaux de sociétés financières, notamment celles de Mecattaf pour le transfert de fonds, en 2021, ainsi que ses mandats d’amener contre le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, dans le cadre de son acharnement contre le secteur bancaire, pendant que le réseau financier parallèle du Hezbollah poursuit ses activités sans être inquiété.