Dans les milieux souverainistes, on compare le déchaînement judiciaire actuel contre le secteur bancaire à l’excès de zèle de l’appareil judiciaire libanais sous l’occupation syrienne, tous deux ayant ceci en commun: leur caractère sélectif qui répond non pas au souci de justice, mais à des considérations liées à des fins politiques spécifiques.

Sous l’occupation syrienne, ce sont les partis et les figures souverainistes hostiles à la mainmise damascène sur le pays qui étaient la seule cible des magistrats ayant accepté de devenir les instruments de Damas.

Aujourd’hui, la magistrature libanaise s’acharne contre les uns, mais pas les autres. Ceux qui, parmi les juges, osent engager une procédure qui n’est pas dans l’intérêt de ceux qui tiennent les rênes du pouvoir, sont combattus. Le secteur bancaire est ainsi ciblé dans le cadre d’une campagne sélective de lutte contre la corruption, en raison des intérêts politiques liés à sa restructuration, et d’une volonté de mettre la main sur le pouvoir de décision que représente la Banque centrale. Parallèlement, les opposants au pouvoir convoqués du fait de leurs positions ou de leurs mouvements de protestation ne se comptent plus.

Dans le même temps, aucune procédure judiciaire n’est engagée contre les réseaux financiers illégaux du Hezbollah, notamment al-Qard el-Hassan, bien que la justice ait été saisie d’une plainte à ce sujet, et aucune enquête n’est menée dans les affaires de dilapidation de fonds et de corruption dans des administrations publiques, régulièrement dénoncées dans les médias. Aucun militant du Hezbollah n’a été convoqué à cause de diatribes, voie même de menaces, contre des figures de l’opposition. Quant à l’action menée localement pour contrer le trafic régional de Captagon, dont le Liban est malheureusement devenu la plaque tournante, elle se limite à l’arrestation des convoyeurs. On n’a jamais su qui sont les commanditaires et les profiteurs de ce trafic dans lequel le Hezbollah et la Syrie sont pointés du doigt par les pays arabes.

Ce qui fait dire à ces milieux souverainistes que le Liban est aujourd’hui sous occupation iranienne et que les abus relevés n’en sont que le reflet.