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Sous les platanes de La Roque-d’Anthéron, en France, les jeunes prodiges du piano trouvent une scène attrayante pour révéler leur talent.

Sous les majestueux platanes de La Roque-d’Anthéron, au cœur de la Provence, se déroule chaque été un festival de piano unique en son genre. Ce festival, qui célèbre cette année sa 44e édition, a su, au fil des décennies, s’imposer comme une véritable pépinière de talents. Depuis sa création en 1981, René Martin, fondateur du festival, a toujours eu une vision claire: "Soit je faisais un festival avec seulement des stars du piano, soit je donnais une véritable identité à un projet culturel très fort." Il a opté pour la seconde voie, transformant La Roque-d’Anthéron en une terre de découvertes musicales, où les jeunes virtuoses peuvent se révéler au grand jour.

Dès ses premières années, La Roque est devenue un lieu où les talents émergents trouvent un espace pour s’exprimer. René Martin, fort de ses échanges quotidiens avec des professeurs de piano du monde entier, sélectionne avec soin les artistes invités, leur offrant une scène prestigieuse. Parmi eux, cette année, le jeune Géorgien Tsotne Zedginidze, encore adolescent, a impressionné lors de concerts en soliste, devant un public conquis par son talent.

Pour Rodolphe Menguy, jeune pianiste de 26 ans estampillé "nouvelle génération 2024" par le festival, se produire à La Roque-d’Anthéron revêt une grande importance: "Venir en tant que pianiste invité à donner un récital porte une grosse signification." Le festival, par son cadre en plein air au milieu des arbres centenaires et sa durée d’un mois, attire chaque année une densité d’artistes remarquable. Cette configuration unique permet, selon Rodolphe Menguy, d’assurer une continuité entre les générations de musiciens.

L’un des points forts du festival est l’organisation de master classes, ouvertes au public. Ces cours magistraux sont une occasion en or pour les jeunes musiciens de perfectionner leur art sous l’œil attentif de professeurs renommés. Melvil Chapoutot, pianiste de 27 ans, a eu la chance de participer à ces master classes. Pour lui, le festival de La Roque-d’Anthéron est une scène mythique: "La scène de La Roque-d’Anthéron, en tant que jeune musicien, on la connaît tous, au moins (à partir) de photos ou vidéos." Ce cadre exceptionnel permet de révéler des talents qui pourraient passer inaperçus dans les concours traditionnels, où l’aspect performatif prime parfois trop sur l’expression artistique.

Manon Galy, violoniste de 27 ans, a également bénéficié de l’expérience des master classes à La Roque. À la suite de sa participation, elle a remporté les Victoires de la musique classique en 2022, dans la catégorie Révélation soliste instrumental. "Les master classes, pour nous, c’était un rêve qu’on touchait du bout du doigt. Et puis, grâce à cela, tout s’est enchaîné", témoigne-t-elle, soulignant l’impact décisif de cette expérience sur sa carrière.

René Martin, qui organise également d’autres festivals de musique classique en France, ne procède jamais à des auditions directes pour sélectionner les artistes. Ce qui guide son choix, c’est avant tout "la profondeur humaine". Il est persuadé que chez les artistes les plus talentueux, "il y a une espèce de grâce, il y a quelque chose qui est un peu surnaturel", une capacité à toucher le public à travers leur instrument. Avec les années, René Martin a acquis une réputation de dénicheur de talents, une réputation solidement fondée sur une "merveilleuse oreille", comme le souligne Arielle Beck, jeune pianiste de 15 ans, qui a donné un récital de Robert Schumann au début du festival. "C’est sa vie toute entière qui est destinée à écouter les musiciens", raconte la jeune fille, qui, malgré son jeune âge, donne déjà des concerts depuis ses 9 ans.

Avec AFP

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