Au centre Pompidou à Paris, par tous les temps, clairs ou obscurs, les tempêtes intérieures que seule la soif de culture peut calmer, mènent par tous les chemins au cinquième étage.

D’exposition en exposition, après avoir fait cent fois les cent pas, repassé par toutes les salles, on finit par (se) demander: "Mais où est-elle La Joconde?!"

Elle ne peut pas passer inaperçue.

Haut-perchée, la dame de fer mexicaine s’éternise en huile sur aluminium dans un cadre d’artiste de 28,5 x 20,7 cm en bois peint et balaie du regard les toits de Paris. Dans ce carré brilliant au mille couleurs conservé au centre Pompidou, elle ouvre bien au-delà de ses quarante-sept ans de passage sur Terre (1907-1954), une fenêtre sur les couleurs, les formes, les idées.

C’est en 1939, il y a près d’un siècle déjà, que Frida, invitée par André Breton à Paris, remporte un succès d’estime. The Frame, seul tableau de Frida de tous les musées européens, est alors acheté par l’État français.

"Frida" est exposée.

Elle s’expose elle-même dans son autoportrait en peinture fixé sous verre de production artisanale réalisée à Juquila au Mexique.

Frida et ses couleurs.

Frida et son visage.

Frida et ses sourcils.

Frida et son expression.

Mystérieuse et pourtant si éclatante dans toutes ses tonalités.

Femme de tout son être, dans toute son émancipation.

Femme de talent et femme de tête.

Femme d’amour et de douleur.

Femme libre et libérée.

"Pour créer son propre paradis, il faut puiser dans son enfer personnel." Les dires de Frida Kahlo ainsi que ses créations, sa centaine d’autoportraits affirmatifs revendiquant sa place dans un monde d’hommes en petits "h", nous reviennent de loin en dans toute la force de leur oriflamme.

Chez nous, l’enfer est là. Personnel et personnalisé.

Bien souvent, pavé de très bonnes intentions.

C’est dans cet univers où la convoitise des États et des êtres bat son plein, où les guerres injustifiées sont le seul lendemain, les mots, les unfriend, les remove et les hashtags de haine, le seul pain sur la planche, que les rebelles de chez nous puisent et créent leur paradis…

Les rebelles de chez nous ont compris, comme Frida, que rien n’a de limite, qu’importent les préjugés, les jugements des pharisiens de ce siècle; ceux des réseaux politiques ou sociaux, la violence ou pire encore, l’indifférence, elles gardent la force de rêver et se répètent: "Je vois toujours des horizons où tu dessines des limites."

Les rebelles de chez nous ou d’ailleurs, puisque tout est un, ont la force de prendre les mitraillettes de leurs douces mains, de piloter des avions.  Elles ont le rugissement des lions dans la voix et le verdict de vengeance dans les griffes.

Mais au-delà des jeux de pouvoir, elles détiennent la clé de la Vérité. Elles créent.

Les rebelles de chez nous ou d’ailleurs ont aussi les sourcils en V, et comme Frida, elle continuent à enfanter. Dans la douleur, elles toisent les guerres froides en donnant la vie de leurs entrailles. Et elles sourient à la mort. Elles ont au bout de leurs fusils des fleurs. Elles chantent avec les sirènes d’une mer bleue et infinie et lancent des roses aux enfants.

Les rebelles de chez nous sont des "elles". Parce qu’elles ont les ailes de l’âme. Et l’âme est au féminin. Elle est. Elle est féminine sans se soucier d’être féministe.

Les rebelles de chez nous ne se posent pas en victimes.

Les rebelles de chez nous ont toujours le choix.

Et elles choisissent la vie.

Et le coeur.

"Même dans un cercueil, je ne veux plus jamais rester couchée." Frida

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