Illusions Perdues de Xavier Giannoli, qui a remporté sept Césars, est programmé pour une troisième projection le 31 mars à 19h à la salle Montaigne de l’Institut français de Beyrouth, dans une prolongation du Grand Weekend du Cinéma français à Beyrouth qui a connu un immense succès.

Xavier Gianonoli adapte au grand écran le roman éponyme de Balzac, Illusions Perdues, qui a reçu sept Césars, dont le César du Meilleur film. Avec un casting de rêve, Benjamin Voisin, Cécile de France, Vincent Lacoste, Xavier Dolan et Gérard Depardieu, Xavier Giannoli signe un film exceptionnel. Il est programmé le 31 mars à 19 h à la salle Montaigne de l’Institut français de Beyrouth, dans une prolongation du grand weekend du cinéma français à Beyrouth.

Illusions Perdues est un roman d’Honoré de Balzac publié entre 1837 et 1843, formé de trois parties : Les Deux Poètes, Un grand homme de province à Paris et Les souffrances de l’inventeur. Roman phare de la Comédie humaine, il est considéré pour beaucoup comme le chef-d’œuvre de Balzac. Giannoli, balzacien invétéré, va se lancer le défi d’adapter ce roman au grand écran. Il va puiser dans les trois parties pour en faire un résumé de deux heures et demie. Il raconte la désillusion totale d’un jeune poète provincial qui rêve de réussir dans la capitale.

Dans un Paris déluré du XIXᵉ siècle, en plein dans la restauration, avec les monarchistes d’un côté et la presse qui se veut " libre " de l’autre, l’œuvre peint l’hypocrisie du monde, sans favoritisme. Car celui qui n’a jamais péché, jette la première pierre.

Le héros, ou plutôt antihéros, Lucien de Rubempré, incarné par le jeune Benjamin Voisin se trouve happé dans un monde qui le dépasse. Descendu à Paris pour vivre une histoire d’amour avec sa maitresse aristocrate et tenter de percer dans les milieux littéraires, il découvre le vrai visage du monde. Il s’initie au machiavélisme et tente de se faire une place dans un monde impitoyable.

Balzac est indémodable. L’histoire est toujours d’actualité. C’est une peinture réaliste du monde d’aujourd’hui.

Le thème du film est les fake news et comment une rumeur peut faire ou défaire toute une carrière. La réputation prévalant sur le talent ou la performance. On pense aux Kardashians.

Les fausses nouvelles, les manipulations, le succès illusoire (des pièces de théâtre que l’on applaudit ou maudit, selon qui paie le meilleur prix), en un mot, c’est un film sur la corruption. La corruption de la presse, de la bourgeoisie, et même du peuple.

Giannoli reste fidèle à l’œuvre, il fait un mélange ingénieux de voix off et de dialogues et conserve la voix du narrateur.

Le réalisateur de Marguerite (2015) (une vraie pépite avec Catherine Frot) et de Quand j’étais chanteur (2006), entre autres, signe un grand film qui nous refait découvrir la beauté de la langue française. La subtilité du verbe nous enchante. Le cinéma a vu plusieurs adaptations en anglais de chefs-d’œuvre de la littérature française : on pense à Bel ami (2012) inspiré de l’œuvre de Maupassant, ou Liaisons Dangereuses (1988) de Chanderlos de Laclos ; mais c’est toujours autre chose quand l’adaptation est française. La langue de Molière présente des nuances, des impressions qu’il est difficile de traduire. Et quel plaisir à la découvrir dans ce film. Le génie de Balzac est préservé. On s’émerveille par la richesse et l’esthétisme des personnages, des dialogues et de cette ville toute fourmillante de culture et de beauté, mais aussi de déchéance et de corruption. On peut dire que Giannoli a gagné son pari.

Ariane Toscan du Plantier – Gaumont

Entretien avec Ariana Toscan du Plantier de Gaumont

Le film sortira-t-il en salle au Liban ?

J’espère. Les sorties en salle deviennent de plus en plus compliquées mais oui, normalement il devrait sortir bientôt.

À quel point le film est-il fidèle à l’œuvre de Balzac ?

Illusions Perdues est un des 90 tomes de la Comédie Humaine. Il contient trois parties et le film est un mix des trois. Giannoli a puisé dans les trois romans pour en faire un film.

Comment s’est faite la sélection de ce casting prestigieux ?

C’est le 8ᵉ film de Xavier Giannoli, et il est très méticuleux dans la sélection. Il fallait trouver un jeune acteur qui est charmant et séduisant et un peu dandy qui puisse jouer le provincial innocent, mais aussi l’arrogance du parisien et son manque de jugeote. Jeune acteur montant, Benjamin Voisin qui a joué dans le film de Ozon, été 85, l’année précédente, s’est fait remarquer par Giannoli.  Même Xavier Dolan que l’on voit assez peu dans des films en dehors des siens, fut très intéressé par l’idée de Giannoli et notamment amusé par le regard que son personnage porte sur l’histoire.

Cela fait plaisir de voir une production française de ce classique, avec le cinéma américain qui a tendance à s’approprier les œuvres littéraires françaises ces dernières années. Comment a-t-il choisi de faire une adaptation de Balzac ?

Giannoli est balzacien dans l’âme. Quiconque s’attaquerait à Balzac, n’arriverait pas à donner cette qualité. Il faut être en osmose avec Balzac pour ne pas s’éloigner de l’œuvre et la remettre dans la modernité d’aujourd’hui. Le discours est celui du livre, et c’est incroyable aujourd’hui. Giannoli a une connaissance de Balzac et une compréhension profonde de la place de la presse en France. On y retrouve l’intelligence de son regard. C’est le film de sa carrière.7

 

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