Téhéran a accusé mardi l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’avoir publié un rapport ni " juste " ni " équilibré " portant sur des sites nucléaires non déclarés en Iran.

Lundi, l’AIEA a publié un rapport dans lequel le gendarme onusien indique avoir des questions " non résolues " concernant la présence de matière nucléaire sur trois sites non déclarés en Iran: Marivan (ouest), Varamin et Turquzabad, au sud de Téhéran.

L’AIEA affirme avoir demandé en vain à des responsables iraniens d’expliquer la présence de ce matériel sur ces sites.

" Malheureusement, ce rapport ne reflète pas la réalité des négociations entre l’Iran et l’AIEA ", a déclaré à des journalistes le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh.

" Ce n’est pas un rapport juste et équilibré ", a-t-il ajouté. " Nous nous attendons à ce que cette trajectoire soit corrigée. "

" Nous craignons que la pression exercée par le régime sioniste (Israël, NDLR) et d’autres acteurs poussent l’agence à faire de ses rapports techniques des rapports politiques ", a-t-il accusé.

De son côté, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a accusé sur Twitter la République islamique d’avoir " volé des documents confidentiels de l’AIEA et utilisé ces informations pour échapper systématiquement aux inspections " de l’agence.

Il a accompagné son message d’un lien vers plusieurs documents en persan présentés comme confidentiels et traduits en anglais, ainsi que des photos censés étayer ses propos.

L’Etat hébreu perçoit comme une menace à sa sécurité le programme nucléaire de l’Iran, son ennemi juré qu’il accuse de vouloir se doter de la bombe atomique, ce que Téhéran a toujours nié.

Les autorités israéliennes ont ainsi plusieurs fois déclaré ne pas écarter la possibilité d’une action militaire pour empêcher la République islamique de devenir une puissance nucléaire.

D’après Téhéran, son programme nucléaire a déjà été la cible de plusieurs campagnes de cyberattaques, sabotages et assassinats ciblés de scientifiques, qu’il a imputés à Israël.

Lundi, lors de la publication du rapport de l’AIEA, le chargé de mission iranien auprès des agences internationales à Vienne, Mohammad Reza Ghaebi, a appelé l’agence à " être consciente des conséquences destructrices de la publication de ce genre de rapport partial ".

En avril, Téhéran avait dit espérer que " l’ambiguïté " pesant sur les sites non déclarés soit levée d’ici juin, après avoir envoyé à l’agence onusienne des documents à ce sujet.

Dans un autre rapport également publié lundi, l’AIEA assure que les stocks d’uranium enrichi dépassent désormais de plus de 18 fois la limite autorisée par l’accord international de 2015.

Ainsi, Téhéran dispose de 43,1 kg d’uranium enrichi à 60%, seuil proche des 90% nécessaires à la confection d’une bombe, contre 33,2 kg précédemment, selon le rapport qui sera examiné lors du Conseil des gouverneurs de l’AIEA la semaine prochaine.

La France a fait part mardi de sa " très grande préoccupation " après la publication du rapport de l’AIEA et appelé l’Iran à répondre sans délai aux questions et aux besoins de l’agence onusienne.

Le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price a aussi exhorté Téhéran à " coopérer pleinement " et " sans nouveaux délais " avec l’agence de l’ONU, à laquelle il a réitéré la " confiance " des Etats-Unis.

Ces échanges entre l’Iran et l’AIEA sont menés en parallèle aux discussions pour sauver l’accord de 2015 censé empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique en échange de la levée de sanctions asphyxiant son économie.

L’accord s’est délité après le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, et le rétablissement de sanctions américaines contre l’Iran, qui s’est affranchi en réaction des limites-clés imposées à son programme nucléaire.

Lancées il y a un an mais suspendues à plusieurs reprises, les négociations pour ressusciter ce pacte sont dans une nouvelle impasse.

Malgré les constatations de l’AIEA, le gouvernement américain du président Joe Biden assure toujours vouloir relancer l’accord de 2015. Ned Price a dit que cela restait à ce stade dans " l’intérêt " de Washington, prêt à y revenir " immédiatement " si Téhéran " abandonne ses exigences qui ne sont pas liées " à cet accord.

AFP

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