Un procureur libanais enquêtant sur des accusations de malversations financières contre le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a réclamé son inculpation, a indiqué jeudi un responsable judiciaire. Riad Salamé est la cible d’une série d’enquêtes judiciaires aussi bien dans son pays qu’à l’étranger. En 2021 notamment, le Liban avait ouvert une enquête concernant son patrimoine après une demande d’aide du procureur général en Suisse dans le cadre d’investigations décortiquant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds opérés par le gouverneur et son frère. Jeudi, le procureur Ghassan Oueidat " a fini son enquête préliminaire sur le gouverneur de la Banque centrale ", a déclaré à l’AFP un responsable judiciaire sous couvert d’anonymat. " Il a transféré l’affaire au bureau du procureur général à Beyrouth et demandé (…) une inculpation de Salamé, sa secrétaire et son frère " pour notamment détournement de fonds publics, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, et évasion fiscale, a-t-il ajouté. Le frère de M. Salamé, Raja, avait été arrêté à la mi-mars après l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre pour " blanchiment d’argent " et " enrichissement illicite ". Il avait été libéré deux mois plus tard contre une caution d’environ 3,5 millions d’euros. Malgré les nombreuses plaintes, convocations, enquêtes et une interdiction de voyager émise à son encontre en janvier, M. Salamé est toujours à son poste de gouverneur. Il rejette toutes les accusations portées contre lui, les jugeant infondées et liées à des motivations politiques. Fin mars, la France, l’Allemagne et le Luxembourg ont gelé 120 millions d’euros d’avoirs libanais à la suite d’une enquête pour blanchiment d’argent visant cinq personnes, dont M. Salamé. Le gouverneur de la Banque centrale, comme l’ensemble de la classe politique libanaise, est accusé par une grande partie de la population de corruption et d’être responsable de la crise économique et financière sans précédent que connaît le pays. Depuis 2019, les Libanais sont soumis à des restrictions bancaires draconiennes qui les empêchent d’avoir librement accès à leur argent, tandis que la monnaie locale a perdu plus de 90% de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir.

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