Trois personnes ont été mises en examen en juin à Paris, soupçonnées d’avoir tenté de corrompre des magistrats libanais dans un volet de l’enquête sur les accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, a appris l’AFP de source proche du dossier mercredi. La première personne est le publicitaire Arnaud de la Villesbrunne, mis en examen le 8 juin. Les deux autres, Lisa H., ancienne assistante de Noël Dubus, protagoniste central de ce volet plusieurs fois condamné pour escroquerie; ainsi que le financier Pierre Reynaud l’ont été respectivement les 10 et 15 juin, comme l’a également dévoilé Mediapart mercredi. Tous trois sont mis en cause pour " association de malfaiteurs " en vue de la " corruption de personnels judiciaires étrangers ". La justice les soupçonne d’avoir tenté entre fin 2020 et mi-2021 de " collecter de l’argent " et de le verser " à des intermédiaires libanais " afin qu’il soit " remis à des personnes exerçant des fonctions juridictionnelles au Liban ". L’objectif aurait été, selon les juges d’instruction, " d’obtenir des rencontres avec Hannibal Kadhafi, fils de Mouammar Kadhafi, puis sa libération, ainsi que l’incarcération de (l’intermédiaire franco-libanais) Ziad Takieddine ". Concernant le fils Kadhafi, les magistrats se demandent si cette tentative – avortée – de le faire libérer ne visait pas à obtenir des éléments pour dédouaner l’ancien chef de l’Etat français, soupçonné d’avoir perçu de l’argent libyen pour sa campagne de 2007. Les juges évoquent Nicolas Sarkozy comme " potentiellement (…) intéressé par l’aboutissement de (ces) démarches " concernant la famille Kadhafi. Arnaud de la Villesbrunne, Lisa H. et Pierre Reynaud étaient déjà mis en cause dans cette enquête pour " subornation de témoin " ou " association de malfaiteurs " en vue d’une " escroquerie en bande organisée ". Ils sont soupçonnés d’avoir oeuvré pour que Ziad Takieddine, qui a de longue date accusé Nicolas Sarkozy d’avoir financé sa campagne présidentielle victorieuse notamment avec de l’argent libyen, retire en échange de " promesses financières " ses accusations fin 2020 dans une retentissante interview à BFM TV et Paris Match. La justice enquête sur cette rétractation depuis le printemps 2021. Parmi les autres mis en cause figurent Noël Dubus ou la " papesse " des paparazzi Mimi Marchand. Lors de leurs interrogatoires, Arnaud de la Villesbrunne et Lisa H. ont reconnu en substance des " erreurs " d’appréciation, commises " sous influence " de Noël Dubus qui les aurait régulièrement trompés. Pierre Reynaud a lui déclaré que Noël Dubus a " manipulé tout le monde ". Le contrôle judiciaire de Noël Dubus a été révoqué vendredi 1er juillet et l’intéressé placé en détention provisoire, a indiqué une source judiciaire à l’AFP, confirmant une information de Mediapart. Contactés par l’AFP, ni Eric Morain, avocat d’Arnaud de la Villesbrunne, ni l’avocat de Lisa H., n’ont souhaité réagir. Joanna Grauzam, avocate de Pierre Reynaud, a indiqué que son client était " innocent et n’a rien à voir avec les faits reprochés ".

AFP

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