Le nombre de morts dépasse les 5000 personnes, selon des nouveaux bilans mardi matin, suite au puissant séisme de magnitude 7.8, suivi quelques heures plus tard par une forte réplique dans le sud-est de la Turquie et en Syrie voisine. L’aide internationale se mobilisait après ces secousses alors que les opérations de secours étaient sérieusement affectées par le froid et la nuit.

Au moins 3.419 personnes ont été tuées dans le Sud-Est de la Turquie et 1.602 dans le Nord de la Syrie, ce qui porte le bilan total à au moins 5.021 morts, selon des sources officielles et médicales.

En Turquie, 7.340 personnes avaient lundi soir été extraites vivantes des décombres, selon l’Afad.

Ce bilan ne cesse de s’alourdir, un grand nombre de personnes restant piégées sous les bâtiments effondrés qui se comptent par milliers. La pluie et la neige, tombée à certains endroits en abondance, et la baisse attendue des températures avec la tombée de la nuit rendaient lundi soir encore plus difficile le travail des secours.

Dans ces conditions, l’Organisation mondiale de la Santé a dit s’attendre à un bilan final beaucoup plus élevé.

La première secousse est survenue à 4H17 locales (1H17 GMT), dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d’oiseau de la frontière syrienne.

Des dizaines de répliques ont suivi, avant un nouveau séisme de magnitude 7.5, à 10H24 GMT, toujours dans le sud-est de la Turquie, à 4 km au sud-est de la ville d’Ekinozu.

A Alep, des survivants se sont réfugiés dans un couvent chrétien, n’ayant aucune autre demeure pour passer la nuit.

" Avec ma femme et mes enfants, nous avons couru vers la porte de notre appartement au troisième étage. Dès que nous l’avons ouverte, le bâtiment tout entier s’est effondré ", a raconté Oussama Abdelhamid, un habitant d’un village syrien frontalier de la Turquie, soigné à l’hôpital Al-Rahma dans la ville de Darkouch. Il a " miraculeusement " survécu avec sa famille.

Dans ces zones tenues par les rebelles qui combattent le régime de Damas, on dénombre au moins 700 morts.

A Sanliurfa, ville du sud-est turc, au bord d’un grand boulevard, des dizaines de secouristes tentaient dans la soirée d’extraire des survivants d’un immeuble de sept étages réduit à néant.

Lundi soir, des habitants se préparaient à passer la nuit dehors, malgré des températures ressenties sous zéro degré, a constaté l’AFP.

Dans la province rebelle d’Idlib, qui échappe au contrôle de Damas, tout un quartier du village de Harim a été détruit.

" Nous n’avons nulle part où aller, nous avons peur ", a déclaré Mehmet Emin Kiliç, rassemblé autour d’un feu au pied d’un immeuble de son quartier avec sa femme, ses quatre enfants et d’autres membres de sa famille.

Les mêmes scènes étaient visibles dans la journée à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie.

Le bilan risque encore d’évoluer dans les villes touchées, Adana, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir notamment. A Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l’effet du séisme, survenu à une profondeur d’environ 17,9 kilomètres.

Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul.

Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards dans le froid.

Partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris.

A Hama, en Syrie, les secouristes et civils extraient à la main, aidés d’engins lourds, les corps des victimes sous les décombres, dont celui un enfant, a constaté l’AFP.

A Jandairis (nord-ouest), plus de quarante habitations se sont effondrées comme un château de cartes dans cette localité frontalière de la Turquie.

A Alep, deuxième ville de Syrie, des dizaines de familles sont restées depuis le séisme à l’aube dans les jardins publics malgré les pluies diluviennes, craignant des répliques, a constaté un photographe de l’AFP. De nombreux immeubles de la ville se sont effondrés et la célèbre citadelle qui surmonte la ville, a été endommagée.

En Turquie, les dégâts les plus importants ont été enregistrés près de l’épicentre du séisme de la nuit, entre Kahramanmaras et Gaziantep, où des pâtés de maisons entiers étaient en ruine, sous la neige.

Les secousses, ressenties dans tout le sud-est du pays, l’ont également été au Liban et à Chypre, selon des correspondants de l’AFP, ainsi qu’au Kurdistan irakien dans le nord du pays à Erbil et Douk, mais aucune victime n’a été signalée.

Selon l’institut géologique danois, les secousses ont été ressenties jusqu’au Groenland.

La Turquie est située sur l’une des zones sismiques les plus actives du monde.

Mobilisation internationale

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé à l’union nationale, précisant que la Turquie avait reçu les offres d’aide de 45 pays. Il a décrété un deuil national de sept jours.

Quant au gouvernement syrien, il a lancé un appel à l’aide à la communauté internationale. L’ambassadeur syrien aux Nations unies, relayant la demande d’aide de Damas a assuré lundi à l’ONU que cette aide irait " à tous les Syriens sur tout le territoire ", dont une partie n’est pas sous le contrôle du gouvernement.

Fayçal Moqdad a rencontré lundi à New York le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres pour transmettre la demande d’aide exprimée par son gouvernement, qui s’est engagé à " faciliter toutes les (procédures) nécessaires aux organisations internationales pour qu’elles fournissent une aide humanitaire " en réponse au tremblement de terre.

A Alep, après le cataclysme, la macabre opération de reconnaissance des corps des victimes.

" Nos équipes sont sur le terrain pour évaluer les besoins et apporter leur assistance ", a déclaré dans un communiqué Antonio Guterres, en appelant à la communauté internationale alors qu’une minute de silence était observée à l’Assemblée générale des Nations Unies.

Du monde entier ont afflué les messages de soutien, du président américain Joe Biden à ses homologues russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, en passant par le pape François qui s’est dit " profondément attristé ", ainsi que les propositions d’aide humanitaire et médicale.

Deux détachements américains de 79 secouristes chacun se préparaient lundi à partir pour la Turquie, a indiqué la Maison Blanche.

Le Kremlin, allié de la Syrie, a indiqué que des équipes de secouristes allaient partir pour ce pays " dans les prochaines heures ", alors que selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider aux secours.

Le Kremlin a également indiqué que le président turc avait accepté, après un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine " l’aide des secouristes russes ".

Toujours à Alep, les opérations de déblayage financés par Téhéran riment avec idéologie, avec un drapeau iranien et le portrait de Kassem Soleimani…

La Grèce, malgré ses relations orageuses avec son voisin, a promis " de mettre à disposition (…) toutes ses forces pour venir en aide à la Turquie " et le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a appelé M. Erdogan pour lui offrir une " aide immédiate ".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé avoir satisfait une demande d’aide de la Syrie, avec laquelle l’Etat hébreu n’entretient pas de relations diplomatiques. Damas a démenti.

L’Union européenne a activé son " mécanisme de protection civile " et " des équipes des Pays-Bas et de Roumanie sont déjà en route " ainsi que notamment 139 secouristes français qui doivent partir dans la soirée et 76 pompiers polonais. L’Azerbaïdjan, allié et voisin de la Turquie, a annoncé l’envoi immédiat de 370 secouristes, le Qatar et les Emirats ainsi que l’Inde celui d’équipes de secours et médicales et de matériel de secours. C’est jusqu’à l’Ukraine en guerre qui a proposé " un grand groupe de secouristes ".

Avec AFP