La population mondiale augmente à un rythme effréné mais surtout alarmant. Selon les projections et les statistiques démographiques des Nations unies, elle devrait croître de deux milliards d’individus au cours des trois prochaines décennies, passant de 8 milliards actuellement à 9,7 milliards en 2050, puis à 10,4 milliards en 2100. Un autre rapport tire, en outre, la sonnette d’alarme quant à l’évolution inquiétante de la faim et de la malnutrition qui progressent à pas de géant dans le monde, engloutissant des dizaines de milliers de vies humaines par jour. En effet, la dernière édition du rapport "L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde", publié conjointement par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), précise que plus de 800 millions de personnes auraient été touchés par la faim en 2021. Cela représente une augmentation d’environ 46 millions par rapport à 2020 et de 150 millions depuis le début de la crise pandémique du coronavirus. Le monde recule donc dans ses efforts pour éradiquer la faim, et peine visiblement à assurer une sécurité alimentaire équitable.

Par ailleurs, l’essor fulgurant des techniques de manipulation et d’ingénierie génétiques, dans la seconde moitié du XXe siècle, a ouvert grand la porte à l’émergence des organismes génétiquement modifiés (OGM) qui font l’objet de débats animés, souvent fiévreux, au cours des dernières décennies. Il est, toutefois, évident que le monde n’aura pas le luxe d’éviter les technologies agricoles issues du génie génétique mais devra inévitablement œuvrer au développement de ces nouvelles stratégies d’innovation scientifiques, afin d’augmenter la production alimentaire et continuer ainsi de nourrir l’humanité. Se soucier uniquement des défis des pays développés au détriment de ceux des pays en développement et du tiers-monde coûtera inéluctablement cher à la communauté internationale. Cette réalité risque d’avoir un impact largement plus négatif que de simples craintes d’incertitudes concernant certaines (bio)technologies. Une étude prédictive, menée par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, a souligné que, d’ici 2050, il faudra 70% d’approvisionnement alimentaire supplémentaire par rapport à ce qui est produit actuellement, et ce, en vue de nourrir un nombre de plus en plus grandissant d’êtres.

Les OGM pourraient-ils constituer la solution miracle pour résoudre ce problème d’insécurité alimentaire? Sir Richard Roberts, lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine de 1993, répond à cette question, parmi tant d’autres, dans un entretien accordé en exclusivité à Ici Beyrouth, en marge de la cérémonie d’accréditation par l’AACSB de la Faculté de gestion et d’économie de l’Université Notre-Dame (NDU).