Les forces russes ont continué à se déployer autour des métropoles ou intensifié leurs bombardements, au treizième jour de leur offensive, ont assuré des responsables ukrainiens. Le Pentagone a fait état d’une nouvelle colonne russe avançant vers Kiev par le nord-est, tandis que la principale, en provenance du nord, se trouve à l’arrêt depuis plusieurs jours. Les renseignements américains ainsi que ceux collectés par l’armée ukrainienne montrent que les Russes concentrent leurs forces pour faire tomber la capitale Kiev. Leur offensive les obligera à avoir recours à des combats de rue, au risque d’un enlisement dans un terrain acquis et maîtrisé par la résistance ukrainienne. Les informations faisant état d’un appel à des mercenaires syriens aguerris par la guérilla urbaine ne peuvent que renforcer cette thèse. La guerre urbaine est catastrophique pour la population civile qui se trouvera piégée au cœur de la bataille.
Sur le terrain, trois adultes ont été tués lundi soir et trois enfants ont été blessés dans l’explosion d’une mine antipersonnel dans la région de Tchernihiv, au nord de Kiev, a déclaré Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien. D’intenses combats ont eu lieu à Izioum, également dans l’est, mais les troupes russes ont battu en retraite, a assuré l’état-major ukrainien. L’hôpital central y est totalement détruit, a annoncé la mairie.Le ministère ukrainien de la Défense a par ailleurs affirmé qu’un général russe, Vitali Guerassimov, avait été tué près de Kharkiv, une information qui n’a pas été confirmée à Moscou et était invérifiable dans l’immédiat de source indépendante.Selon le Pentagone, " 2.000 à 4.000 " soldats russes ont été tués en Ukraine depuis le début de l’offensive. Le 2 mars, la Russie avait fait état de 497 morts dans ses rangs, mais elle n’a donné aucun nouveau bilan de ses pertes.

Le porte-parole de l’armée russe, Igor Konachenkov, a annoncé de son côté que l’aérodrome militaire au sud de Jytomyr, à 150 km à l’ouest de Kiev, avait été mis hors service.

" Nous nous battrons jusqu’au bout ", a lancé mardi devant le parlement britannique le président ukrainien Volodymyr Zelensky. " Poutine aura beau poursuivre coûte que coûte son avancée à un prix effroyable, il est clair que l’Ukraine ne sera jamais synonyme de victoire " pour lui, a jugé de son côté Joe Biden. " Poutine peut éventuellement s’emparer d’une ville, mais jamais il ne pourra tenir le pays. "

Dans un entretien avec la chaîne américaine de télévision ABC, M. Zelensky a par ailleurs déclaré ne plus insister sur une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, une des questions invoquées par Moscou pour justifier l’invasion. M. Zelensky s’est aussi dit prêt à un " compromis " sur le statut des territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine dont Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l’indépendance.

Une nouvelle colonne russe vers Kiev

Les Etats-Unis ont fait état mardi d’une nouvelle ligne russe avançant vers Kiev depuis le nord-est de la capitale ukrainienne, alors que la colonne principale des forces de Moscou venant du nord se trouve à l’arrêt depuis plusieurs jours. " Je voulais attirer votre attention sur le fait qu’ils (les Russes, ndlr) commencent à tenter d’avancer vers Kiev depuis le nord-est ", a dit un haut responsable du ministère américain de la Défense à des journalistes. " Nous estimons qu’ils sont à environ 60 km de la ville ", a-t-il précisé, sans être en mesure de dire combien de véhicules étaient concernés.

Selon ce responsable du Pentagone, les Russes " sont frustrés en provenance du nord ", d’où leur avancée vers Kiev n’a pas fait de grand progrès depuis plusieurs jours en raison de la résistance ukrainienne et de problèmes logistiques et d’approvisionnement. Il a évoqué la principale colonne russe de centaines de véhicules qui " n’a pas pu se rapprocher davantage que l’aéroport Gostomel ", à une vingtaine de kilomètres de Kiev, ainsi qu’une autre ligne qui est " bloquée à Tchernihiv ", à 150 km de la capitale.

Cette troisième colonne depuis le nord-est de la ville fait partie de " l’effort " de Moscou pour " encercler Kiev et la forcer à capituler ", a estimé ce responsable. " Comme ils n’ont pas fait les progrès géographiques que nous pensons qu’ils s’attendaient à faire, ils ont augmenté les bombardements de la ville par un mélange de missiles, roquettes, tirs d’artillerie et frappes aériennes ", a-t-il ajouté, avec comme résultat de plus en plus de civils touchés. " Ils renforcent la pression sur Kiev ", " nous pensons toujours que c’est l’un de leurs principaux objectifs ", a insisté le responsable américain. Il a par ailleurs fait état d’informations sur des " combats de rue " à l’intérieur de Kiev, qui demeurent " isolés ". " Nous estimons qu’il s’agit en grande partie d’éléments de reconnaissance ", dont l’objectif serait de " semer la peur et la confusion, et de tenter de préparer le terrain pour la suite ", a-t-il dit.

Armes biologiques
Les Etats-Unis ont dit mardi redouter que les forces russes puissent " prendre le contrôle " des structures de " recherche biologique " en Ukraine et s’emparer de matériaux sensibles. " L’Ukraine dispose d’installation de recherche biologique, et nous sommes de fait à présent assez inquiets par la possibilité que les forces russes tentent d’en prendre le contrôle ", a déclaré la numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, lors d’une audition parlementaire. " Donc nous travaillons avec les Ukrainiens sur les manières d’éviter que ces matériaux liés à la recherche puissent tomber aux mains des forces russes si elles devaient s’en approcher ", a-t-elle ajouté.Un sénateur républicain, Marco Rubio, a souligné que la " propagande russe " avait fait état d’un prétendu " plan " ukrainien visant à utiliser " des armes biologiques dans le pays avec la coordination de l’Otan ". " S’il y avait un incident ou une attaque impliquant une arme biologique ou chimique en Ukraine, cela serait-il clair à 100% pour vous que ce seraient les Russes qui en seraient les auteurs? ", a demandé cet élu à la responsable américaine. " Cela ne fait aucun doute dans mon esprit ", " et c’est une technique russe classique que d’accuser les autres de ce qu’ils envisagent de faire eux-mêmes ", a répondu Victoria Nuland.Avec AFP

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