Cette femme quitte en catastrophe une zone résidentielle après les bombardements dans la ville ukrainienne d’Odessa. (AFP)

 

Une femme avec un panier de Pâque orthodoxe prie à l’église de la Sainte Résurrection à Sloviansk, dans l’est de l’Ukraine. (AFP)

 

 

 

 

 

Une femme passe devant une immense affiche représentant un soldat russe et une lettre Z – un signe tactique des troupes russes en Ukraine, à Sébastopol, en Crimée. Le " Z ", devenu symbole de soutien à la Russie, est largement utilisé par les autorités russes et les partisans du président Poutine, décorant les façades des bâtiments, les portes des bus, les pare-brise des voitures et les tee-shirts. (AFP)

 

" Seule la culture peut arrêter la guerre "

Un couple nouvellement marié jette des livres sur un char militaire recouvert de livres peints en blanc dans le cadre d’une installation artistique interactive de Lorenzo et Simona Perrrone, créateurs de LibriBianchi, intitulée " Seule la culture peut arrêter la guerre " sur la Piazza Reale de Milan. Un clin d’œil à la guerre qui fait rage en Ukraine. (AFP)

 

 

 

Dans les décombres à Borodianka…

 

Un sapeur-pompier ukrainien pose devant un d’une cinquantaine de véhicules offerts par ses collègues français pour combler le manque de l’Ukraine en matériel de lutte contre les incendies

 

Des enfants rescapés des zones de combat à l’Est savourent la joie d’être dans un train qui les emmènera vers des régions plus calmes.

 

Les joueuses de l’équipe nationale féminine ukrainienne de handball participent à une séance d’entraînement au Havre, en France, où elle affrontera l’équipe française dans le but de se qualifier pour l’Euro-2022

 

 

Les survivants de Marioupol

Ils sont 79 jeudi à avoir atteint Zaporijjia, ville du sud-est de l’Ukraine encore sous le contrôle de Kiev. Soixante-dix-neuf évacués de Marioupol, ville-martyre pilonnée par les bombes russes. Presque autant de visages éteints après bientôt deux mois de siège.Descendus de trois cars scolaires jaunes, les passagers, dont de nombreuses femmes, prennent le temps de raconter leur périple et l’enfer qu’ils laissent derrière eux, au le principal centre d’accueil de Zaporijjia – une grande tente blanche plantée sur le parking d’un hypermarché.Telle Anastasia (nom d’emprunt), dont le regard fixe témoigne des traumatismes. " Cette évacuation était un show ", lance cette femme de 19 ans, qui décrit les nombreuses caméras russes qui ont fimé les partants. " On nous a donné quelques soins, mais c’était juste pour les médias ".La rumeur d’une potentielle sortie de Marioupol s’était propagée mercredi vers 10H00, dit-elle, alors que l’ouverture de couloirs humanitaires est annoncée depuis des jours sans être suivie d’effets. "De nombreuses personnes vivant dans les territoires occupés par les Russes veulent partir, mais il les en empêchent ", proteste la vice-Première ministre ukrainienne Irina Verechtchouk, présente à Zaporijjia.Sur des dizaines de cars attendus, seuls trois sont arrivés, s’indigne-t-elle: " Rien n’a fonctionné. (…) Il n’y avait pas de couloir +vert+ ".A Marioupol, le rendez-vous était prévu à 14H00.

 

En s’y rendant, Anastasia se souvient avoir entendu " un tank russe frapper un immeuble ". Elle affirme avoir vu " de nombreux snipers " russes sur les toits.

Après presque deux mois de bombardements ininterrompus, peu de candidats à l’exil se sont pourtant manifestés. Soixante-dix-neuf au total, selon Mme Verechtchouk, quand environ 100.000 personnes vivraient encore dans la cité portuaire.

" Les gens ne savaient pas si la rumeur était vraie ", explique Anastasia.

" Devant les journalistes russes, on nous a demandé qui voulait aller en Russie ", indique une autre passagère, une vieille dame coiffée d’un bonnet beige. " Personne n’a levé la main. Qu’ils crèvent ! "

Un bus, sur les quatre présents à Marioupol, est pourtant parti vers la Russie, affirme Anastasia, sans plus d’indication sur le nombre de personnes qui sont montées à bord.

Pour les 79 arrivés jeudi à Zaporijjia, avait alors démarré un périple de plus de 24 heures, quand trois sont normalement nécessaires pour parcourir les 225 kilomètres entre les deux villes.

" Nous connaissions le chemin mais nous ne reconnaissions aucun lieu. Nous ne savions pas si allions arriver en Ukraine. A un moment, nous avons pensé qu’ils nous amenaient en Russie ", se souvient Anastasia. A l’intérieur des cars, " les gens étaient désespérés ".

L’angoisse prend définitivement fin à Zaporijjia. Certains fondent en larmes. Valentina Grintchouk, petit bout de femme de 73 ans chaussée de pantoufles et au manteau noir troué, se met quant à elle à étreindre et embrasser tous ceux qu’elle rencontre.

 

" Dès le premier jour (du siège de Marioupol, NDLR), nous étions au sous-sol (…) Il faisait froid. Nous priions Dieu. Je lui demandais de nous protéger ", raconte-t-elle, ajoutant que de jeunes militaires russes " pas agressifs " l’avaient régulièrement ravitaillée en eau et nourriture.Son appartement et la maison de son fils sont aujourd’hui détruits, poursuit-elle. S’approchant d’une journaliste souhaitant l’interviewer, elle lui prend le poignet et l’étreint doucement.Natalia Koval, 46 ans, raconte de son côté les premiers mots d’un " ange ", un jeune enfant " blond et bouclé " de son immeuble, qui a dit ses premiers mots pendant les deux mois d’enfermement. "Je ne veux plus jamais entendre de bombardement ", lance Tatiana Dorach, 34 ans, qui, accompagnée de son fils de six ans, n’aspire qu’à une nuit calme et " un lit où dormir ".Anastasia, elle, est enceinte, après avoir perdu un enfant en novembre dernier. Elle n’a pas vu son mari, soldat, depuis le 14 mars. Et n’a pu le joindre depuis. Des semaines passées ensuite, alors que les soldats russes ont été accusés d’atrocités, elle ne dit rien ou presque.Ses yeux semblent fixer l’horreur. Elle lâche tout juste, parlant de son époux : " J’espère qu’il est en vie. "AFP

 

Vers une nouvelle vie en France

 

A Lviv, l’enchaînement continu des funérailles

 

 

La vie reprend timidement autour de Kiev

 

 

 

 

 

 

 

Tanya et Anastasia, miraculées du front Sud

Tanya Los faisait tranquillement la vaisselle dimanche, sa fille Anastasia à ses côtés, quand une roquette russe plus grande qu’elle s’est écrasée dans sa cuisine. Toutes deux sont pourtant indemnes, " un miracle " selon la mère, alors que les combats s’intensifient sur le front Sud de l’Ukraine.Mala Tokmatchka, où l’incident s’est produit, illustre la recrudescence des bombardements. Depuis plusieurs semaines, les roquettes pleuvent sur ce village situé à 70 km de Zaporojjia, la grande ville de la région: l’une des écoles est éventrée, tout comme l’immeuble où les professeurs sont logés, et un trou orne la façade du centre culturel.Parmi de nombreux autres bâtiments détruits, plusieurs maisons ont fait les frais des assauts aériens russes dimanche, selon Iouri, simple habitant devenu cadre de la défense territoriale locale.L’une d’entre elles, dont seuls les murs paraissent encore tenir debout, semble être devenue le royaume des chats. Une demi-douzaine de matous se prélassent dans sa cour, abandonnée par les propriétaires des lieux.La demeure des Los a eu beaucoup plus de chance. Un coin de la cuisine, isolé du corps principal de la maison, a été transpercé par une roquette. Une bâche en plastique recouvre désormais deux pans de mur de la pièce, dont le sol a été meurtri.
" Sans le frigo, ma fille aurait été tuée ", s’émeut Tanya, 59 ans, petit bout de femme humble aux épaules rentrées. " L’icône nous a protégées ", poursuit-elle, alors qu’un calendrier religieux trône encore au mur. Anastasia, 24 ans, trop choquée selon elle, refuse elle de parler à l’équipe de l’AFP.Les résidus de la roquette, entreposés derrière la cuisine, permettent de comprendre sa peur. Le tube argenté long d’au moins deux mètres, coupé en deux et dont l’ogive et les ailettes arrière se sont détachées, n’aurait a priori dû laisser aucune chance aux deux femmes. "C’est un miracle ", assure Tanya Los.D’après le numéro de série figurant sur les débris, l’AFP, grâce aux archives en ligne de l’Etablissement norvégien de recherche sur la défense (FFI), a pu relier l’engin au BM-27 Uragan, un modèle de lance-roquettes conçu à l’époque soviétique.Celle ayant frappé les Los aurait dispersé ses sous-munitions en vol avant de s’écraser dans la petite maison de briques. "Maintenant, chaque fois que nous entendons des bruits de bombardement, nous courons à la cave ", affirme la mère, tout en réclamant des tranquillisants: " Le problème, c’est que depuis deux jours, ça ne s’arrête jamais. De jour comme de nuit ".
Une fusée censée avoir été lancée à partir d’un lanceur BM-27 Uragan de l’ère soviétique sur la base des numéros de série vus sur l’épave par l’AFP, et qui a atterri le 17 avril, est vue à côté de la maison de la famille Los dans le village de Mala Tomachka
Pendant l’heure et demie où l’AFP était présente à Mala Tokmatchka, le grondement sourd des armes lourdes n’a jamais cessé: souvent proche, à l’initiative de l’armée ukrainienne, parfois plus lointain, émis par le camp russe.Même chose à Orikhiv, bourgade située à une dizaine de kilomètres de là. "Depuis deux ou trois jours, les bombardements sont plus intenses ", estime Dmytro Malyovanyk, le chef adjoint d’une unité des pompiers de la ville, dont les hommes sont intervenus mardi après qu’un supermarché et un cabinet médical ont été endommagés par des projectiles russes. "Il y a une semaine encore, nous pouvions entendre quelques bruits de la guerre, mais ils venaient de loin ", témoigne Ira Pelechko, la tenancière d’un bar-épicerie plongé dans la quasi-obscurité la plupart de la journée du fait des coupures d’électricité. "Maintenant, quand ça vient du côté russe, les maisons tremblent et c’est beaucoup plus fréquent ", confirme Vitaly Dovbnia, l’un de ses clients qui, anticipant un départ précipité, dit avoir une valise déjà prête dans le coffre de sa voiture.

 

Alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé lundi soir le début de l’offensive russe contre l’Est de l’Ukraine, celle-ci semble avoir démarré un peu plus tôt sur le front Sud, dont Mala Tokmatchka et Orikhiv ne sont distantes que de quelques dizaines de kilomètres.

Artur Kharlamov, rencontré mardi à Orikhiv après qu’il eut fui le matin même Melitopol, ville du sud sous contrôle russe, affirme avoir aperçu les troupes de Moscou creuser des tranchées à trois endroits différents sur le chemin… Quand de fraîches tranchées sont également visibles côté ukrainien.Perdus dans la zone grise entre les deux camps, les Los sont pourtant coincés à Mala Tokmatchka, seules ou presque dans leur village chaque jour un peu plus détruit, et vidé de ses habitants. Trop pauvres. Sans perspectives.Deux vaches constituent leur seule richesse, explique Tanya. L’une d’entre elles va vêler. " Je ne peux pas la laisser ", soupire-t-elle doucement, sous le grondement des armes lourdes, alors que le pire s’annonce.AFP

 

 

 

 

 

 

Dans un parc de Lviv, la Pologne a construit un village de maisons en préfabriqué pour les déplacés

Dans un parc de Lviv, Viktoria promène en poussette sa petite-fille de quatre mois entre deux rangées de maisons en préfabriqué: les nouvelles demeures de ceux qui ont fui l’invasion russe.Cette femme de 39 ans, gérante d’une crèche, est arrivée avec sa fille et sa petite-fille le mois dernier dans l’ouest de l’Ukraine pour échapper aux bombardements dans leur région de Lougansk, dans l’Est.À l’écart de l’une des principales allées du parc, elles ont emménagé lundi dans un village fait de maisons rectangulaires, après trois semaines passées dans une école. "Les conditions de vie y étaient bonnes mais 18 personnes dormaient à même le sol dans la même pièce que nous ", explique Viktoria. "Ici, nous pouvons être juste entre nous, avec de vrais lits et bien au chaud ", se réjouit-elle en évoquant leur nouvelle demeure, construite grâce au financement de la Pologne voisine.L’invasion russe a fait des milliers de morts et forcé des millions de personnes à quitter leur foyer à travers le pays.Parmi elles, plus de 200.000 ont trouvé refuge à Lviv, la grande ville de l’ouest de l’Ukraine qui comptait 700.000 habitants avant la guerre. Une ville encore relativement épargnée par les combats, malgré une frappe de missile meurtrière lundi.
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki (gauche) et le ministre ukrainien du Développement des communautés et des territoires Alexey Chernyshov visitent le nouveau village qui pourrait accueillir jusqu’à 350 déplacés, dans la ville de Lviv. (AFP)

 

Mardi, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a fait une visite éclair sur l’emplacement du nouveau village pour déplacés, se félicitant qu’il puisse accueillir jusqu’à 350 personnes. "Il y a aura plus de villages comme celui-ci. Rien qu’à Lviv, ils pourront accueillir 5.000 personnes ", a promis Mateusz Morawiecki devant les journalistes, principalement polonais, et quelques jardiniers.M. Morawiecki, dont le pays accueille 2,8 des près de cinq millions d’Ukrainiens ayant fui à l’étranger depuis le début de la guerre, a ajouté qu’un programme de construction similaire était en préparation dans les villes proches de Kiev dont s’est retirée l’armée russe fin mars.Peu après le départ du Premier ministre polonais, Dmitry, 12 ans, est arrivé avec plusieurs membres de sa famille et quelques bagages pour emménager. "J’aime bien ", lance le garçon originaire de Kramatorsk, dans l’est du pays. La porte, entrouverte, laisse apparaître deux lits superposés.Son oncle Oleksandre, ouvrier d’usine, explique que la famille a tout laissé derrière elle mi-mars: " On espère que la guerre finira bientôt et que nous pourrons retourner chez nous et au travail ".Dans la cour, une autre famille, visiblement à la recherche elle aussi d’une pièce pour eux seuls, est arrivée d’un bâtiment transformé en abri non loin de là.Plus loin, devant une fontaine transformée en café à ciel ouvert, près de 400 personnes dorment dans un centre sportif.Dans l’une de ses pièces bien chauffée, une série de lits est disposée sur un terrain de basket. Des vêtements propres sèchent sur une échelle de gymnastique en bois, installée sous un panier.Olena, 75 ans, raconte avoir fui Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine constamment bombardée par l’artillerie russe, où son appartement récemment meublé a été détruit. "Je suis bien ici, je me suis fait de nouveaux amis. Nous sommes une grande famille ", dit-elle, habillée avec un cardigan et un chapeau en laine verts.Il y a quelques jours, elle a pris le trolleybus avec un de ces nouveaux amis, lui aussi de Kharkiv, pour aller écouter la messe, mais elle espère quand même finir par revenir à Kharkiv.

 

Dehors, dans l’atmosphère printanière, les habitants de Lviv ont aussi repris le chemin du parc.Volodymyr, 53 ans remonte le chemin aux côtés de son petit-fils Loukian, un tricycle en plastique dans les mains. "Nous venons ici tous les jours. J’aime les écureuils et il aime les pigeons ", explique-t-il, montrant deux noix rondes dans l’une de ses poches.Pour lui, le fait que le parc soit resté le même malgré la guerre est une petite bénédiction. " Quelques vieux arbres ont été coupés, mais les écureuils s’y promènent encore ".AFP

 

 

 

 

 

 

 

Un convoi de véhicules de lutte contre les incendies et de matériel de secours, don de la France à l’Ukraine, arrive au hub humanitaire de Suceava en Roumanie, près de la frontière ukraino-roumaine, le 18 avril 2022. Après un voyage de 2 500 km à travers cinq pays, ce convoi de 40 véhicules chargés de 50 tonnes de matériel de secours sont arrivés à la frontière entre la Roumanie et l’Ukraine où ce matériel sera remis aux secouristes ukrainiens. Une centaine de sapeurs-pompiers ont transporté 12 véhicules de pompiers et 12 véhicules de secours personnels. Près de 50 tonnes de matériel, parmi lesquels des outils de localisation des victimes dans les décombres, des coussins de levage ou encore du matériel de lutte contre les feux de carburant, seront remis à la sécurité civile ukrainienne. Il s’agit du deuxième convoi, après celui parti en mars, de la Sécurité civile en coordination avec le centre de gestion de crise du ministère de l’Intérieur (CDCS), en lien avec leurs homologues européens et ukrainiens. " Les équipements permettront de reconstituer les stocks des services de sécurité civile ukrainiens dans les régions bombardées par les Russes ", a déclaré à l’AFP le directeur adjoint du CDCS, Alexis Le Cour Grandmaison. Au total, " 29 pompiers ukrainiens sont morts dans l’incendie, des dizaines de casernes (ont été) complètement ou partiellement détruites ainsi que 300 véhicules détruits ou endommagés par l’armée russe ", a-t-il précisé. (AFP)

 

 

 

 

 

 

 

 

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