" Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures ", a affirmé un officier ukrainien assiégé à Marioupol en appelant la communauté internationale à procéder à leur " extraction ", dans un message publié sur Facebook mercredi." L’ennemi est dix fois plus nombreux que nous ", a déclaré Serguiy Volyna, un commandant de la 36e brigade de la marine nationale, retranchée dans le vaste complexe sidérurgique d’Azovstal à Marioupol (sud-est de l’Ukraine), assiégé par les forces russes." Nous appelons et supplions tous les dirigeants du monde de nous aider. Nous leur demandons d’utiliser la procédure d’extraction et de nous emmener sur le territoire d’un pays tiers ", a-t-il ajouté.Selon le commandant Volyna, l’armée russe a " l’avantage dans les airs, en artillerie, en forces terrestres, en équipement et en chars ".

" Nous défendons seulement un point -l’usine Azovstal- où en plus des militaires se trouvent aussi des civils devenus victimes de cette guerre ", a-t-il poursuivi.

Une dame dans une avenue de Kiev parsemée de barrières antichars
Les Etats-Unis et quatre autres pays occidentaux ont prévenu mercredi que leurs services de renseignement disposaient d’informations selon lesquelles la Russie s’apprêtait à lancer des cyberattaques massives contre les alliés de l’Ukraine.Les pays formant l’alliance dite des " Five Eyes " –Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie, Canada et Nouvelle-Zélande– ont précisé que Moscou pourrait faire appel à ces groupes cybercriminels pour lancer des attaques contre des Etats, des institutions et des entreprises. "Des renseignements croissants indiquent que l’Etat russe étudie les options pour de potentielles cyberattaques ", ont-ils indiqué dans un communiqué commun. "L’invasion russe de l’Ukraine pourrait exposer des organisations aussi bien dans la région que dans le reste du monde à une cyberactivité malveillante ", indique le communiqué. " Cette activité pourrait répondre au coût économique sans précédent imposé à la Russie, et au soutien matériel apporté (à l’Ukraine) par les Etats-Unis, leurs alliés et leurs partenaires ".

L’alliance des " Five Eyes " souligne que " certains cybercriminels ont récemment prêté publiquement allégeance au gouvernement russe ".

" Certains groupes ont menacé de mener des cyberattaques contre les pays et les organisations qui soutiennent matériellement l’Ukraine ", précise le communiqué.

Washington prévient depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février que Moscou risque d’utiliser l’arme des cyberattaques contre Kiev et ses alliés occidentaux, ce qui ne s’est pas encore produit.

Le communiqué des alliés occidentaux identifie une douzaine de groupes de hackers susceptibles de mener ces attaques, certains liés aux services de renseignement ou à l’armée russes, d’autres privés.

Une bannière avec un message en anglais indiquant " Fermez le ciel au-dessus de l’Ukraine " est vue au-dessus de la route à Dnipro, en Ukraine
Kiev appelle à des négociations sur Marioupol
Sur un autre plan, l’Ukraine a appelé mercredi à la tenue de négociations avec la Russie sur le sort de la ville assiégée de Marioupol, alors que Moscou faisait une démonstration de force en testant un nouveau missile intercontinental pouvant emporter des charges nucléaires.
Mykhaïlo Podolyak, conseiller de la présidence ukrainienne et un des négociateurs avec la Russie, a proposé à la Russie une " session spéciale de négociations " à Marioupol, la ville portuaire sur la mer d’Azov assiégée, " pour sauver nos gars, (le bataillon) Azov, les soldats, les civils, les enfants, les vivants et les blessés. Tout le monde ", a-t-il écrit sur son compte Twitter.La situation à Marioupol, dont la chute semble imminente, est terrible pour ses défenseurs et civils.Le ministère ukrainien de la Défense a souligné que l’armée russe " concentrait l’essentiel de ses efforts sur la prise de Marioupol et poursuivait ses tentatives d’assaut près de l’aciérie Azovstal ", dernier îlot de résistance de ce port situé sur la mer d’Azov, à l’extrémité sud du Donbass.Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du bataillon Azov, une des deux formations ukrainiennes qui résistent encore à Marioupol, a souligné dans un message sur Telegram que la situation était " critique " dans l’usine pilonnée par l’aviation russe avec " des bombes superpuissantes ".

 

 

Le couloir humanitaire, qui avait en principe été négocié pour permettre mercredi l’évacuation des civils de Marioupol, " n’a pas fonctionné ", a déclaré dans la soirée la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk, en accusant les Russes d’avoir violé le cessez-le-feu et bloqué les cars.A Moscou Mikhaïl Mizintsev, un haut responsable du ministère russe de la Défense, a pour sa part accusé " les autorités de Kiev d’avoir cyniquement sabordé cette opération humanitaire ", assurant que " personne n’a utilisé le couloir indiqué ".

Le président du Conseil européen à Kiev

En visite à Kiev où il a rencontré le président Volodymyr Zelensky, le président du Conseil européen Charles Michel a assuré que l’UE fera " tout son possible pour vous soutenir et pour faire en sorte que l’Ukraine gagne la guerre ".

Il a notamment promis que des sanctions cibleraient bientôt les exportations russes de pétrole et de gaz, comme le réclame M. Zelensky. Le président russe Vladimir Poutine " ne réussira ni à détruire la souveraineté de l’Ukraine, ni à diviser l’Union européenne ", a ajouté M. Michel.

Volodymyr Zelensky, a pour sa part évoqué la situation tragique à Marioupol, où les derniers militaires ukrainiens retranchés l’usine Azovstal, ont avec eux " des centaines de blessés " et " environ un millier de civils, femmes et enfants ", qu’ils " protègent au prix de leur vie ".

La Russie, qui a lancé plusieurs ultimatums aux défenseurs de Marioupol, est déterminée à prendre ce port qui lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, qu’elle a annexée en 2014, et les républiques séparatistes du Donbass.

Un homme dans son appartement détruit dans un immeuble résidentiel à la périphérie de Kharkiv. Plus de cinq millions d’Ukrainiens ont maintenant fui leur pays suite à l’invasion russe, selon les Nations Unies. (AFP)
Les combats s’intensifient dans le Donbass

Au-delà de Marioupol, les combats semblaient s’intensifier tant dans l’est que dans le sud de l’Ukraine.

Le ministère ukrainien de la Défense a fait état mercredi matin de " tentatives d’assaut " sur les localités de Soulyguivka et Dibrivné, dans la région de Kharkiv, ainsi que sur Roubijné et Severodonetsk, dans la région de Lougansk.

" La situation se complique d’heure en heure ", a écrit sur Telegram le gouverneur de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, renouvelant ses appels aux civils à évacuer. " Mettez-vous en sécurité (…). Partez! ", a-t-il écrit.A Kramatorsk, grande ville de la région de Donetsk, des habitants interrogés par l’AFP s’attendaient au pire. " Ca va être le merdier ", prédit Alexandre, 53 ans.Les bombardements s’intensifiaient aussi dans le sud, notamment sur les villages de Mala Tokmatchka et d’Orikhiv, à 70 km au sud-est de Zaporijjia, a constaté un journaliste de l’AFP.Alors que la guerre semblait encore lointaine la semaine dernière, désormais avec les frappes russes " les maisons tremblent et c’est beaucoup plus fréquent ", a dit Vitaly Dovbnia, précisant avoir une valise prête dans le coffre de sa voiture.

Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté sa présence militaire dans l’est et le sud de l’Ukraine.

 

 

Nouvelles armes pour l’Ukraine

" Cette nouvelle phase " de la guerre, comme l’a qualifiée mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, s’annonce acharnée. D’autant que l’Ukraine reçoit désormais des armes lourdes que les Occidentaux hésitaient à lui fournir auparavant.

Après la livraison de pièces d’artillerie annoncée la semaine dernière par le président américain Joe Biden, les Ukrainiens ont désormais " à leur disposition plus d’avions de chasse qu’il y a deux semaines ", a déclaré mardi le porte-parole du Pentagone John Kirby.

Il a cependant précisé mercredi que contrairement à ce qu’il avait laissé entendre la veille, l’Ukraine avait reçu des pièces détachées permettant de remettre en état ses propres avions, et non de nouveaux avions.

" J’avais compris que l’offre d’un autre pays de la région de fournir des avions entiers à l’Ukraine … avait été mise en œuvre. Ce n’est pas le cas ", a déclaré le porte-parole à la presse.

La Pologne avait précédemment déclaré mettre à disposition des Mig-29 soviétiques dont les pilotes ukrainiens sont familiers, mais sa proposition avait officiellement été écartée par les Etats-Unis de crainte d’une escalade.

Washington s’apprête aussi à approuver un nouveau paquet d’aide militaire s’élevant à 800 millions de dollars, moins d’une semaine après une annonce d’une tranche du même montant, selon plusieurs médias américains.

Construit depuis la fin des années 1980 par le groupe de défense Matra, fusionné depuis au sein du géant européen MBDA, le Mistral est un missile sol-air de très courte portée. (Commons)

 

Par ailleurs, la Norvège a donné une centaine de missiles antiaériens de conception française à l’Ukraine en guerre contre la Russie, a annoncé mercredi le gouvernement norvégien.Le don, déjà réalisé, porte sur des lanceurs Mistral avec une centaine de missiles qui étaient jusqu’à présent embarqués sur des navires de la marine norvégienne, a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué.Fin mars, lors d’un discours par visioconférence devant le Parlement norvégien, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait demandé à Oslo des missiles antiaériens, mais d’un type plus moderne, le NASAMS, produit par le norvégien Kongsberg Defense & Aerospace.De son côté, et après de longues hésitations, Israël a indiqué mercredi qu’il acceptait, pour la première fois, d’envoyer des équipements de protection (des casques et des gilets pare-balles), à l’armée ukrainienne.

D’un poids dépassant 200 tonnes, le Sarmat est censé être plus performant que son prédécesseur – le missile Voïevoda d’une portée de 11.000 km.

 

La Russie teste un nouveau le nouveau missile " Sarmat "

En retour, le président russe Vladimir Poutine a annoncé mercredi un essai réussi d’un nouveau missile balistique " qui fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer notre pays ".

L’armée russe a annoncé mercredi le premier tir d’essai réussi du missile balistique intercontinental Sarmat, une arme de nouvelle génération de très longue portée que le président Vladimir Poutine a salué comme " sans équivalent ". "C’est véritablement une arme unique qui va renforcer le potentiel militaire de nos forces armées, qui assurera la sécurité de la Russie face aux menaces extérieures et qui fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer notre pays avec une rhétorique déchaînée et agressive ", a déclaré M. Poutine. "Je souligne que seuls des assemblages, des composants et des pièces de fabrication nationale ont été utilisés pour la création du Sarmat ", a-t-il ajouté, lors d’une annonce diffusée à la télévision.Selon M. Poutine, le missile lourd balistique intercontinental de cinquième génération Sarmat est capable de " déjouer tous les systèmes anti-aériens modernes ".

Le Sarmat porte le nom d’un peuple nomade ayant vécu pendant l’Antiquité autour de la mer Noire, entre la Russie et l’Ukraine actuelles.Cette nouvelle arme fait partie d’une série d’autres missiles présentés en 2018 comme " invincibles " par Vladimir Poutine. On y trouve également les missiles hypersoniques Kinjal (" poignard ") et Avangard.En mars, Moscou a affirmé avoir utilisé pour la première fois le Kinjal contre des cibles en Ukraine.

En 2019, M. Poutine avait affirmé que le Sarmat n’avait " pratiquement pas de limites en matière de portée " et qu’il était capable de " viser des cibles en traversant le pôle Nord comme le pôle Sud ".

Le Pentagone a assuré que le tir était un essai de " routine " et ne constituait " pas une menace " pour les Etats-Unis ni leurs alliés.

Moscou a " convenablement informé " Washington de la réalisation de ce test, conformément à ses obligations relevant des traités sur le nucléaire, et il ne s’agissait donc pas d’une " surprise " pour le ministère américain de la Défense, a ajouté son porte-parole John Kirby.

 

 

Guterres demande par lettres à être reçu par Poutine et Zelensky

L’appel mardi du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à une trêve " humanitaire " de quatre jours pour les fêtes orthodoxes de Pâques – renouvelé mercredi par le coordinateur de l’ONU en Ukraine Amin Awad – semblait en revanche avoir peu de chances d’être entendu.

D’autant que les négociations russo-ukrainiennes, censées continuer en ligne depuis la dernière séance physique à Istanbul fin mars, semblent au point mort.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé mercredi que les Ukrainiens " ne cessent de se retirer de ce sur quoi il y avait des ententes ". " La balle est dans leur camp ", après que Moscou leur a remis " un projet de document ", a-t-il ajouté sans préciser le contenu de ce texte.

Antonio Guterres, a en outre envoyé mardi des lettres aux dirigeants russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, leur demandant d’être reçu à Moscou et Kiev, a annoncé mercredi son porte-parole, Stéphane Dujarric.Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, l’ONU est marginalisée dans le conflit, entre autres à cause de la rupture qu’elle a provoqué entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité dont Moscou fait partie avec Washington, Paris, Londres et Pékin. "En cette période de grands périls en termes de conséquences, il souhaite discuter des mesures urgentes pour ramener la paix en Ukraine et de l’avenir du multilatéralisme fondé sur la Charte des Nations Unies et le droit international ", a précisé le porte-parole.Antonio Guterres note " que l’Ukraine et la Fédération de Russie sont des membres fondateurs de l’ONU et ont toujours été de fervents partisans de l’ONU ", a-t-il ajouté.

Avec ses lettres remises aux missions diplomatiques russe et ukrainienne à l’ONU, le secrétaire général reprend l’initiative de relancer le dialogue pour une solution de paix à la guerre qui redouble en Ukraine.

Jusqu’à présent, Antonio Guterres n’a eu que très peu de contacts avec le président ukrainien, avec lequel il n’a eu qu’un échange téléphonique, le 26 février.

Depuis qu’il a affirmé que la Russie violait la Charte de l’ONU en envahissant l’Ukraine, le président russe refuse pour sa part tout contact avec Antonio Guterres, qu’il refuse de prendre au téléphone.

Avec AFP

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