Quadragénaire, Hassan Dekko est originaire du village de Toufayl, enclave libanaise en territoire syrien, marquée par une forte présence du régime syrien, et depuis 2014, du Hezbollah, lequel a poussé ses habitants à l’exil. L’inculpé était dans une situation précaire avant de s’engager dans ces activités illicites, selon une enquête menée par le média Sky News Arabia. 

Le tribunal pénal de Beyrouth, présidé par le juge Sami Sodki, a prononcé jeudi une peine de 7 ans d’emprisonnement avec travaux forcés et paiement d’une amende de 100 millions de livres libanaises contre Hassan Dakko, trafiquant de drogue syro-libanais, surnommé " le roi du Captagon ". Il avait été arrêté le 9 avril 2022 à Ramlet el-Baïda, pour le crime de " fabrication et trafic de Captagon à l’étranger ". Ses complices ont également été condamnés à des travaux forcés de 5 ans avec versement d’amendes.

Le tribunal pénal a également condamné par contumace 25 autres personnes, dont deux frères de l’inculpé, à des travaux forcés à perpétuité, avec déchéance de leurs droits civiques et politiques et gel de leurs avoirs.

C’est la première fois qu’un grand baron de la drogue est condamné dans une affaire de Captagon au Liban, selon l’AFP. " Dekko a été condamné à sept ans de travaux forcés et reconnu coupable d’avoir fabriqué des pilules de Captagon et de les avoir transportées clandestinement à l’étranger ", selon une source judiciaire. Le tribunal de Beyrouth qui a rendu le verdict ne participe pas à la grève nationale des juges qui paralyse le système judiciaire depuis août.

Hassan Dekko, le Hezbollah et Damas

Les renseignements des Forces de sécurité intérieure avaient annoncé, le 9 avril 2022, avoir perquisitionné son domicile dans la localité de Ramlet el-Baïda, et saisi une quantité de comprimés de Captagon enfouie dans des meubles, destinée à l’Arabie saoudite via la Malaisie. Quatre de ses complices avaient échappé à la justice vers la Turquie.

Quadragénaire, Hassan Dekko est originaire du village de Toufayl, enclave libanaise en territoire syrien, marquée par une forte présence du régime syrien, et depuis 2014, du Hezbollah, lequel a poussé ses habitants à l’exil. L’inculpé était dans une situation précaire avant de s’engager dans ces activités illicites, selon une enquête menée par le média Sky News Arabia.

Dans les documents judiciaires, Dekko a nié toute implication dans le trafic de drogue, affirmant qu’il travaillait avec l’armée syrienne. Mais selon des sources de sécurité libanaises citées par l’AFP, certaines des entreprises qu’il possède, notamment une usine de pesticides en Jordanie, une concession automobile en Syrie et une flotte de camions-citernes, sont des couvertures courantes pour les barons de la drogue.

Le tribunal a constaté que Dekko était en contact avec des trafiquants de drogue en Syrie et qu’il avait demandé à l’un des accusés dans la même affaire d’acheter des matériaux utilisés pour produire des pilules de Captagon.

L’homme avait auparavant travaillé avec les services de renseignement de la police libanaise, selon le tribunal, et avait divulgué des informations sur certaines expéditions de Captagon passées en contrebande à l’étranger. Mais l’enquête a montré qu’il avait délibérément omis de les informer sur d’autres expéditions, affirme-t-on dans les mêmes milieux.

Il avait créé une entreprise de construction nommée " Caesar ", devant servir de façade à la fabrication et le trafic de Captagon, sous une protection du Hezbollah, selon l’enquête menée par le média panarabe précité. Il aurait mis la main sur 1.300 hectares de terrain à cette fin, après en avoir détruit les vergers appartenant aux habitants. Le "roi du Captagon" aurait également plusieurs propriétés au Liban et en Syrie, dont des appartements dans la ville de Zahlé (Békaa) et dans le quartier de Ramlet el-Baïda à Beyrouth.