Électricité du Liban promet d’assurer le courant électrique aux centres de décompte de voix à raison de 14 heures par jour, sans discontinuité, si l’état du réseau le permet.

Il y a quelque chose d’inquiétant dans la lettre que le ministère de l’Énergie a envoyée au ministre de l’Intérieur pour lui faire part de la capacité d’Électricité du Liban (EDL) à alimenter les centres de décompte des voix électorales en courant électrique, quatorze heures d’affilée, avec des coupures continues situées dans une fourchette allant de quatre à six heures.

Ce ne sont pas les coupures qui inquiètent parce que logiquement, elles devraient se faire dans la journée. Ce qui ne rassure guère, c’est le ton confiant du ministère de l’Énergie qui contraste avec les promesses hypothétiques d’EDL.

Dans sa lettre à son collègue de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, Walid Fayad fait part de "la capacité d’EDL à alimenter les 26 petits et grands centres de décompte des voix en courant électrique à raison de quatorze heures par jour".

Or le ton du mémorandum d’EDL est bien moins tranché. Cet office autonome affirme en fait qu’il "va faire de son mieux" pour tenir cette promesse et explique très clairement que son engagement à fournir le courant pendant quatorze heures successives dépend en réalité d’une série de facteurs sur lesquels il n’a aucun contrôle.  "En dépit des difficultés techniques et financières auxquelles elle fait face à l’ombre d’une régression aigüe de ses capacités de production électrique, ce qui affecte la stabilité du réseau, EDL va s’efforcer d’assurer le courant aux centres de décompte des voix, conformément au mécanisme qui a fait l’objet de discussions durant les (deux) réunions qui s’étaient tenues (au ministère de l’Intérieur) du 5 mai 2022 au 16 mai 2022", soit au lendemain du scrutin, annonce le communiqué de cet office autonome.

Probablement soucieuse de se décharger de toute responsabilité en cas d’accidents, EDL précise dans le texte: "Nous confirmons cependant ce que nous avions avancé dans notre lettre portant numéro 503 du 13/2/2022, à savoir que le réseau est sujet à de nombreuses coupures générales, à cause de la chute de sa capacité de production (près de 450 mégawatts) qui affecte négativement la sécurité des installations de l’établissement public ainsi que la constance et la stabilité du réseau. EDL a de nombreuses difficultés à les maintenir, en dépit des efforts énormes qu’elle déploie pour assurer un minimum de distribution du courant."

Ceci étant dit, le PDG d’EDL, Kamal Hayek, conclut la lettre adressée aux deux ministres de l’Intérieur et de l’Énergie en leur demandant de prendre les mesures qu’ils jugent adéquates à ce niveau. On sait qu’au début du mois, Bassam Maoulaoui avait annoncé que son département s’efforçait de régler le problème de l’électricité pour le scrutin du 15 mai en ayant recours aux générateurs municipaux. Il avait aussi indiqué qu’EDL (qui ne fournit plus le courant qu’à raison de trois heures par jour dans le meilleur des cas) va augmenter sa production et que pour cela, le budget électoral allait augmenter de 30%. Le 15 mai, EDL va donc fournir, selon M. Maoulaoui, du courant pour 16 millions de dollars, si l’état du réseau également soumis à un pillage et du vandalisme systématique le permet.

Ce que l’on ignore, c’est comment tout cela va être organisé. Qui va s’assurer que les bureaux et les centres de décompte des voix seront en permanence alimentés en courant pour éviter les tentatives de fraude, lors de coupures soudaines, comme cela s’était produit en 1996?