Dans le chapitre consacré au Liban dans son rapport annuel sur la liberté de la presse, l’organisation Reporters sans frontières épingle un environnement propice aux "campagnes d’intimidation menées par le Hezbollah contre des journalistes sur Twitter".

Le Liban a de nouveau dégringolé dans le rapport annuel de l’organisation Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse dans le monde, publié mardi à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Il a perdu 23 places par rapport au précédent classement de RSF, passant de la 107e à la 130e place, sur 180 pays. Cette dégringolade témoigne du climat actuel régnant au pays du Cèdre qui continue de s’enfoncer dans une crise économique sans précédent. Pointant du doigt l’armée électronique du Hezbollah, la milice pro-iranienne, dans ses campagnes d’intimidation menée sur les réseaux sociaux, RSF souligne également la désillusion des "journalistes qui pensaient que la révolution de 2019 mettraient fin à l’hégémonie d’hommes politiques intouchables médiatiquement".

Au niveau de la méthodologie, ce classement se base sur deux sources principales, un questionnaire proposé à des spécialistes et un relevé des exactions à l’encontre des professionnels des médias. Cette année, le Liban obtient un score de 46,58 sur 100, bien inférieur au score de 2021 qui s’élevait à 65,07%. Le pays du Cèdre est ainsi classé dans la catégorie des "situations difficiles" par l’organisation.

"Une vraie liberté d’expression existe au sein des médias libanais, mais en réalité, le secteur est contrôlé par une poignée d’individus directement affiliés à des partis politiques ou appartenant à des dynasties locales", relate l’organisation internationale engagée dans la défense des journalistes. Le communautarisme est également perçu par RSF comme un facteur négatif qui empêche le public libanais de disposer d’informations objectives: "La presse reflète le séparatisme politique et communautaire du pays, y compris la tutelle religieuse des médias. Ainsi, le journalisme est devenu une arme à part entière dans le conflit politique" qui oppose les différents camps au Liban.

Également pointée du doigt, "la militarisation du système judiciaire" joue un rôle de plus en plus néfaste dans l’écosystème médiatique libanais selon RSF. Il s’agit "d’une évolution troublante, les médias et les journalistes étant régulièrement condamnés à payer des amendes ou condamnés à des peines de prison par contumace", selon le rapport.

"L’opinion publique est majoritairement conservatrice et certains sujets sont tabous", selon l’organisation qui ajoute que "la misogynie et le racisme sont courants, et les femmes journalistes sont souvent la cible de campagnes de diffamation".

Enfin, le contexte socioéconomique entrave également le travail des journalistes sur le terrain, de même que l’explosion du 4 août 2020 qui a pulvérisé une partie de la capitale, selon le document. RSF rappelle dans ce cadre que les pénuries de carburant et les pannes d’électricité "empêchent" les reporters "de se rendre sur le terrain" et qu’un "grand nombre de journalistes et de rédactions basés dans la capitale et qui avaient été touchés par l’explosion dépendent de l’aide internationale pour se remettre et faire face à la crise".