Parce que envoyés en Ukraine, les stocks d’armements des Occidentaux fondent. Pour inverser la tendance tout en continuant à fournir Kiev, les États-Unis, principal fournisseur, et l’Union européenne, vont se réunir le 28 septembre à Bruxelles pour discuter de la meilleure manière de mobiliser leurs industries.

Les Occidentaux, qui ont puisé depuis six mois dans leurs arsenaux pour aider l’Ukraine à repousser les forces russes, mobilisent désormais leurs industries de défense pour renflouer leurs stocks d’armement et continuer à soutenir Kiev.

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a annoncé cette semaine la tenue prochaine d’une réunion spéciale des directeurs de l’armement du groupe de contact pour la défense de l’Ukraine qui compte près de 50 pays.

Réunion fin septembre

" Ils discuteront de la façon dont nos industries de défense peuvent équiper au mieux les futures forces armées de l’Ukraine ", a-t-il indiqué à la presse à l’issue de la cinquième réunion du groupe de contact qui s’est tenue sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne.

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Pour aider l’Ukraine, les Occidentaux piochent copieusement dans leurs stocks (AFP)

 

Vendredi, le directeur de l’armement du Pentagone, Bill LaPlante, a précisé que cette réunion, la première du genre, aurait lieu le 28 septembre à Bruxelles.

L’objectif est de " voir comment nous pouvons continuer à coopérer pour accélérer la production de capacités clés, résoudre des problèmes de la chaine d’approvisionnement, et accroître l’interopérabilité et l’interchangeabilité de nos systèmes ", a-t-il précisé au cours d’une conférence de presse à Washington.

Les pays de l’Otan n’ont pas tous les mêmes armements, mais ils sont tous compatibles: les munitions fabriquées dans un pays peuvent armer un système fabriqué par un autre pays.

Baisse des stocks

Le conflit ukrainien, où l’artillerie se révèle décisive, consomme une quantité impressionnante de projectiles divers, et les pays occidentaux ont donné des armes aux normes de l’Otan aux forces ukrainiennes, plus précises que les munitions de fabrication russe dont elles étaient jusqu’ici équipées.

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Les États-Unis fournissent à l’Ukraine un grand nombre d’obusiers et obus (AFP)

 

Mais ces dons ont amenuisé les arsenaux des pays européens, et l’UE a annoncé en juillet un financement européen de 500 millions d’euros sur deux ans pour faciliter des achats communs d’armements.

La priorité sera donnée à l’achat de missiles aériens portables, de missiles anti-chars portables, de canons de 155 mm et de leurs munitions. " Il faut aller vite, vu l’état des stocks nationaux ", a alors indiqué le commissaire européen Thierry Breton.

Les États-Unis, premiers fournisseurs d’aide militaire à l’Ukraine, ont d’ores et déjà débloqué 15,2 milliards de dollars pour l’envoi d’armement divers, notamment des missiles antichars Javelin, des pièces d’artillerie et des obus compatibles avec les systèmes d’artillerie de l’Otan.

Les États-Unis ont fourni à eux seuls 800.000 de ces obus de 155 mm, soit les trois quarts des dons des Occidentaux, selon le porte-parole de l’état-major américain, le colonel Dave Butler.

Or la seule unité de production de ces obus aux États-Unis, une usine de General Dynamics située à Scranton, en Pennsylvanie, en produit actuellement 14.000 par mois.

D’autres pays producteurs

" Nous prévoyons de passer à 36.000 par mois d’ici à trois ans ", a indiqué M. LaPlante.

Mais une telle accélération ne peut se faire que par étapes, avec l’ouverture de nouvelles chaines de montage, et ne fera passer la production annuelle aux États-Unis que de 168.000 à 432.000 obus, en 2025 au plus tôt.

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Même si l’armée américaine dispose d’un stock encore considérable d’obus divers, le Pentagone veut donc se tourner vers d’autres pays producteurs, pour reconstituer son arsenal et celui des alliés, tout en continuant à aider Kiev.

L’armée américaine a récemment passé des contrats avec plusieurs producteurs dans le monde pour l’achat de 250.000 obus, a souligné le directeur de l’armement américain.

Washington a aussi donné aux forces ukrainiennes plus de 1.400 lance-missiles de courte portée Stinger. Certaines pièces de ces systèmes anti-aériens, utilisés depuis plus de 40 ans, étaient devenues obsolètes et le fabricant Raytheon en avait cessé la production en 2020.

Leur succès en Ukraine a conduit l’armée américaine à attribuer en mai à Raytheon un contrat de près de 700 millions de dollars pour reconstituer ses stocks de Stinger.

" Les fournitures de munitions américaines à l’Ukraine ne sont pas liées spécifiquement aux capacités de production annuelle d’un armement donné par l’industrie de défense américaine, mais cette capacité de production est l’un des facteurs considérés ", selon le colonel Butler.

Avec AFP