L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a adopté, le 16 novembre, une nouvelle résolution critique à l’égard de l’Iran. La raison: le manque de transparence du pays et l’absence de réponses après la détection d’uranium enrichi dans certaines de ses centrales. De quoi bloquer encore un peu plus les négociations avec l’Occident, toujours dans l’impasse.

Depuis que l’Iran a acquis de nouvelles centrifugeuses plus performantes, celles-ci fonctionnent sans relâche pour distiller de l’uranium enrichi à plus de 60%.

 

 

L’Iran a fait l’objet mercredi d’un nouveau rappel à l’ordre pour son manque de coopération dans le dossier nucléaire, sur fond d’impasse des pourparlers pour relancer l’accord de 2015 visant à l’empêcher de se doter de la bombe atomique.

Le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a adopté une résolution critique à l’égard de Téhéran avec 26 voix sur 35, selon plusieurs diplomates interrogés par l’AFP.

Seules la Russie et la Chine ont voté contre, tandis que cinq pays se sont abstenus. Deux étaient absents.

Profonde inquiétude
L’Iran a informé l’AIEA de la mise en place de deux nouvelles cascades de centrifugeuses avancées sur le site de Natanz (centre), renforçant ainsi significativement sa capacité d’enrichissement d’uranium. (AFP)

 

 

C’est la deuxième résolution cette année, après celle de juin. Le motif de discorde est le même: l’absence de réponses " techniquement crédibles " concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés.

Faute d’avancées ces derniers mois, les Etats-Unis et l’E3 (Royaume-Uni, France et Allemagne) ont décidé d’accentuer la pression.

Selon le texte consulté par l’AFP, le Conseil " exprime sa profonde inquiétude " face à ce problème qui reste non résolu " du fait d’une coopération insuffisante de l’Iran ".

Il " juge essentiel et urgent " que Téhéran fournisse sans délai " des explications " sur la présence des particules d’uranium, ainsi que " l’accès aux sites et au matériel ", pour " permettre la collecte d’échantillons ".

D’une portée symbolique à ce stade, la résolution peut être le prélude à une transmission du contentieux au Conseil de sécurité de l’ONU, habilité à prendre des sanctions.

Iran nucléaire
L’AIEA a critiqué le manque constant de transparence de l’Iran sur le dossier nucléaire (AFP)

 

 

Une option évoquée devant le Conseil par l’ambassadrice américaine Laura S.H. Holgate. " L’Iran doit savoir que s’il échoue à coopérer pour résoudre ces questions, le Conseil devra prendre d’autres actions ", a-t-elle dit.

Action contre-productive

Téhéran avait dénoncé mardi la résolution, estimant avoir " répondu à toutes les allégations de l’AIEA ", et mis en doute " l’utilité " d’une visite d’une délégation de l’Agence, initialement prévue d’ici fin novembre.

La Russie, par la voix de son ambassadeur Mikhaïl Oulianov, s’est félicitée sur Twitter d’un soutien moindre que pour la précédente résolution " qui avait recueilli 30 votes ". Moscou avait fustigé auparavant " une action contre-productive " qui, si elle aboutit, " aura des conséquences irréversibles ".

Le programme iranien des missiles balistiques est surtout voué à être utilisé comme vecteur de l’arme nucléaire.

 

 

La République islamique va-t-elle riposter? En juin, elle avait débranché 27 caméras de surveillance de ses activités nucléaires, et continue à développer son programme nucléaire tout en niant vouloir se doter de la bombe atomique.

Devant le Conseil, les pays de l’E3 ont évoqué une " situation très dangereuse ", qui " soulève de sérieux doutes sur la nature du programme nucléaire iranien ".

" Aujourd’hui, l’Iran est en mesure de produire la matière fissile nécessaire à une arme nucléaire plus rapidement qu’à aucun autre point de son histoire ", explique à l’AFP Henry Rome, chercheur du Washington Institute for Near East Policy.

Négociations au point mort
Les Occidentaux ont eu vent de l’existence de plusieurs sites nucléaires secrets en Iran à travers les images satellites. Dans cette photo, le site de Natanz.

 

 

Selon un récent rapport de l’association américaine Arms Control, il lui faudrait " moins d’une semaine ", sachant que d’autres étapes sur un ou deux ans sont ensuite nécessaires pour se doter de la bombe.

La République islamique a toujours nié avoir de telles intentions.

Parallèlement aux infructueuses discussions avec l’AIEA, les négociations entre les grandes puissances et Téhéran pour redonner une vie à l’accord de 2015 limitant le programme nucléaire iranien sont au point mort.

 

 

A la suite du retrait des Etats-Unis de l’accord en 2018 et du rétablissement des sanctions américaines qui étouffent son économie, l’Iran s’est progressivement affranchi des restrictions qu’il avait acceptées.

L’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche a permis de relancer le processus, et les espoirs d’un accord avaient été ravivés en août.

Mais depuis, les échanges sont quasi inexistants.

Et les Etats-Unis ont désormais les yeux rivés sur " ce qui se passe en Iran: le mouvement populaire, la répression brutale du régime, les ventes de drones armés à la Russie – une ingérence extraordinairement grave " et la question de " la libération de nos otages ", soulignait lundi l’émissaire américain Robert Malley, lors d’une rencontre avec des journalistes à Paris.

Avec AFP

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !