A peine sortis de leurs combats sanglants contre les prisonniers de Daesh, les Forces démocratiques syriennes (FDS), formées à 85% des Kurdes du parti YPG, se trouvaient sous le feu des raids aériens turcs. Une autre formation kurde, le PKK, ennemi juré d’Ankara, dont les bases sont situées à cheval entre le nord syrien et irakien, ont été également visées par ces frappes meurtrières.

Pays limitrophe de la Syrie en guerre et de l’Irak, la Turquie déploie des troupes dans le nord de la Syrie en guerre depuis 2020 et contrôle des zones avec ses supplétifs syriens.

Selon le ministère turc de la Défense, les raids ont visé mardi soir " des abris, des bunkers, des grottes, des tunnels, des dépôts de munitions et des présumés quartiers généraux et camps d’entraînement ", utilisés par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak et par les Unités de protection du peuple (YPG, forces kurdes syriennes), en Syrie. Le PKK, groupe rebelle kurde turc, qualifié de " terroriste " par la Turquie et ses alliés occidentaux, mène une insurrection dans ce pays depuis 1984. Ankara considère les YPG comme une émanation " terroriste " du PKK en Syrie.

D’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les raids turcs ont frappé en Syrie une centrale électrique près de la ville d’Al-Malikiya dans la province de Hassaké, sous contrôle de l’administration locale kurde. " Au moins quatre personnes ont été tuées. "

Ces frappes sont survenues quelques heures après des funérailles rassemblant des centaines de personnes dans cette même ville, organisées pour les combattants kurdes tués lors d’une récente attaque du groupe jihadiste Etat islamique (EI ou Daesh) contre une prison de Hassaké gérée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont le pilier sont les YPG.

Mercredi soir, les forces turques ont intensifié leurs bombardements dans le nord-est de la Syrie, visant notamment " une vingtaine de villages et sites (…) dans la région de Hassaké et le nord de la province de Raqa ", selon l’Observatoire. Les tirs ont pris pour cible des zones résidentielles, causant le déplacement d’un grand nombre d’habitants, a ajouté la même source.

L’OSDH avait auparavant fait état également de plus de 40 roquettes et obus tirés depuis mardi soir par les forces turques sur des zones du nord de la province d’Alep sous contrôle kurde.

Mercredi, au moins huit personnes, dont cinq civils, ont été tuées et 29 blessées dont certaines grièvement dans un bombardement dans la ville d’al-Bab dans la province d’Alep, sous contrôle des forces turques et de ses supplétifs syriens, avait aussi indiqué l’OSDH sans préciser d’où provenaient les tirs.

En Irak, dans la région autonome kurde du Kurdistan (nord), " des avions de combat turcs ont visé plusieurs positions du PKK ", notamment dans les régions de Makhmour et de Sinjar, selon un communiqué des services antiterroristes du Kurdistan, évoquant " des pertes humaines ". " L’aviation militaire turque a bombardé six positions du PKK dans les montagnes de Karjokh ", surplombant un camp de déplacés kurdes à Makhmour, ont-ils précisé. Un groupe armé lié au PKK qui gère le camp a fait état de " deux combattants tués et de dizaines de blessés parmi les résidents du camp ". Dans un communiqué, les forces de sécurité irakiennes ont dénoncé une " violation de l’espace aérien irakien ", se disant prêtes " à coopérer pour stabiliser la situation à la frontière ".

La Turquie a de facto installé des dizaines de bases militaires depuis 25 ans au Kurdistan irakien. Elle a lancé en 2021 une nouvelle campagne militaire contre le PKK dans le nord de l’Irak, avec des bombardements aériens récurrents. Le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse le PKK d’utiliser la zone frontalière montagneuse comme tremplin pour son insurrection. Ces derniers mois, plusieurs soldats turcs ont été tués dans des attaques dans le nord de l’Irak imputées au PKK.

En Syrie, pays morcelé en raison d’une guerre dévastatrice, les forces turques ont ciblé à plusieurs reprises les YPG. " La Turquie essaie de continuer ce que l’EI a commencé ", ont accusé les YPG sur Twitter, en référence à l’assaut de l’EI qui cherchait à libérer des jihadistes de la prison attaquée. " Tout le monde doit agir contre cette attaque maintenant ".

Les FDS ont annoncé dimanche la fin des opérations de ratissage dans la prison après plusieurs jours de combats qui ont fait 373 morts dont 268 jihadistes selon l’OSDH. Soutenues par les Etats-Unis, les FDS sont le fer de lance de la lutte contre l’EI, chassé de ses fiefs en Syrie et en Irak, mais qui continue de mener des attaques à travers des cellules dormantes.

Avec AFP

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !