Le président palestinien Mahmoud Abbas a tenu une rare réunion de l’OLP dimanche pour approuver les remplacements de l’ancien secrétaire général Saëb Erakat, décédé en 2020 après avoir contracté le coronavirus, et de l’ancienne membre du comité exécutif Hanane Achraoui, qui a démissionné. Mais avant même qu’elle ne débute, la réunion du Conseil central de l’OLP faisait l’objet d’un boycott de la part de nombre de factions de gauche et d’appels à des manifestations en Cisjordanie et à Gaza réclamant la démission de M. Abbas, 86 ans.

Cette première réunion en quatre ans du Conseil central de l’OLP, regroupement de factions palestiniennes né en 1964, intervient à l’heure où la légitimité même de l’organisation est remise en cause. " Il y a des questions très importantes sur la légitimité, tout simplement parce qu’il n’y a pas eu d’élections depuis un certain temps ", a déclaré à l’AFP Ghassan al-Khatib, politologue à l’université de Birzeit. " La question de la légitimité ne peut être abordée que par le biais d’élections, et le fait que cette réunion ne prévoit pas de vote pour le comité exécutif élargira davantage le débat et la question de la légitimité ", a-t-il affirmé.

Des centaines de personnes s’étaient rassemblées dimanche dans le centre de Gaza à l’initiative du mouvement islamiste Hamas au pouvoir localement. Le Hamas ne fait pas partie de l’OLP, mais souhaiterait intégrer cette organisation reconnue internationalement comme représentant du peuple palestinien.

Le président octogénaire a prononcé un discours devant les 124 membres du conseil central en appelant à des " réformes " et à la " fin des divisions internes ". " Nous portons une grande attention au processus de réforme (…) et nous sommes prêts à prendre les mesures nécessaires pour y parvenir ", a déclaré le président Abbas en appelant à la " fin immédiate des querelles internes " au sein du leadership palestinien, selon les extraits diffusés par la télévision palestinienne. " Nos contacts avec les Israéliens ne sont pas un substitut à une solution politique fondée sur le droit international ", a ajouté M. Abbas qui s’est rendu en Israël fin décembre, avec des proches conseillers comme Hussein al-Cheikh et Majed Faraj, pour discuter avec le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz.

Actuellement ministre des Affaires civiles et ténor du Fatah, parti de Mahmoud Abbas, Hussein al-Cheikh est pressenti pour le poste de négociateur en chef de l’OLP et est considéré comme un successeur potentiel au président palestinien, même s’il ne jouit pas d’une forte popularité. De façon générale, les institutions palestiniennes sont de plus en plus décriées. Le président Abbas, élu en 2005 et dont le mandat devait s’achever en 2009, est au plus bas dans les sondages et des manifestations se sont multipliées en Cisjordanie l’an passé pour appeler à sa démission.

Il avait annulé en avril la présidentielle et les législatives prévues en mai, les premières en 15 ans, arguant que le scrutin n’était pas garanti à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville sainte occupé et annexé par Israël qui y refuse la tenue de ces élections. " Notre but est de tenir la présidentielle et les législatives dès que nous pourrons tenir ces scrutins à Jérusalem ", a déclaré dimanche soir M. Abbas, sans fournir d’échéances ni dire comment il allait s’y prendre pour organiser ces scrutins à Jérusalem-Est, où vivent plus de 300000 Palestiniens.

La tenue de la rencontre de dimanche met à mal la réconciliation des factions palestiniennes, et ne sert qu’à promouvoir le cercle restreint du président Abbas et à approuver des nominations de gens triés sur le volet, a déploré le Hamas. " Le Hamas, des factions palestiniennes et les masses expriment leur rejet de cette rencontre du Conseil central qui ne fait que diviser, et n’exprime pas la volonté du peuple ", a déclaré à Gaza Mouchir Al-Masri, un cadre du Hamas.

Avec AFP