" Bonsoir à tous! Mon conseiller est ici, mon chef de cabinet est ici, le Premier ministre Chmygal est ici, le président est ici, nos militaires sont ici, les citoyens, la société, nous sommes tous ici, à défendre notre indépendance, notre État. C’est ce que nous avons décidé de faire. Gloire à nos défenseurs, gloire à ceux qui nous protègent… Gloire à l’Ukraine! "

La vidéo diffusée par le président Zelensky vendredi soir pourrait être sa dernière, alors que les troupes russes investissaient le nord de la capitale Kiev. Cette vidéo pourrait être aussi LA vidéo qui aurait contribué le plus à galvaniser la résistance ukrainienne en cas de repli, très peu probable, des militaires russes. Tout est probable. Mais une chose est sûre, cette scène filmée entrera dans l’histoire, et figurera parmi les icônes les plus partagées et les plus vues par les hommes. Au même titre que le soldat soviétique hissant le drapeau rouge sur le Reichstag ou les GI’s à Iwo Jima ou le chef de char vietnamien en tong dans l’ambassade US à Saigon, ou Allende portant son " kalach " à l’entrée de la Moneda. Dans ce document audiovisuel, un chef d’Etat sans cravate, sans tribune, sans cliquetis de caméras ni projecteurs, qui porte de simples habits couleur kaki, en compagnie des hauts responsables de l’Etat, muni de son " smartphone " au sein du quartier administratif de Kiev. Toute la simplicité d’un citoyen patriote, toute la prestance d’un ex-comédien, toute la puissance d’un orateur.

Kiev est samedi matin sous les tirs de missiles russes et des combats se déroulent dans la ville, où le président ukrainien appelle les siens à la lutte contre les troupes de Moscou et assure que des armes occidentales sont en route.Au troisième jour du lancement d’une invasion par le président russe Vladimir Poutine, des combats opposant les forces russes et ukrainiennes ont lieu sur l’avenue de la Victoire, une des artères principales de Kiev, quelques heures après un dramatique appel à la mobilisation lancé par Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien a assuré qu' "armes et équipements de (ses) partenaires sont en route pour l’Ukraine ", évoquant une " coalition antiguerre (qui) fonctionne " après une conversation avec son homologue français Emmanuel Macron. Ce dernier a jugé que " cette guerre durera ". " A Kiev, de violents combats se poursuivent. L’armée ukrainienne repousse des saboteurs russes ", a indiqué samedi, vers 03H30 GMT, le Service ukrainien des communications spéciales. Des tirs d’artillerie et de missiles résonnent de manière sporadique dans le nord-ouest de Kiev, selon des journalistes de l’AFP sur place. Un haut immeuble résidentiel de la capitale a été touché par un tir de missile, d’après les autorités ukrainiennes, qui n’ont pas donné de bilan dans l’immédiat.Les forces ukrainiennes ont aussi fait état de " violents " combats à 30 km au sud-ouest de la capitale, où les Russes " essayent de faire débarquer des parachutistes ". La population a été appelée à prendre les armes par Volodymyr Zelensky, qui a juré qu’il restera dans la capitale. Sur Facebook, l’armée de terre ukrainienne a dit avoir détruit une colonne de cinq véhicules militaires russes, dont un char, sur l’avenue de la Victoire. Dans la nuit, les autorités ont fait état d’une attaque russe contre une centrale électrique du quartier de Troieshchyna, au nord-est de Kiev. Le ministère russe de la Défense n’a pour sa part évoqué aucune offensive sur Kiev, faisant état uniquement de tirs de missiles de croisière sur des infrastructures militaires, d’avancées dans l’Est, où l’armée appuie les séparatistes des territoires de Donetsk et Lougansk, et dans le sud ukrainien, où les forces russes sont entrées lundi depuis la péninsule de Crimée, annexée en 2014.Sur la route entre Kramatorsk et Dnipro, deux villes de l’est de l’Ukraine, des journalistes de l’AFP ont constaté la présence de très nombreux convois militaires ukrainiens. Des check-points militaires ont été instaurés aux entrées et sorties de chaque grande ville dans cette zone. La sirène d’alerte anti-aérienne a aussi résonné à l’aube à Kharkiv, une grande ville de l’est proche de la frontière russe.
Conséquence de ce conflit qui pourrait être le plus grave en Europe depuis 1945, quelque 100.000 personnes ont déjà été déplacées et 50.000 ont quitté l’Ukraine, a signalé l’ONU, où la Russie a mis sont veto au Conseil de sécurité à une résolution déplorant son " agression ".
L’Alliance atlantique a pour sa part commencé à déployer des éléments de sa force de réaction pour être en mesure de rapidement faire face à toute éventualité. l’Union européenne et le Royaume-Uni imposaient des sanctions à Vladimir Poutine lui-même et à son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Une mesure qualifiée par la diplomatie russe de signe d’une " impuissance absolue " que les Etats-Unis s’apprêtaient pourtant à leur tour à prendre – allant jusqu’à envisager de leur interdire d’entrer sur leur territoire -, tout comme le Canada. Dans ces conditions, a estimé Moscou, les relations avec les Occidentaux sont proches du " point de non-retour ". "Toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal ", a de son côté dénoncé le pape François dans un tweet traduit en plusieurs langues, dont le russe, un fait rarissime. Il s’était auparavant rendu à l’ambassade de Russie près le Saint-Siège, à Rome, pour " exprimer sa préoccupation ".

 

L’invasion a jeté sur les routes des milliers d’Ukrainiens, qui affluent aux frontières de l’UE – notamment en Pologne, Hongrie et Roumanie.

Malgré cela, le maître du Kremlin paraissait résolu à poursuivre son offensive. Et obtenir un changement de régime en Ukraine, qualifiant vendredi les membres de l’équipe du chef de l’Etat ukrainien de " drogués " et de " néonazis ". " Prenez le pouvoir entre vos mains ! ", a-t-il lancé à l’adresse des militaires ukrainiens. " Il me semble qu’il sera plus facile de négocier entre vous et moi ", a-t-il ajouté. En signe de défi, Volodymyr Zelenski, dont Washington redoute qu’il ne soit victime d’un " acte atroce ", a diffusé sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle on le voit dans la rue, affirmant être toujours à Kiev et déterminé à " défendre " l’Ukraine. La Russie, qui avait appelé à une reddition de l’armée ukrainienne, condition préalable à des " négociations ", s’était en outre dite prête à organiser une rencontre avec une délégation ukrainienne à Minsk, la capitale du Belarus. Ce n’est " pas de la vraie diplomatie ", a commenté le département d’Etat américain.

Le président Zelensky a reproché aux Européens d’être trop lents à soutenir l’Ukraine et il a appelé ceux ayant " une expérience de combat " à venir lutter aux côtés des Ukrainiens. L’Otan, dont les dirigeants se sont retrouvés vendredi en visioconférence, a répété ces derniers jours qu’elle n’enverrait pas de troupes dans ce pays. Joe Biden a en revanche prévenu qu’aucun " pouce de territoire de l’Otan " ne serait cédé et le Pentagone dépêchera quelque 7.000 hommes de plus en Allemagne.

Avec AFP