Au-dessus des nuages du ciel polonais, une tige métallique sort d’un Airbus de l’armée française. Un avion Rafale s’y colle pour se ravitailler et mener sa mission de " police du ciel " à la frontière orientale de l’Otan, quotidienne depuis l’invasion russe en Ukraine. "Depuis (…) le début de l’offensive russe, nos appareils sont quotidiennement engagés dans le cadre de cette mission de police du ciel, globalement deux créneaux par jour (…) et tous les jours les opérations s’enchaînent ", explique le colonel Stéphane Spet, porte-parole de l’armée de l’air, à deux journalistes de l’AFP qui ont pu embarquer vendredi à bord du ravitailleur depuis la base aérienne d’Istres (sud-est de la France). "Clairement, on explique que cet espace aérien n’est pas contestable. Clairement, on est chez nous, et on ne veut pas qu’on vienne nous contester ", ajoute-t-il, alors que la Pologne constitue un des flancs orientaux de l’Otan –une alliance de 30 pays d’Europe et d’Amérique du Nord.

L’attaque russe en Ukraine inquiète profondément les pays d’Europe de l’Est, de la Pologne à la Roumanie. Pour les rassurer, les Etats-Unis y ont envoyé des milliers de soldats supplémentaires. La France a également déployé des troupes supplémentaires en Roumanie et contribue au renforcement de la surveillance de l’espace aérien, notamment en Pologne.

La vigilance est d’autant plus forte qu’une semaine après le début de l’invasion de l’Ukraine, quatre avions de combat russes avaient violé l’espace aérien de la Suède, qui n’est pas membre de l’Otan.

Les Rafale français effectuent des missions de plusieurs heures, qui impliquent quatre ravitaillements en plein vol.

" Finesse de pilotage "

Simultanément un avion de chasse s’approche de chaque côté de l’Airbus A330 MRTT (Multi Role Tanker Transport) et d’une tige –le " pod "– qui sort de son aile. Le but: se connecter au " panier " qui est au bout de la tige pour recharger le réservoir en kérosène et poursuivre leur surveillance de l’espace aérien polonais.

" La finesse du pilotage, c’est surtout le Rafale qui va l’avoir, pour maintenir les éléments et faire le ravitaillement ", explique le co-pilote de l’Airbus ravitailleur, le lieutenant Michel.

" Le ravitaillement en vol, pour les néophytes, c’est quelque chose d’assez impressionnant, on a des procédures qui sont écrites depuis des années pour ça, c’est maîtrisé depuis des années ", poursuit-il.

Après plusieurs heures de surveillance, les Rafale et leur fidèle ravitailleur prennent le chemin du retour vers la France. La nuit est tombée, au-dessus de l’Allemagne, les trois avions se séparent. Les deux Rafale prennent la direction de Mont-de-Marsan (sud-ouest de la France), plus grosse base aérienne de France en nombre de personnel militaire (3.500) selon son commandant, et l’une des deux en France à être armée du Rafale, avec Saint-Dizier (nord-est de la France).

L’Airbus ravitailleur atterrit lui après 23H00 sur la base d’Istres. Le ballet aérien reprendra dès le lendemain. En Ukraine, la Russie poursuit son offensive militaire et le flot de réfugiés ne tarit pas. Près de 1,37 million de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe le 24 février, selon les derniers décomptes de l’ONU samedi.

AFP