A quoi peuvent servir les sanctions économiques et financières si elles n’arrivent pas à couper le financement de la Russie et de sa guerre en Ukraine? Les Occidentaux ont certes transformé la Russie en un paria financier en isolant ses banques des circuits internationaux et en retirant leurs entreprises et leurs investissements. Reste le nerf de la guerre, les exportations d’hydrocarbures, première source de devises et de revenus pour l’économie et pour l’Etat russes. Après avoir tergiversé, Joe Biden a finalement décidé mardi d’interdire les importations d’hydrocarbures russes, prenant la tête d’un assaut occidental en règle contre la plus précieuse source de revenus de Vladimir Poutine. Le président américain a assuré que sa décision allait " porter un nouveau coup puissant à Poutine " et au financement de sa guerre contre l’Ukraine. Le Royaume-Uni a tout de suite emboîté le pas à son allié outre atlantique, mais Biden s’est privé de solliciter les autres pays européens, surtout l’Allemagne, qui dépendent beaucoup du fournisseur russe. N’empêche que les Européens ont promis de réduire des deux tiers leurs achats d’hydrocarbures de Russie avant la fin de l’année.
La Maison Blanche avait, ces derniers jours, préparé les esprits à une annonce unilatérale, marquant pour la première fois une divergence entre Occidentaux sur les sanctions à infliger à la Russie. Initialement hésitant, Joe Biden a finalement pris un arbitrage aussi motivé par des considérations de politique intérieure. Il a pris un décret sans attendre que n’arrive sur son bureau, pour signature, une loi soutenue par la majorité démocrate et l’opposition républicaine — une rareté dans un contexte d’extrême division politique aux Etats-Unis — interdisant ces importations de pétrole et de gaz russes. Joe Biden a donc décidé de griller la politesse au Congrès, désireux peut-être d’alimenter le petit sursaut de popularité que lui donne sa gestion de la guerre en Ukraine dans les sondages. Et il fait le pari, risqué, que les Américains, pourtant très préoccupés par l’inflation galopante aux Etats-Unis, ne lui reprocheront pas l’inévitable flambée des prix à la pompe liée à l’embargo américain.
Dans le détail, les Etats-Unis interdisent les importations du pétrole brut russe, mais aussi de certains dérivés pétroliers, de gaz naturel liquéfié et de charbon.
La Maison Blanche a toutefois expliqué que si cette interdiction s’appliquait dès maintenant à tout nouvel achat, elle donnait un délai de 45 jours pour liquider les contrats déjà passés.
Avec AFP