Le ministre des Affaires étrangères iranien va rencontrer son homologue russe à Moscou le 15 mars pour discuter du dossier nucléaire iranien. La semaine précédente, la Russie, avait coupé court aux discussions. Une manière pour elle de faire pression sur l’Occident, à l’origine de nombreuses sanctions à son encontre depuis le début du conflit en Ukraine. De son côté, Téhéran a hâte de conclure les pourparlers et finaliser l’accord afin de se libérer des sanctions drastiques qui pèsent sur son économie.

L’Iran va dépêcher le 15 mars à Moscou son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, quelques jours après un arrêt brutal des discussions sur le dossier nucléaire iranien lié à de nouvelles exigences russes. Cette visite a été annoncée le 14 mars par le porte-parole des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh lors d’une conférence de presse à Téhéran. " Les ministres des Affaires étrangères des parties prenantes (à l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien) restent en contact permanent " et M. Amir-Abdollahian " se rendra mardi (15 mars) à Moscou pour poursuivre les discussions ", a-t-il dit.

Mais le 5 mars, la Russie, frappée par des sanctions occidentales après l’invasion de l’Ukraine, a réclamé aux Américains la garantie que ces mesures de rétorsion n’affecteraient pas sa coopération économique avec l’Iran. Des revendications jugées " hors sujet " par les Etats-Unis, mais qui ont stoppé net les discussions à Vienne.

Le 11 mars, l’Union européenne, qui coordonne le processus de négociation à Vienne, a annoncé " une pause dans les pourparlers en raison de facteurs externes ", en allusion aux garanties réclamées par Moscou. Washington a ensuite jugé possible de sauver l’accord " si les décisions sont prises dans des endroits comme Téhéran et Moscou ". Mais le 14 mars, M. Khatibzadeh a réaffirmé que " les questions en suspens ont besoin d’une décision politique américaine. Si (les Etats-Unis) annoncent avoir pris une décision, alors toutes les délégations peuvent retourner à Vienne " pour parachever une entente.

" Nous ne sommes pas sur le point d’annoncer un accord ", a-t-il tenu à souligner. " La Russie a formulé clairement officiellement et à haute voix ses demandes et cela doit être discuté entre toutes les parties prenantes à l’accord, comme toutes les demandes présentées par d’autres parties " et examinées auparavant.

Pour le politologue iranien Ahmad Zeidabadi, " il est normal " que M. Amir-Abdollahian " se rende à Moscou s’enquérir en personne des raisons derrière les demandes russes ". "Soit il tentera de persuader les Russes de formuler des demandes équilibrées soit il soutiendra leur position s’il trouve les raisons convaincantes ", a dit l’analyste à l’AFP.

A Téhéran, les exigences russes ont suscité un débat dans la presse. Les journaux réformateurs ont critiqué la Russie, accusée de bloquer la conclusion de l’accord. Prudente, la presse conservatrice a reproché à Washington d’être responsable du blocage, sans défendre explicitement la position russe.

L’Iran est engagé depuis plusieurs mois dans des pourparlers à Vienne avec cinq grandes puissances -Chine, Russie, France, Royaume-Uni, Allemagne- pour relancer l’accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, en échange de la levée des sanctions qui asphyxient l’économie iranienne. Mais il s’est délité après le retrait unilatéral en 2018 de Washington, décidé par l’ex-président Donald Trump, qui a rétabli les sanctions contre l’Iran. En réaction, ce dernier s’est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire.

Une fois à la Maison Blanche, Joe Biden a souhaité revenir dans l’accord. Les négociations ont été relancées, avec une participation indirecte des Etats-Unis qui n’entretiennent actuellement pas de relations diplomatiques avec l’Iran. Il y a une dizaine de jours, les déclarations optimistes avaient fusé sur une entente imminente pour sauver l’accord conclu en 2015 par l’Iran d’un côté, et les Etats-Unis, la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne de l’autre.

Longtemps antagonistes, la Russie et l’Iran ont vu ces dernières années leurs relations s’améliorer, avec un net rapprochement politique et militaire à la faveur d’intérêts géopolitiques communs et les deux pays coopèrent sur divers dossiers. Moscou joue un rôle central dans l’application du pacte de 2015, en particulier en recevant les tonnes d’uranium enrichi en excès de Téhéran.

Le 12 mars, sans citer nommément la Russie, les négociateurs européens (France, Allemagne, Royaume-Uni) ont affirmé que " personne ne devrait chercher à exploiter les négociations " de Vienne " afin d’obtenir des garanties qui n’ont rien à voir avec l’accord " de 2015. " Ceci risque de mener à l’effondrement de l’accord, privant le peuple iranien d’une levée de sanctions et la communauté internationale des assurances nécessaires concernant le programme nucléaire iranien ", a ajouté le texte.

L’Iran a toujours démenti les accusations selon lesquelles il chercherait à se doter de l’arme atomique.

Avec AFP

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