Le début du procès de l’ancien chef de la milice soudanaise "Janjaweed", arrêté deux ans auparavant en Centrafrique et transféré à la prison de la Cour pénale internationale à La Haye, est la preuve que la justice internationale doit suivre son cours, indépendamment des manœuvres des grandes puissances pour la détourner de ses voies légales et judiciaires de manière à servir leurs propres intérêts.

Ali Abdel Rahman, connu sous le nom d’Ali Shakib, a affiché des sourires devant les objectifs des photographes lors de la première séance de son procès, faisant fi des 31 chefs d’accusation retenus contre lui, notamment pour crimes de guerre, meurtres avec préméditation, viols et tortures de centaines de civils dans la région du Darfour il y a près de 17 ans.

Cependant, le problème est ailleurs et réside dans une justice internationale sélective, où le droit international est appliqué à certains accusés et pas à d’autres. La politique du deux poids deux mesures constitue le problème majeur, dans le sens où les grandes puissances tolèrent les États, les partis ou les organisations qui commettent des crimes de guerre ou pratiquent le terrorisme organisé, simplement en raison de leurs alliances avec ces derniers ou de leurs intérêts communs, alors qu’elles poursuivent ceux qui ne présentent aucun intérêt pour elles.

Il en est de même pour la question des droits de l’homme. L’Occident, par exemple, peut fermer les yeux sur un régime policier dictatorial pendant des décennies afin de préserver ses intérêts avec lui sans se soucier des violations massives en matière des droits de l’homme.  Mais dès lors que ses intérêts changent, il se détourne du régime en question, même s’il s’agissait d’un ancien allié.

Dans ce cadre, l’Occident a occulté la question des droits de l’homme en Russie pendant de nombreuses années, tant que les affaires avec Moscou allaient dans la bonne direction. Tout comme il ignore Israël, l’expansion des colonies, son manque de respect des résolutions internationales ou des droits de l’homme dans leur plus simple expression, qu’il viole au quotidien dans les territoires palestiniens occupés, et son refus du droit du peuple palestinien à l’autodétermination.

Dans le cas d’Israël, non seulement l’Occident ignore ses pratiques et exactions, mais il va plus loin encore en freinant toute résolution internationale qui pourrait le contraindre à rendre des comptes devant les instances internationales. Bien sûr, Washington se place en tête du peloton à cet égard.

La sélectivité dans l’application de la loi la rend vulnérable à la contestation par les puissants et limite sa mise en œuvre aux faibles. L’absence et la dispersion des mécanismes de reddition des comptes au niveau international rendent ardues les possibilités d’obtenir justice sur le terrain. Ce sont précisément ces considérations qui creusent les différences entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres du monde.

Si le procès de Shakib à la Cour pénale internationale constitue une étape attendue et nécessaire, l’aboutissement des procès pour tous les criminels de guerre est une nécessité urgente et ne peut être reporté. Beaucoup parmi eux se trouvent toujours à leurs postes officiels ou occupent des postes dans différents pays. Ainsi, les populations sont toujours celles qui paient le prix, surtout les pauvres d’entre elles.

Il y a ceux qui semblent oublier, par exemple, Bachar al-Assad, le président syrien qui a lancé des barils explosifs sur le peuple syrien dans différentes villes et régions. L’ancien président américain Barack Obama avait conclu un accord en 2012 avec son homologue russe (Vladimir Poutine, qui envahit l’Ukraine aujourd’hui) pour retirer les armes chimiques de Syrie, et c’est ce qui s’est réellement passé. Cependant, le rythme des massacres s’est poursuivi par le biais d’autres moyens, comme si tuer n’était interdit que par les armes chimiques et devenait possible dès que d’autres moyens étaient employés.

Depuis, la guerre en Syrie se poursuit entraînant des destructions massives, le déplacement de millions de personnes à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie, et faisant des centaines de milliers de victimes et de blessés pendant de nombreuses années. Le peuple syrien a quitté la Syrie, alors que son président est resté en place après avoir été réélu à plusieurs reprises, d’une manière folklorique, qui n’a rien à voir avec la démocratie.

Le monde a besoin de plus de justice humaine !