L’Ukraine veut que ses derniers soldats présents à Marioupol y combattent " jusqu’au bout ", ignorant l’ultimatum de la Russie qui leur avait demandé de déposer les armes dimanche et d’évacuer ce port stratégique du sud-est dont la prise constituerait une importante victoire pour Moscou.Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a assuré dimanche que les troupes ukrainiennes continueraient de défendre Marioupol.    " Non, la ville n’est pas tombée. Nos forces militaires, nos soldats y sont toujours. Ils combattront jusqu’au bout. A l’heure où je vous parle, ils sont toujours dans Marioupol ", a-t-il dit à la chaîne de télévision américaine ABC.Moscou avait demandé aux derniers combattants ukrainiens, retranchés dans le complexe métallurgique d’Azovstal, de cesser les combats dans la matinée et d’évacuer les lieux à la mi-journée.

Le fronton du Théâtre de Marioupol détruit lors des raids

 

" Tous ceux qui auront abandonné les armes auront la garantie d’avoir la vie sauve ", avait promis le ministère russe de la Défense sur Telegram. " C’est leur seule chance ".Au petit matin dimanche, l’état-major ukrainien a fait état de frappes aériennes russes sur Marioupol et mentionné " des opérations d’assaut près du port ", sans autres détails.La prise de cette cité serait une victoire importante pour les Russes, car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d’Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014. "La situation à Marioupol reste aussi grave qu’elle peut l’être. Tout simplement inhumaine ", a par ailleurs lancé le président Volodymyr Zelensky dans un message vidéo.

Selon lui, il n’existe que " deux options " : soit les Occidentaux livrent immédiatement des armes lourdes pour l’aider à lever le siège de cette ville habitée par 441.000 personnes avant le déclenchement de l’offensive russe le 24 février, soit ils l’aident à obtenir un arrêt des combats par la voie de la négociation.

" Il n’y a ni nourriture, ni eau, ni médicaments " à Marioupol, s’est-il emporté auprès de médias, accusant Moscou de " refuser " la mise en place de couloirs humanitaires.

La vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, a quant à elle exigé dimanche l’ouverture d’une voie d’évacuation pour les militaires blessés qui y sont toujours.

 

" Détruire " toute la région du Donbass

Par ailleurs, le président Zelensky a accusé dimanche la Russie de vouloir " détruire " toute la région orientale du Donbass, promettant que tout serait fait pour la défendre.

" Tout comme les militaires russes détruisent Marioupol, ils veulent anéantir d’autres villes et d’autres communautés dans les régions de Donetsk et de Lougansk ", a-t-il poursuivi, avant de lancer : " nous faisons tout pour assurer la défense ".

" Sabotez les ordres des occupants. Ne coopérez pas avec eux (…) Vous devez tenir bon ", a-t-il encore dit, ajoutant à l’intention des Occidentaux que " la nécessité d’un embargo sur les livraisons de pétrole en provenance de Russie s’impose chaque jour davantage ".

Dans l’est, le ministère russe de la Défense a assuré dimanche que " des missiles de haute précision avaient détruit des entrepôts de carburant et de munitions " à Barvinkove (région d’Izioum) et Dobropillia (non loin de Donetsk).

" Le bombardement constant de la région (de Lougansk) se poursuit ", a dans le même temps déploré son gouverneur ukrainien, Serguiï Gaïdaï. La localité de " Zolote a été durement touchée aujourd’hui. Ils ont délibérément visé un immeuble de cinq étages (…) Deux personnes ont été tuées et cinq blessées ".

Macron doit " voir de ses propres yeux "
D’après le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial David Beasley, plus de 100.000 civils sont au bord de la famine à Marioupol, manquant également de chauffage.Selon le chancelier autrichien Karl Nehammer, qui a rencontré Vladimir Poutine lundi à Moscou, le président russe est " maintenant dans sa propre logique de guerre " et " croit qu’il est en train de gagner la guerre ".Pour sa part, le chef du gouvernement italien Mario Draghi a regretté dimanche l’inefficacité apparente du " dialogue " avec le maître du Kremlin, constatant que ces contacts n’empêchaient pas " l’horreur " de se poursuivre en Ukraine.Parlant comme MM. Nehammer et Draghi à un média – en l’occurrence CNN -, M. Zelensky a quant à lui dit avoir invité Emmanuel Macron à se rendre dans son pays pour constater de ses propres yeux que les forces russes commettent un " génocide ", un terme que son homologue français s’est jusqu’ici refusé à employer.

" S’agissant d’Emmanuel, je lui ai parlé ", a déclaré le président Zelensky dans un entretien avec la chaîne américaine CNN réalisé vendredi et diffusé dimanche. " Je pense qu’il veut faire en sorte que la Russie s’engage dans un dialogue ", a-t-il ajouté, pour expliquer le refus du dirigeant français de dénoncer un " génocide " en Ukraine, à l’inverse du président des Etats-Unis Joe Biden.

Le président ukrainien avait dans un premier temps jugé mercredi ce refus " très blessant ".   " Je lui ai dit que je voulais qu’il comprenne qu’il ne s’agit pas d’une guerre, que ce n’est rien d’autre qu’un génocide. Je l’ai invité à venir quand il en aura l’occasion ", a précisé Volodymyr Zelensky sur CNN. " Il viendra, et il verra, et je suis sûr qu’il comprendra. "

Emmanuel Macron, en pleine campagne pour sa réélection lors du scrutin présidentiel de dimanche prochain en France, avait expliqué jeudi que le mot " génocide " devait à son avis être " qualifié par des juristes, pas par des politiques " et que " rentrer dans l’escalade verbale " n’était " pas aider l’Ukraine ".

 

Kharkiv et Kiev

Dans le nord-est, à Kharkiv, la deuxième ville du pays, au moins cinq personnes ont été tuées dimanche et 20 autres blessées dans une série de frappes, a annoncé le gouverneur régional Oleg Sinegoubov.

Des journalistes de l’AFP sur place ont entendu deux bombardements et vu cinq incendies se propager dans les quartiers d’habitation du centre de cette cité.

Errant abasourdie dans une rue, Svitlana Pelelyguina observait la fumée s’élever des ruines de son logement, touché par l’un des bombardements. " Tout l’appartement s’est mis à osciller et à trembler ", a raconté à l’AFP cette femme de 71 ans. " Et tout a commencé à prendre feu. J’ai appelé les pompiers. Ils m’ont dit : +on est en route mais nous sommes aussi en train d’être visés par des frappes+ ".

Et les forces russes ont déclaré avoir bombardé le même jour une nouvelle usine d’armement près de Kiev, mettant à exécution, pour le troisième jour consécutif, leur menace d’intensifier leurs attaques contre la capitale ukrainienne après la destruction jeudi du fleuron de leur flotte en mer Noire.

Les pelles mécaniques à l’oeuvre à Borodianka, dans les environs de Kiev. (AFP)

 

Dans la région de Kiev, le ministère russe de la Défense a annoncé dimanche avoir tiré des missiles de haute précision sur une usine de munitions près de Brovary.

Le maire de cette localité Igor Sapojko a affirmé que " certains éléments d’infrastructure avaient été touchés " aux premières heures de la journée.

Au cours des trois derniers jours, les forces russes ont procédé à plusieurs frappes sur des usines militaires dans la région de la capitale, à la suite de la destruction du croiseur Moskva en mer Noire.

Vendredi, un complexe produisant des missiles Neptune, avec lesquels les Ukrainiens disent avoir coulé ce navire de la flotte russe de la mer Noire, avait ainsi été pris pour cible.

Et samedi une personne a été tuée et " plusieurs " ont dû être hospitalisées à la suite d’une frappe contre une usine de la périphérie de Kiev, qui fabrique notamment des chars.

La capitale et ses environs avaient été relativement épargnés par les bombardements depuis le retrait de l’armée russe de cette zone fin mars, mais la perte du Moskva a déclenché l’ire de Moscou.

 

 

A Kramatorsk (est), une quarantaine de fidèles, des femmes en majorité, ont assisté à l’église orthodoxe Svyato-Pokrovsky à la liturgie du dimanche des Rameaux, a constaté un journaliste de l’AFP.

" C’est dur, très dur et effrayant en ce moment ", a dit une femme en arrivant devant l’édifice aux quatre dômes dorés. " Nous devons prier pour que nos soldats aient la force et la foi, c’est nécessaire ", a-t-elle ajouté.

A Lviv, une ville de l’ouest de l’Ukraine relativement épargnée par les combats, les fidèles ont également célébré cette fête religieuse.

Tenant un bouquet de saule et de blé lié par un ruban bleu et jaune, les couleurs du drapeau ukrainien, Natalia Borysiuk, une femme de 29 ans qui travaille dans le secteur des technologies de l’information, a à cette occasion prié pour " la paix et la victoire ".

AFP

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