De manière inhabituelle pour un dimanche de printemps, le Champ-de-Mars est entouré de grillages qui en restreignent l’accès à un seul point, bondé d’électeurs d’Emmanuel Macron. Réunis pour célébrer la victoire attendue de leur candidat, c’est sans trop de surprise qu’ils expriment leur joie à l’annonce des résultats, dans un décor surplombé par la tour Eiffel. À 20 heures, le score est affiché sur un écran géant et le cœur de tous est à la fête. Un DJ met l’ambiance avec des remix de chansons joyeuses qui font danser la foule.

Si ce sont surtout les seniors qui ont plébiscité Emmanuel Macron au premier tour, c’est naturellement une majorité de jeunes qui est principalement présente au Champ-de-Mars, aux côtés de personnes de toutes les générations. À de multiples reprises, les partisans du président, munis de pancartes de soutien, entonnent leur slogan " et un, et deux, et cinq ans de plus ! ".

Affiches officielles de campagne des deux candidats, à l’entrée d’un bureau de vote

 

Sur le plan des symboles, la politique profondément européenne du président transparait à plus d’un niveau. De fait, en plus des drapeaux français qui recouvrent le lieu, nombre de partisans brandissent dans le même temps des drapeaux européens. Cela sera surtout visible lorsque le candidat victorieux fera son entrée au son de l’Ode à la Joie de Beethoven, l’hymne officiel européen, qu’il avait d’ailleurs déjà choisi en 2017 pour célébrer sa première victoire face à Marine Le Pen. Il faut rappeler dans ce cadre qu’en renouvelant leur confiance en Emmanuel Macron, les Français le reconduisent à la présidence du conseil de l’Union européenne jusqu’au mois de juin prochain.

Parmi les militants enjoués et décontractés, l’on pouvait souvent entendre au milieu des brouhahas des accents libanais marqués par ce trilinguisme qui nous est propre. Ici Beyrouth a saisi l’occasion pour interroger quelques-uns de ces franco-libanais qui ont tenu à être présents pour saluer la victoire du président Macron. Une mère accompagnée de son fils explique son choix : " M. Macron a beaucoup été aux côtés des Libanais suite à l’explosion du port et continue à vouloir nous aider pendant la crise. Il est d’ailleurs venu plusieurs fois au Liban et a plaidé notre cause lors de ses visites dans les pays arabes ; alors pourquoi ne pas l’élire une nouvelle fois ? "

La foule sous la Tour Eiffel après l’annonce des résultats

 

Malgré les 58 % de voix recueillies par Emmanuel Macron, ces festivités ont pu être comparées par ses détracteurs à l’orchestre du Titanic qui fait naufrage. Si l’expression semble certainement excessive, force est de relever que cette nouvelle victoire du président Macron est vécue différemment en dehors des grandes villes comme Paris et que le grand défi qui s’imposera lors de ce nouveau quinquennat sera de réduire la fracture avec les Français mécontents (voire en colère), qui se sont estimés marginalisés ces cinq dernières années. Le taux d’abstention étant important pour la France (25 %), les soutiens de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se sont empressés de qualifier le président de " mal-élu " et misent déjà sur les législatives pour tenter de lui imposer une cohabitation ou un gouvernement d’union.

Il reste que le président a pu conserver un succès considérable dans la capitale parisienne et au-delà : depuis Jacques Chirac en 2002, aucun de ses deux prédécesseurs n’avait pu être réélu. Les Libanais, quant à eux, suivront de près la politique étrangère qui sera adoptée lors de ce nouveau mandat, notamment vis-à-vis du Hezbollah pro-iranien, des négociations à Vienne et de la crise économique qui ronge le pays.