Stanislav Chouchkevitch, qui fut un acteur de la dissolution de l’URSS puis le premier président du Bélarus indépendant, est décédé le 4 mai. L’homme politique était resté en poste jusqu’en 1994, où il a été contraint de quitter le pouvoir, car accusé de corruption. Le gouvernement d’Alexandre Loukachenko, dont il avait toujours été l’opposant, n’a pour l’heure pas réagi à la nouvelle.

Le premier président du Bélarus indépendant et l’un des fossoyeurs de l’URSS, Stanislav Chouchkevitch, est décédé à 87 ans, a annoncé mercredi 4 mai son épouse à l’AFP.

" Nous espérons qu’il aura des funérailles nationales, mais personne ne nous a contactés " jusqu’à présent, a indiqué sa veuve, Irina Chouchkevitch, dont le mari était dans l’opposition à l’autoritaire président Alexandre Loukachenko.

" Stanislav a laissé des dernières volontés en cas de décès, mais je ne vais pas les rendre publiques pour le moment. Moi, je tiens le coup, avec à mes côtés mon fils et ma fille ", a-t-elle ajouté.

Selon plusieurs médias, l’ancien président est mort après avoir été très affaibli par le Covid-19 qu’il a contracté en mars. Son épouse avait indiqué fin avril que son mari était en réanimation.

Le pouvoir bélarusse n’avait pas réagi mercredi en fin de matinée à ce décès.

Le 8 décembre 1991, à Belovejskaïa Pouchtcha au Bélarus, les présidents de la Russie, du Bélarus et de l’Ukraine soviétiques, Boris Eltsine, Stanislav Chouchkevitch et Léonid Kravtchouk, avaient signé un traité organisant la dissolution de l’URSS, forçant peu après son dernier dirigeant Mikhaïl Gorbatchev à la démission et signant ainsi l’arrêt de mort de l’empire soviétique qu’il tentait alors de réformer.

L’actuel président bélarusse, Alexandre Loukachenko, fut le seul député du parlement bélarusse qui, en décembre 1991, refusa de voter pour la ratification des accords de Belovejskaïa Pouchtcha.

Dès 1994, M. Chouchkevitch est démis de ses fonctions par les députés, accusé avec d’autres hauts responsables de corruption dans un rapport de M. Loukachenko, qui était alors le chef d’une commission parlementaire anti-corruption.

Quelques mois plus tard, ce dernier remporte la présidentielle face à M. Chouchkevitch et d’autres candidats.

Près de 30 ans plus tard, M. Loukachenko, qui cultive dans le pays la nostalgie de l’époque soviétique et assume son autoritarisme, est toujours au pouvoir et en contrôle tous les leviers.

Stanislav Chouchkevitch a de son côté dirigé jusqu’en 2018 un petit parti social-démocrate d’opposition. Durant un mouvement de contestation, en 2011, il avait été interpellé à plusieurs reprises et avait indiqué en 2012 que le régime bélarusse lui avait interdit de quitter le pays.

Depuis son départ du pouvoir en 1994, l’ex-président n’a cependant jamais joué de rôle central dans la vie politique de son pays, d’autres figures prenant la tête de l’opposition à M. Loukachenko, qui les a tous peu à peu faits emprisonner ou contraint à l’exil.

En réaction à un vaste mouvement de protestation contre sa réélection en 2020, le président Loukachenko a orchestré une répression encore plus large de l’opposition, des médias et ONG indépendants.

Après avoir louvoyé entre Moscou et l’Occident, le président bélarusse se pose depuis 2020 en allié indéfectible de la Russie, lui prêtant même son territoire comme base arrière et logistique à l’offensive contre l’Ukraine.

Clin d’œil voulu ou non à l’histoire, les premiers pourparlers russo-ukrainiens pour mettre fin à l’offensive russe ont eu lieu à Belovejskaïa Pouchtcha, l’endroit même où l’acte de mort de l’URSS avait été paraphé.

Avec AFP

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