La Russie restera " pour toujours " dans le Sud de l’Ukraine, a affirmé vendredi un haut responsable parlementaire russe, Andreï Tourtchak, lors d’une visite à Kherson, importante ville ukrainienne dont Moscou revendique le contrôle total depuis mars. "En m’adressant aux habitants de la région de Kherson, j’aimerais dire encore une fois que la Russie est là pour toujours. On ne doit en avoir aucun doute ", a déclaré M. Tourtchak, premier adjoint au président du Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement), cité dans un communiqué du parti au pouvoir Russie unie.Tourtchak est également secrétaire du conseil général de ce parti.C’est la première fois qu’un haut responsable russe annonce l’intention de Moscou de rester dans les territoires pris par l’armée russe depuis le début de l’opération en Ukraine le 24 février.La Russie a jusqu’ici soutenu que l’un de ses objectifs principaux était de " dénazifier " son voisin.

" Il n’y aura aucun retour vers le passé. Nous allons vivre ensemble, développer cette région riche, riche de son patrimoine historique, de son peuple qui habite ici ", a assuré M. Tourtchak.

Selon lui, la Russie va aider la région de Kherson, comme elle aide déjà les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, autoproclamées dans l’Est de l’Ukraine et dont Moscou a reconnu l’indépendance.

La présence militaire russe dans la ville de Berdyansk, dans le sud de l’Ukraine. (AFP)

 

Le rouble remplacera la hryvnia

Tous les anciens combattants résidant sur ces territoires, qui ont participé à la Seconde Guerre mondiale, vont recevoir des cadeaux et se verront verser des primes de la part du président Vladimir Poutine, à l’occasion du 9 mai, jour où la Russie célèbre la Journée de la Victoire sur l’Allemagne nazie, a-t-il indiqué.

Tourtchak a également annoncé la prochaine ouverture d’un centre logistique russe d’aide humanitaire à Kherson.

Ce centre, qui sera mis en place par Russie unie, va s’occuper notamment de la livraison des produits d’alimentation et de première nécessité et des médicaments, selon la même source.

La ville de Kherson, proche de la Crimée annexée par Moscou en 2014, est la première et à ce jour la seule ville d’importance ukrainienne dont les Russes aient pris complètement le contrôle depuis le début de leur offensive en Ukraine le 24 février. Ils en ont revendiqué la prise le 3 mars.

L’administration russe de cette ville côtière a déjà annoncé son intention d’y introduire le rouble pour remplacer la monnaie ukrainienne à partir du 1er mai.

 

 

Panneaux de signalisation en russe

Sur le même plan, des panneaux de signalisation routière en russe ont été installés aux alentours de la ville ukrainienne de Marioupol, remplaçant ceux en ukrainien et en anglais, ont annoncé les autorités séparatistes prorusses de la région.

Le ministère des Transports de ce territoire a annoncé jeudi le remplacement des panneaux d’entrée des agglomérations de la région, publiant des photos d’ouvriers démontant ceux bilingues en ukrainien et anglais pour les remplacer par des noms en russe.

La Russie dément vouloir occuper des territoires ukrainiens, mais a reconnu l’indépendance de deux régions séparatistes, lançant officiellement son offensive contre son voisin le 24 février au nom de la défense des Russes et Russophones de ces zones. Pour les adversaires de Moscou, il s’agirait d’une première étape en vue d’une annexion.

Cette semaine, le chef-adjoint de l’administration présidentielle russe, Sergueï Kirienko, s’est rendu à Marioupol et dans sa région.

" A chaque étape, il y a eu des discussions avec la population, qui (…) veut avoir confirmation que la Russie est revenue pour toujours ", a commenté sur sa chaîne Telegram le dirigeant des séparatistes, Denis Pouchiline, qui accompagnait le responsable du Kremlin.

La ville de Berdyansk, dans le sud de l’Ukraine. (AFP)

 

 

 

Nouvelle aide militaire US de 150 millions de dollars
Joe Biden a annoncé vendredi une nouvelle aide militaire à l’Ukraine pour combattre l’invasion russe, composée notamment de munitions d’artillerie et de radars, mais a prévenu que les fonds alloués aux armes pour Kiev étaient désormais " pratiquement épuisés ".Le secrétaire d’Etat Antony Blinken a précisé dans un communiqué séparé que le montant de cette aide représentait 150 millions de dollars, bien en-deçà des précédents envois d’armes américaines.Elle comprend notamment 25.000 obus de 155 mm, des radars de contrebatterie pour repérer les tirs d’artillerie russes et des appareils de brouillage des communications, a par ailleurs ajouté un responsable. "Le Congrès doit rapidement débloquer l’enveloppe requise pour renforcer l’Ukraine sur le champ de bataille et à la table des négociations ", a dit le président des Etats-Unis dans un communiqué au sujet de la colossale rallonge budgétaire de 33 milliards de dollars demandée au Parlement américain.Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, le gouvernement de Joe Biden a apporté une aide militaire de quelque 3,8 milliards de dollars à Kiev. La précédente tranche annoncée s’élevait à 800 millions.

Embargo sur le pétrole russe: " ligne rouge pour Orban "
Sur le front des sanctions occidentales, la Hongrie persévérait vendredi dans son blocage du projet d’embargo européen sur l’importation de pétrole russe et de difficiles négociations étaient en cours entre les 27 Etats membres de l’UE pour trouver un accord ce week-end, ont dit à l’AFP plusieurs sources diplomatiques.Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban a jugé vendredi que Bruxelles avait franchi " une ligne rouge " en voulant interdire les importations de pétrole russe et " porté atteinte " à l’unité européenne affichée depuis le début de la guerre en Ukraine.
Une station de repompage de pétrole

 

 

" La présidente de la Commission ", Ursula von der Leyen, " a volontairement ou non attaqué l’unité européenne ", a-t-il déclaré dans une interview à la radio. "J’ai dit oui aux cinq premiers paquets de sanctions, mais nous avons clairement signifié dès le début qu’il y avait une ligne rouge: l’embargo sur l’énergie. Ils ont franchi cette ligne (…), il y a un moment où il faut dire stop ", a-t-il ajouté.La Hongrie avait déjà dit mercredi son opposition au projet d’embargo " dans sa forme actuelle ", et M. Orban, proche avant l’invasion du président russe Vladimir Poutine, enfonce le clou.Orban a également protesté contre l’inclusion dans le train de sanctions du chef de l’Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, soutien affiché à l’offensive. " Nous ne permettrons pas aux dirigeants d’églises d’être mis sur une liste de sanctions ", a-t-il dit.

Vote unanime au Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé vendredi une déclaration unanime – sa première depuis l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février – apportant un " ferme soutien " au secrétaire général de l’organisation " dans la recherche d’une solution pacifique " à la guerre.

Rédigée par la Norvège et le Mexique, la déclaration ne va pas jusqu’à soutenir expressément une médiation d’Antonio Guterres (qui a proposé ses bons offices pour cela), comme le prévoyait une première version du texte négocié depuis jeudi.

La déclaration représente cependant la première manifestation d’unité du Conseil de sécurité depuis le début de la guerre. Fin février, Moscou avait mis son veto à une résolution réclamant à la Russie de rapatrier son armée sur le sol russe.

 

 

 

L’ONU s’impose comme médiateur

" Aujourd’hui, pour la première fois, le Conseil de sécurité s’est prononcé d’une seule voix pour la paix en Ukraine ", s’est félicité dans un communiqué le chef de l’ONU. " Le monde doit s’unir pour faire taire les armes et défendre les valeurs de la Charte des Nations unies " et " je continuerai à ne ménager aucun effort pour sauver des vies, réduire les souffrances et retrouver le chemin de la paix ", a ajouté Antonio Guterres.

Très court, le texte adopté indique que " le Conseil de sécurité exprime sa profonde préoccupation concernant le maintien de la paix et de la sécurité en Ukraine ". Les 15 membres du Conseil rappellent aussi " que tous les Etats membres se sont engagés, en vertu de la Charte des Nations unies, à l’obligation de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques ".

 

 

 

Marginalisée depuis le début du conflit, l’ONU, dont la mission est de garantir la paix dans le monde, ne s’est pas imposée à ce jour comme un médiateur possible pour un règlement pacifique du conflit. Elle intervient en Ukraine et dans les pays voisins dans un rôle jusqu’ici principalement humanitaire.

Antonio Guterres s’est rendu récemment et pour la première fois depuis le début du conflit en Russie et en Ukraine, une double visite qui lui a permis d’obtenir des évacuations de plusieurs centaines de civils de la ville portuaire ukrainienne de Marioupol.

Visioconférence dimanche du G7 avec Zelensky

Par ailleurs, l’Allemagne a annoncé que les dirigeants des grandes puissances du G7 allaient avoir dimanche une réunion virtuelle consacrée à la guerre en Ukraine à laquelle participera le président Zelensky.

" Le 8 mai est une date historique marquant la fin de la Deuxième guerre mondiale en Europe qui a occasionné la terreur, la destruction et la mort " sur ce continent, a souligné une porte-parole du chancelier allemand Olaf Scholz, jugeant qu’avec l’actuelle offensive russe en Ukraine " la cohésion du G7 est plus importante que jamais ".

L’Allemagne va fournir sept obusiers blindés à l’Ukraine

L’Allemagne va aussi fournir sept obusiers blindés à l’Ukraine pour l’aider à repousser l’envahisseur russe, a indiqué vendredi le ministère de la Défense, augmentant ainsi quelque peu ses efforts de livraisons d’armes lourdes à Kiev.

 

 

Le gouvernement d’Olaf Scholz a été sévèrement critiqué en Allemagne mais aussi par des partenaires européens comme les Pays baltes et la Pologne qui jugent son soutien militaire à l’Ukraine trop timoré.

Nouvelle évacuation de Marioupol

Vendredi également, cinquante civils de plus ont pu quitter grâce à un nouveau convoi l’immense aciérie Azovstal, la dernière poche de résistance des forces ukrainiennes à Marioupol, ont annoncé la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, et le ministère russe de la Défense.

Il s’agit de femmes, d’enfants et de personnes âgées, a-t-elle précisé, ajoutant que les évacuations se poursuivraient samedi, ce qu’a par la suite confirmé Moscou.
90% des personnes évacuées de Marioupol sont des femmes, des enfants et de personnes âgées. (AFP)

 

 

Ces opérations, qui se déroulent sous l’égide de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ont commencé le week-end dernier et ont permis, selon Kiev, à près de 500 civils de fuir.

A Marioupol, " les gens sont évacués autant que nous le pouvons ", s’est exclamé au cours d’une intervention par visioconférence organisée par le cercle de réflexion Chatham House à Londres le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

" Il faut comprendre que Marioupol ne tombera jamais (…), elle est déjà dévastée, il n’y a plus aucune structure, tout a été complètement détruit ", a-t-il encore dit. "L’ennemi cherche à achever les défenseurs d’Azovstal, il essaie de faire cela avant le 9 mai pour faire un cadeau à Vladimir Poutine ", a affirmé Oleksiï Arestovytch, un des conseillers de M. Zelensky.

 

 

Violations des cessez-le-feu

Iryna Verechtchouk a déploré vendredi que les forces russes aient " violé constamment " le cessez-le-feu décrété par Moscou le temps des évacuations.

Le régiment Azov, qui défend l’aciérie, a accusé les militaires russes d’avoir visé " avec un missile guidé antichar " une de ses voitures impliquées dans l’opération d’évacuation de civils, tuant un soldat et faisant six blessés

Dans la matinée, le ministère ukrainien de la Défense avait assuré que les unités russes avaient, " dans certaines zones, avec le soutien de l’aviation, repris les opérations visant à prendre le contrôle de l’usine " Azovstal, où vivent retranchés dans d’immenses galeries souterraines civils et combattants.

La conquête totale de Marioupol, une cité du sud-est qui comptait près de 500.000 habitants avant la guerre et qui a été dévastée par deux mois de siège et de bombardements russes, serait importante pour la Russie à l’approche du 9 mai, jour où elle célèbre par un impressionnant défilé militaire sur la Place Rouge à Moscou sa victoire sur l’Allemagne nazie en 1945.

Moscou n’a jusqu’à présent pu revendiquer le contrôle complet que d’une ville d’importance, Kherson.

Combats à Severodonetsk, une des principales villes du Donbass

Dans l’est, Severodonetsk, l’une des principales cités du Donbass encore aux mains des Ukrainiens, est " quasiment encerclée ", a reconnu vendredi son maire.

L’aviation russe a frappé dans la journée 27 sites militaires, parmi lesquels trois dépôts de munitions près de Kouzminovka, Zvanovka et Seversk dans la région de Donetsk, a noté dans la soirée le ministère russe de la Défense.

 

 

" Des bombardements tous les jours, tous les jours, le matin, l’après-midi et le soir. Il n’y a pas eu un jour sans bombardements, pas un jour ", a raconté à l’AFP Olga Babitch après avoir quitté son village et atteint Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine.

Parallèlement, 41 personnes, dont onze femmes, ont été libérées dans le cadre d’un nouvel échange de prisonniers avec la Russie, a révélé Kiev vendredi, sans donner le nombre des Russes remis à leur pays.

Moscou autorise des importations parallèles

La Russie a rendu publique une liste d’une centaine de catégories de marchandises dont l’importation sans l’accord des détenteurs de la propriété intellectuelle est autorisée afin de contourner les restrictions décidées depuis le début de son intervention militaire.

Ce mécanisme d’importations parallèles doit permettre d’éviter les pénuries dans l’industrie comme dans le commerce de marchandises que ce pays est incapable à l’heure actuelle de produire.

Perte d’un tiers des récoltes de blé

Le rendement de la prochaine moisson de blé en Ukraine devrait chuter d’au moins 35% comparé à 2021 en raison de l’invasion russe, selon des images satellites analysées par la société de géolocalisation Kayrros dans une note publiée vendredi.

Le conflit a lourdement perturbé la saison des semis, qui est en cours, et obligé les agriculteurs à travailler sous les bombes, avec du carburant difficile à trouver. A hauteur de satellites, la différence par rapport aux saisons habituelles est déjà visible, corroborant les prédictions des analystes.

La fumée à l’horizon témoigne de la puissance des bombardements sur la ville de Severodonetsk. (AFP)

 

 

A ce stade, l’Ukraine serait en capacité de produire 21 millions de tonnes de blé en 2022, soit 12 millions de moins qu’en 2021 estime Kayrros, avec une baisse de rendement des moissons de 23% sous la moyenne des cinq dernières années.

" Étant donné que les combats se poursuivent et qu’une grande partie de la production de blé du pays provient des régions de l’est de l’Ukraine, où le conflit est le plus intense, les chiffres réels de la production seront probablement inférieurs ", préviennent les analystes.

Les agriculteurs qui arriveraient à semer feront dans tous les cas face à un problème de stockage, les exportations par le rail et la route ne pouvant compenser qu’une partie minime des départs de marchandises par bateaux.

La Russie maintient en effet son blocus des ports ukrainiens, tant sur la mer Noire que sur celle d’Azov, entravant lourdement les échanges commerciaux.

Une démineuse à l’œuvre dans un champ de mines. Les agriculteurs doivent braver le danger des explosions dans les champs, qu’elles soient dues aux mines ou aux bombes non explosées.

 

Crise alimentaire " sans précédent " en Afrique

Le conflit promet d’aggraver les fragilités de pays très dépendants des exportations de céréales russes et ukrainiennes, comme la Somalie ou la République démocratique du Congo en Afrique, Russie et Ukraine assurant 30% du commerce mondial de cette denrée.

L’Afrique fait face à une crise " sans précédent " provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine notamment avec la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant, ont quant à eux averti vendredi des responsables du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).

Dans ce contexte, le Programme alimentaire mondial (PAM) a demandé la réouverture des ports de la région ukrainienne d’Odessa afin que les produits issus de l’agriculture de ce pays puissent circuler librement vers le reste du monde.

Et ce à un moment où de grandes puissances agricoles, dont l’Union européenne, les Etats-Unis, le Canada et l’Australie, se sont engagées à assurer la sécurité alimentaire de la planète en dépit des chocs provoqués par la situation en Ukraine.

Avec AFP

 

 

 

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