Foutu sommeil qui s’amuse à foutre le camp. Le sommeil en soi n’est pas un problème, je récupère vite. Mais l’attente est trop lente. 

Contre le bleu des murs de ma chambre, j’attends que passe ma nuit blanche. Les dimanches et leurs points de suspension!

Je regarde mon plafond, les étagères en face pleines à craquer de petits bouts de vie et de collections et babioles. Décrochez-vous… tombez avec les livres… écrasez-moi.

À bout de patience. Je ne tiens plus en place. À la recherche de je ne sais quoi. Séance grenier s’impose. Me retrouver à faire le tri. À tourner en rond sans tenir en place. Abus de patience. Faut que je me déplace. À la recherche de fil conducteur. De vieux carnets.

Le rose de 88. Le bleu de 89 avec sa grosse boucle dorée. Lire entre les lignes. Décoder les graffitis.

De dérapage en dérapage, tomber sur les photos de mes 13 ans. Au téléphone pendant trois quarts d’heure. Mes rires. Mes bêtises. Retomber sur mes essais de 3ème. Feuilleter mon évaluation de Crime et châtiment, relire ma description du bonheur (ma conclusion à 13 ans: on l’improvise au quotidien). Retrouver une lettre. Six ans en arrière.

Les souvenirs me démangent, me font tanguer… décalage sentimental. Je me monte la tête sur des choses sans importance, pourtant la plupart des fois, mes histoires finissent bien.

Mégalomane égocentrique… je m’imagine sur scène au ciné et je rate le film. Mélodramatique néoromantique… je fais la comédie pour me pimenter la vie quand mes journées se la coulent douce.

J’ai beau avoir des sensations de taille, mes impressions sont trop envoûtantes pour être réduites à de simples passages de carnet. C’est justement ces impressions là que j’ai gardées, en suspension… transmises de journal en journal… d’année en année. Qu’est-ce que je cherche… mais j’ai tout gardé… en moi. Dire que ça m’a pris toute une aprèm pour en arriver à cette médiocre conclusion…

Et puis le temps se suspend! Dans une vieille boîte toute rouillée, je tombe sur un bout de tissu. Il ne m’appartient pas, mais quelque chose en moi lui appartient.

Proust et ses madeleines. Je n’ai même pas besoin de lui attribuer un sens, mais quel silence pulsatile m’enveloppa, quand le petit bout émergea de la vieille boîte de ma grand-mère.

Que faire d’une chose pareille?

Je l’ai pris entre mes doigts. Minuscule chiffon, dérisoire objet, resté tapi là pendant soixante ans… cinq grammes et tant de silence!

Je regarde le petit bout de tissu et je médite sur ma faiblesse, sur les liens essentiels et diffus, les traces et l’absence… et mon besoin de n’importe quel port d’attache…

Familles, je vous… ai (entre les doigts)!

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