Beyrouth. Mais aussi le Maroc. Mais aussi le monde entier. On attendait un sauvetage. On attendait une belle nouvelle, une belle histoire, une belle happy end. Mais non. Et pourtant des centaines de milliers de personnes priaient de concert. Des centaines de milliers de personnes avaient les yeux braqués sur les opérations en cours. Tellement de sollicitude, tellement de solidarité que cela ne pouvait que finir bien. Mais non. Pas de miracle. On s’est tous senti désemparés, tristes, et quelque part trahis. Il ne survivra pas. L’histoire s’arrête là.

L’histoire s’arrête là? Et si nous décidions d’une suite? Et si nous retenions autre chose que la malheureuse fin dans cette tragédie? Parce qu’au-delà de l’atroce accident d’un petit garçon de 5 ans aux yeux pétillants tombé au fond d’un puits, on a pu voir aussi tout à coup beaucoup de monde à son chevet. Beaucoup de monde venu du monde entier. Un monde qui s’est ébroué, qui a frémi, qui a manifesté empathie et bienveillance. Un monde qui s’est réveillé, enfin? Parce que faut le dire quand même les crises politiques, économiques et le satané virus et ses variants avaient un peu endormi ce monde. Endormi tout le monde. Sorti du système et enfermé dans un cocon douillet mais égoïste. Chacun dans sa bulle, chacun chez soi, chacun à l’écoute de soi, jusqu’à en devenir un nombril géant. Plus beaucoup de temps et d’espace dans les malaises personnels pour se pencher sur ceux des autres qui souffrent à côté. Chacun étant très occupé à maintenir sa tête hors de l’eau.

Et là, un petit garçon dans un puits profond et le monde sort de sa tanière. Il était temps parce que la tanière devenait caverne. Et de l’allégorie de la caverne retenons nos yeux qui regardaient ailleurs, incapables de se poser sur les valeurs qui transcendent notre humanité. Incapables de s’ouvrir vraiment pour chercher la lumière. Nous ne sommes pas que des machines, des numéros ou des robots. En chacun de nous se cache une part d’amour, une part de gentillesse, une part de bienveillance et une part d’empathie. Une part d’héroïsme aussi peut-être? Il faut parfois creuser longtemps et profond chez certains pour les déterrer. C’est vrai. Et pourtant on n’a pas le choix. "Pour qu’une société soit possible, il faut que l’humanité apprenne à aimer." André Maurois