Mon amour à moi n’est pas à moi…
Je vis en lui, il vit en moi, une ancienne histoire d’amour qui me tourmente et m’enchante à la fois…
Je l’aime sans savoir pourquoi. Il ne m’offre rien, mais je ne saurais vivre sans lui.
Mon amour à moi, je dois le partager… Avec 5 millions de personnes qui ne me ressemblent pas. Il est dans tous ses états, mais il n’est plus un État. Tous les voisins ont l’œil et la main sur lui, et il accueille encore tout le monde à bras ouverts, sans savoir dire non.
Rien ne nous unit à part son nom sur nos cartes d’identité. Sinon, rien d’autre, ni l’histoire, ni la religion, ni l’identité, ni le mode de vie, ni l’éducation, ni les buts, ni le passé, ni la vision…
Je les regarde l’aimer chacun à sa manière. Je les vois le trahir, l’envahir, le détruire. Je les observe y vivre, chacun à sa cadence. Je les remarque pleurer en le quittant.
Et moi, je me demande comment je fais pour l’aimer encore tellement malgré tout. Je me demande si je me mens constamment en essayant de garder espoir. Ou si je n’ose pas le quitter parce qu’il a besoin de moi.
Oui, il est souffrant… Au point où je n’ose plus tomber malade moi-même, sachant qu’il ne pourra pas prendre soin de moi.
Oui je me sens seule avec toi, mais je ne me retrouve que dans tes bras.
Ces bras où la cacophonie règne, où je retrouve plus de débats que d’ébats.
Il est beau, mon Liban. Il est chaud, il est doux, il est fort… Un peu sauvage sur les bords. Il est meurtri, il est violé, défiguré, mal entretenu, morbide, souffrant, haletant. Il essaie encore de respirer même s’il étouffe, il essaie de crier, mais sa voix est étranglée…
"Ne me quitte pas."
Mais tu n’es pas à moi… Tu ne me donnes plus rien, pourquoi vais-je rester?
Tu es mon âme et ma force.
C’est alors moi qui dois tout sacrifier pour te garder?
Oui, c’est ça l’amour, le vrai. Se donner en entier pour sauver celui qu’on aime, même s’il n’a plus aucun souffle à nous donner… Y rester, lui tenir la main, l’aimer comme il est malgré tout, pour l’aider à se ressaisir, à garder son âme, à renaître de ses cendres…
