Dubai, ses buildings ruisselants de lumière, d’or, de fric et de records du monde, "l’immeuble le plus grand, le centre commercial le plus vaste, l’hôtel le plus haut, le spectacle aquatique le plus beau"… Jusqu’au tout récent Musée du Futur, "édifice le plus incroyable du monde", ellipse asymétrique horizontale en argent, construite sans aucun pilier, véritable miracle d’ingénierie, recouverte de calligraphie arabe, des vers de poésie sur le futur écrits par l’Emir de Dubai lui-même.

Qualifié par un sociologue de mes connaissances tantôt de "projet de diplôme d’un étudiant en architecture" et tantôt de mirage du désert ou de champ d’expérimentation du Guinness Book des records du monde, l’Emirat suscite à la fois les convoitises, la jalousie amère des Libanais, qui y voient par comparaison le symbole de leur propre déchéance, et une certaine forme de dédain des intellos qui lui reprochent son caractère dit "superficiel" et dénué "d’authenticité".

Superficialité? Légèreté? C’est exactement ce dont nous avons besoin en ce moment. Un mini-voyage vers le soleil que la Nature même semble nous refuser au cours de cet hiver libanais long et grisâtre, vers la consommation facile et la fameuse Expo Dubai 2020.

Plantée dans un désert de sable in the middle of nowhere, sur une superficie méga-géante épuisante, l’exposition à laquelle participent 192 pays présente des pavillons allant du plus spectaculaire (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis) au plus modeste (Liban, et pour cause). Kaléidoscopes, jeux de lumière, films en 3D, prouesses technologiques et astuces numériques, rien n’est laissé au hasard dans ce Disneyland pour grands afin de mettre en avant les atouts de chaque pays, sur les trois thèmes de l’expo: "Durabilité", "mobilité" et "opportunités". Bien entendu, l’avenir de la planète n’est pas en reste, et on y parle d’énergie propre, de recyclage, de développement durable et même de réduction de la consommation (dans le temple de celle-ci?!!)

Les objectifs de l’exposition "universelle", "connecter les esprits, construire le futur", invitent vertueusement à l’entraide des peuples, à la fraternité humaine et à l’action solidaire pour un avenir du monde meilleur, dans une ambiance We are the world, we are the children.

Pendant ce temps, les chars russes envahissent l’Ukraine.