Je ne sais pas par quoi commencer. Le commencent de l’un est la fin de l’autre. Par où commencer? Par la fin de ce qui n’a débuté ou peut-être par la vie qui est la seule à ne peut être une variable à deux géométries constantes dont on ne détient pas la clef. Ce que la vie m’a appris compte pour des nèfles. Mais je continue à respirer, à inhaler le parfum d’une femme qui ne fait que passer et qui s’éclipsera de ma vie comme une étoile filante qui ne nous accorde pas suffisamment de temps pour faire un vœu. Elle est comme ça la vie. Elle suit son parcours que nous devons obligatoirement suivre sans nous arracher les cheveux ou le peu qu’il nous en reste. Certains êtres ne sont pas assez courageux pour aller jusqu’au bout de la vie parce qu’ils s’en fichent carrément de ce que le Rubicon leur réserve s’ils entreprenaient de le franchir. Alors, ils pilent chemin faisant pour déposer un bilan. L’actif et le passif ne balancent pas. Ils refont l’exercice de leurs inventaires. C’est une douloureuse agonie qui ne leur laisse pas le temps de reprendre leurs esprits. Leurs mains tremblent, hésitent, merdoient. La vie creuse leur conscience à la recherche d’un apaisement qui soit à l’abri de leurs turpitudes, de leurs trahisons, de leurs déceptions; qui ne soit pas taraudé par une série de bourdes qui leur coûtèrent plus qu’un bras. Il ne leur reste que le lit où ils se révèlent en fumant une cibiche, où ils perpétuent leurs finitudes déclinantes. Leurs corps se détachent l’un de l’autre. Ne restent que leurs ombres qu’ils peinent à déchirer, à s’arracher du mur éventré par leurs cris qu’ils poussèrent la veille. Il lui balaie les mèches que la transpiration lui a collées au cou. Calmement. Sans chichi. Un simple geste. Son visage à elle se penche sur lui comme un saule pleureur sur une rivière houleuse, criarde, impassible à leur destin hébété. La voix crochue, elle lui parle de sa vie. D’une oreille tendue, il l’écoute les yeux dans les yeux. À son tour, il lui jette à la figure sa conception de la vie dans le désordre. Leurs vies se croisent au carrefour du dernier souffle qui lui reste jusqu’à la prochaine nuit. Elle s’époumone. Lui est déjà sur les marches de sa dissolution dans sa destinée. Il fait corps avec ce qu’il est. Lui. Qui mourra en premier? La réponse gît sous le talus de terre de l’espérance. On meurt souvent loin des siens, car la mort est par définition égoïste.

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