" Je crains que dans le futur le nombre de ces incidents n’augmente ", avertit le mohafez de Beyrouth, Marwan Abboud, dans une interview à Ici Beyrouth.

Beyrouth, 3 heures. Une voiture s’enfonce dans une rue sombre du quartier de Ras el-Nabeh. Sous son poids, le sol cède et l’eau commence à la submerger. Une ancienne canalisation d’eau vient d’exploser, symptôme de la vétusté des infrastructures locales. La municipalité de Beyrouth, fortement touchée par la crise économique, peine de plus en plus à prendre soin de la capitale.

" Cela fait plusieurs jours que l’on fait face à ce genre d’incidents ", déplore le mohafez de Beyrouth, Marwan Abboud. S’infiltrant dans les sols, l’eau n’a pas tardé à atteindre le parking souterrain, immergeant treize voitures. Rapidement sur place, les pompiers de Beyrouth ont entrepris d’en pomper l’eau. Il leur aura fallu plusieurs heures pour permettre aux propriétaires accablés d’accéder à leurs biens. Également sur les lieux, une dizaine d’ouvriers se sont relayés dans le gigantesque trou creusé sur la route, pour remplacer une partie de l’installation.

" Pour moi cet accident est lié à la vieillesse du tuyau. Il a plus de cinquante ans! ", explique un ingénieur de la municipalité, qui préfère rester anonyme. Ziad Saab, chef de département à l’Office des eaux de Beyrouth et du Mont Liban, tempère: " Pour l’instant, on ne sait pas pourquoi c’est arrivé. Ce peut être également lié à la pression ou à autre chose ", explique-t-il en observant les ouvriers s’activer en contre-bas.

Mais les propos de Marwan Abboud corroborent ceux de l’ingénieur: " L’état de ces infrastructures est mauvais. Elles ont toujours besoin de réparation. La plupart des installations souterraines de Beyrouth datent du mandat français. "

Loin d’être un cas isolé, l’incident est le symptôme d’une problématique bien plus grave. Submergée par la crise, la municipalité de Beyrouth a du mal à entretenir ses infrastructures. " Il est presque impossible de les rénover, se désole M. Abboud. Nos moyens sont devenus mineurs. Nous devons payer toutes les marchandises nécessaires en dollars, tandis que nos revenus sont en livres libanaises. " Cet écart entre les revenus et les dépenses plonge les finances publiques dans un fort déséquilibre. " À chaque fois que la livre libanaise chute, l’espoir chute également, poursuit le mohafez. Il nous devient difficile de combler nos obligations. Pour ces mêmes raisons nous ne pouvons pas obliger ces sociétés à restaurer leurs tuyaux. "

Trous dans les routes, trottoirs envahis par la végétation et explosion de canalisations sont les effets directs de ce manque de moyens. " Je crains que dans le futur le nombre de ces incidents n’augmente. Cela met beaucoup de pression sur les établissements publics, mais également sur les citoyens de Beyrouth ", constate-t-il. D’autant plus que ces problèmes s’ajoutent à ceux déjà existants, comme un ramassage des ordures défectueux et des coupures d’électricité à répétition. " C’est trop pour un peuple qui souffre déjà beaucoup ", déplore Marwan Abboud.

Il estime que ces problèmes nécessitent une solution législative. " Il faudrait que le Parlement adopte une loi qui fournisse des solutions, insiste-t-il. La privatisation permettrait par exemple à l’État de se débarrasser de secteurs qui font pression sur les finances publiques. Cela aboutirait à un meilleur équilibre financier et allègerait le secteur public de certaines de ses dépenses. "

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