Victor Hugo écrivait " Même la nuit la plus sombre prendra fin et le soleil se lèvera ".

Noël est signe de vie. Un espoir qui renaît là où tout semble enseveli dans les ténèbres. Le Liban est meurtri par les crises et événements douloureux successifs. Cependant, les coudes se serrent témoignant de solidarité et d’empathie cicatrisantes.

Dans la ville de Baabda, des routiers du groupe Notre-Dame de Jamhour, dont la devise est " servir ", s’activent pour contribuer avec les volontaires de l’Association Beyti ana Beytak (littéralement ma maison est la tienne) pour préparer un repas de Noël à des dizaines de personnes. Dans les locaux décorés minutieusement, l’esprit de Noël règne. Les tables sont diligemment disposées. Les jeunes routiers sont ravis de pouvoir tendre la main à des individus en détresse. Ils pressent des citrons, préparent des poulets, coupent des légumes… " Quelle joie de tracer un sourire sur les visages des familles démunies en raison de la crise écrasante, notamment à Noël " avoue l’un des jeunes avec empressement.

L’ambiance est magique. A midi, l’écho des papotages des personnes âgées, les rires des enfants venus avec leurs mères veuves exaltent la chaleur du rassemblement dans ce resto du cœur, fondé en août 2019 par la journaliste Cynthia Asmar. " Les volontaires de l’association préparent deux fois par semaine des plats chauds avec accompagnements à environ 120 personnes ", explique-t-elle. " Nous accueillons les familles avec chaleur pour qu’elles se sentent chez elles, dans leur maison ". Pour elle, les gestes quotidiens sont indispensables pour soutenir petits et grands moralement et donner des assises à l’espérance. " Durant une période assez pénible pour les Libanais, il faut demeurer à l’écoute et s’unir cœur à cœur avec tous ceux qui en expriment le besoin. Noël c’est aussi la solidarité, le service et le don de soi ", ajoute-t-elle.

Des vieux, des enfants, des adultes se regroupent autour des tables où les mets sont entreposés avec bienveillance. Un routier explique : " Le service au sein du mouvement scout nous permet de vivre tout à la fois, en une même action, les trois vertus, à savoir la franchise, le dévouement et la pureté afin de donner sans compter, sans souci du retour " (prière scoute).
Il rappelle aussi un passage du chant de la promesse scoute : "Fidèle à ma patrie, je le serai, tous les jours de ma vie, je servirai "…

L’échange avec les volontaires des deux associations m’a personnellement touchée et rappelé une discussion que j’avais eue au lendemain de la double explosion au port de Beyrouth avec l’ancien commissaire général des Scouts du Liban Ziad Chaker. Il avait développé avec des frères scouts un plan d’action pour venir en aide aux victimes de la tragédie. Quelque 1300 jeunes avaient répondu à l’appel aux premiers jours pour lever les décombres et permettre aux familles qui ont perdu leur toit de se relever et savoir qu’elles ne sont pas seules en ce moment horrible qui a marqué l’Histoire du Liban.

M. Chaker me disait : " Tant que nous avons des jeunes engagés qui aiment servir, l’espoir dans notre pays n’est pas perdu. Nous avons traversé une étape très difficile, mais nous n’abdiquerons pas. Cela fait partie de nos valeurs et de notre promesse. Servir est notre devise et nous répondons à l’appel de la communauté. Nous n’oublions point notre loi et nos valeurs dans les moments difficiles. Telle est notre éducation. Telle est aussi notre conviction. Nous croyons fermement que le Christ nous accompagne dans nos tâches et notre mission. La flamme est toujours là ".

Et Michel Kheirallah, commissaire général actuel, de témoigner avec un sentiment de joie : " Les épreuves ne manquent pas dans notre vie de tous les jours, sur les plans professionnel, social et même spirituel ! La difficulté qui se présente chaque jour à nous doit être perçue comme un moyen de se dépasser. (…) Le scoutisme est une belle école de générosité, de dépassement de soi et des difficultés ". Il note que cette mission est semblable à celle que le Pape François encourage toujours les jeunes à faire : " Les chrétiens ont le devoir d’annoncer l’Évangile sans exclure personne (…) comme quelqu’un qui partage une joie, qui indique un bel horizon."

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