Ça commence par des températures basses et comme par magie, le fracas de la pluie s’estompe pour laisser place au silence. Ce qui est unique avec la neige, ce sont ses flocons qui tombent en silence, dans un recueillement révérencieux.
Tout devient alors féerie blanche, tout devient beau. La neige couvre de son magnifique manteau blanc toutes les laideurs des villes. Toutes les laideurs de la vie. Elle drape d’un drap immaculé les vallées et les montagnes.
Et puis, cette nature qui exprime sa force sans bruit me fait penser aux personnes qui hurlent en silence : pourquoi donc faire du tapage lorsqu’on est nanti de tant de grâce et de tant de noblesse ?
La neige est le couronnement de ce que la nature peut offrir de meilleur.
Et comme toutes les beautés naturelles de ce monde, elle s’annonce à pas feutrés, sans artifices aucuns. Elle lorsqu’elle donne à voir son tourbillon de flocons généreux, on n’a qu’une seule envie : celle de les attraper pour les garder à l’infini.
Mais la neige, comme toutes les merveilles, est éphémère. Et s’il lui arrive de nous surprendre une fois l’an là où on ne l’attendait pas, c’est justement pour nous rappeler que la féerie est toujours possible…
Dans un monde où la violence fait rage et où la nature est meurtrie au quotidien, la neige demeure l’ambassadrice du rêve, celle qui cache ce que l’on gâche, et qui nous laisse entrevoir l’espace d’une parenthèse enchanteresse, des embellies que nous avions oubliées , nous qui sommes court-circuités en permanence par les menus détails du quotidien. La neige est le screen saver de notre grisaille.
C’est une messagère des cieux. C’est une offrande des dieux. Et pourquoi ses flocons ne seraient-ils pas les larmes des étoiles, versées sur une terre dont les habitants se sont transformés en bourreaux de la nature.
La neige viendrait ainsi délicatement nous rappeler que le beau reste encore possible pour les yeux pétris de poésie capables d’immortaliser ce moment unique.
Comme une gravure inaltérable enfouie au fin fond de leurs prunelles…Et puis ressortir cette image les jours de tempête intérieure, comme un étendard blanc qui neutralisera la noirceur de la vie.
