Pascale Nohra a été convoquée vendredi par la police militaire. Elle est accusée d’avoir cogné un soldat avant de prendre la fuite. Pour l’activiste, la réelle raison de cette convocation reste le fait d’avoir critiqué le Hezbollah.

Pascale Nohra, fondatrice du groupe "La révolution est femme" et membre du regroupement des "Femmes résistantes face à l’occupation iranienne" a comparu vendredi devant la police militaire à Sarba. Elle est accusée d’avoir cogné un militaire avant de prendre la fuite, dans le cadre d’un sit-in organisé il y a près de trois mois à Zouk, en soutien à un autre activiste, Tony Khoury, que les forces de l’ordre essayaient d’arrêter. Les protestataires avaient alors coupé la route avec leur voiture. "J’étais tout le temps sur les lieux du rassemblement", affirme à Ici Beyrouth Mme Nohra, qui en est à sa seconde convocation dans le cadre de ce dossier. " Je ne suis allée nulle part, confie-t-elle. Je n’ai touché à personne. Le militaire en question n’a rien. J’ai été choquée de découvrir qu’on m’a monté un dossier pour essayer de m’arrêter et de me porter préjudice."

Pascale Nohra note à ce sujet que "tout au long des manifestations organisées dans le cadre du soulèvement populaire du 17 octobre, nous nous en sommes jamais pris à l’institution militaire". "Au contraire, nous la soutenons à fond", insiste-t-elle, précisant que quelques jours avant sa convocation, elle a reçu un appel. On lui a demandé de verser la somme de 4 millions de livres libanaises en guise d’indemnités au soldat en question.

"Ma convocation est strictement d’ordre politique", reprend l’activiste. Elle explique que celle-ci est liée au fait qu’elle a toujours réclamé, lors des manifestations auxquelles elle a participé, l’application des résolutions 1559, 1680 et 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU et appelé à faire justice aux victimes de la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020.

L’activiste souligne que le sit-in observé en soutien à Tony Khoury coïncidait avec une période où elle prenait part à des manifestations appelant au désarmement du Hezbollah. Elle avait également envoyé un enregistrement sonore, largement partagé sur les réseaux sociaux, incitant les gens à rejoindre la résistance face à l’occupation iranienne et à participer à la parade civile organisée à l’occasion de la fête de l’Indépendance.

Appelant les gens à se rassembler autour du patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, et à soutenir son appel pour la neutralité du Liban, Pascale Nohra affirme que ces convocations "ne réussiront pas à l’intimider et qu’elle reste attachée à ses principes et convictions"."Mes enfants ont été blessés par la double explosion au port, s’insurge-t-elle. Ma maison a été détruite. Nous sommes constamment menacés. Le Hezbollah veut installer la Wilayat el-fakih au Liban. En tant que révolutionnaires, nous n’accepterons pas cela. Nous continuerons à manifester contre le projet de la milice pro iranienne."

Et Mme Nohra de préciser: " Mon combat aujourd’hui est axé sur deux objectifs essentiels: revendiquer justice et vérité pour les victimes de la double explosion au port, d’une part, et l’application des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, d’autre part. Le peuple libanais ne pourra pas se redresser tant que ces décisions ne seront pas pleinement mises en œuvre."