Des magistrats français ont entendu lundi à Beyrouth un témoin dans le cadre d’une enquête instruite à Nanterre, visant l’ancien patron de l’alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, selon une source judiciaire libanaise citée par l’AFP.

L’ancien magnat de l’automobile est visé en France par deux procédures judiciaires: à Paris, pour les prestations de conseil conclus par RNBV, filiale néerlandaise incarnant l’alliance Renault-Nissan, avec l’ancienne ministre française de la Justice Rachida Dati et le criminologue Alain Bauer; et à Nanterre, notamment pour abus de biens sociaux et blanchiment.

Les magistrats français ont " entendu lors d’une audience tenue dans une salle de la Cour de cassation au Palais de justice, l’un des témoins de l’affaire, en présence de l’avocat général à la Cour de cassation, Imad Kabalan et de la juge Mirna Kallas ", a indiqué la source judiciaire à l’AFP.

La délégation arrivée à Beyrouth dimanche soir et qui reste jusqu’à jeudi dans la capitale libanaise, doit auditionner un autre témoin mardi, a affirmé la source sans préciser l’identité des deux témoins.

Selon cette source, la délégation française a posé " des questions liées à l’interrogatoire de M. Ghosn à Beyrouth l’été dernier, concernant des transferts financiers effectués par ce dernier alors qu’il était patron " de l’alliance Renault-Nissan.

Les juges français s’emploient, selon la même source, à " recueillir des informations pour déterminer si les transferts de M. Ghosn impliquent des détournements de fonds des comptes de l’entreprise et des cas de corruption ".

" Ils n’ont pas trouvé un seul flux financier provenant de Renault ou Nissan qui m’incrimine ", a récemment rétorqué Carlos Ghosn, au Parisien.

C’est le second déplacement de magistrats français dans cette affaire: en juin dernier, M. Ghosn avait été entendu en audition libre pendant cinq jours, pour les enquêtes le visant à et à Paris, dans le cadre d’une commission rogatoire internationale. A l’issue de cette audition, ses avocats avaient dit qu’il était " heureux " d’avoir pu " expliquer sa position ".

Selon une source française proche du dossier citée par l’AFP, la justice de l’Hexagone peut également demander au procureur libanais la " notification des charges " à M. Ghosn – l’équivalent d’une mise en examen en France – ou encore prononcer un mandat d’arrêt à son encontre.

Selon la source libanaise, la France tente de " constituer un dossier et de rassembler des preuves pour l’heure inexistantes ", pour pouvoir poursuivre M. Ghosn.

Âgé de 67 ans et visé par un mandat d’arrêt d’Interpol, l’ancien homme d’affaires, qui a les nationalités libanaise, française et brésilienne, est contraint de rester au Liban depuis sa fuite rocambolesque du Japon en décembre 2019.

Arrêté en novembre 2018 à Tokyo, il avait justifié son évasion en assurant avoir voulu " échapper à l’injustice ", dénonçant un " complot " des autorités japonaises.

" Pour l’instant, je ne peux pas revenir " en France, a aussi déclaré Carlos Ghosn, du fait du mandat d’arrêt d’Interpol.