Lancé en 2019, le projet Beirut RiverLESS lutte contre les effets de la détérioration du fleuve de Beyrouth, via la réinstauration d’un écosystème forestier. Ce faisant, il aborde également deux problèmes contemporains majeurs que sont le changement climatique et la perte de biodiversité, tout en redonnant aux lieux leur fonction sociale. 

Né d’un désir de réduire les conséquences de la pollution du fleuve de Beyrouth, Beirut RiverLESS y réinvite une biodiversité autrefois foisonnante. Mais que planter et comment ? Bien plus technique qu’il n’y paraît, le projet repose sur la méthode Miyawaki, du nom de son créateur, un botaniste japonais. Particulièrement efficace pour réintroduire des arbres dans l’espace urbain, l’approche préconise la seule utilisation de plantes locales. Une méthode qui permet également de lutter contre le réchauffement climatique. Résultat : une croissance 10 fois plus rapide, une forte densité et une forêt autosuffisante au bout de trois ans.

En amont, il a donc fallu prendre le temps d’étudier les forêts environnantes et les plantes locales qui s’y développent. Trois ans plus tard, 5 800 arbres et arbustes (pistachiers, arbousiers, cercis, sauge, laurier…) ont ainsi été plantés sur plusieurs terrains. Mis bout à bout, ils représentent une surface de  2 200 m². Car le succès du projet a incité la municipalité de Sin el-Fil à céder davantage que la parcelle de 200 m² fournie à l’origine.

" L’ensemble permet la création d’espaces de cohabitation pour les humains et les autres organismes au sein de la ville ", explique l’architecte Adib Dada, à l’origine du projet. Ce dernier permet ainsi de réduire l’impact négatif de la pollution du fleuve sur la nature et sur les communautés locales, invitées à participer au projet. " Nous voulions créer un projet participatif qui pourrait ramener les gens sur ses rives ", poursuit-il. Une manière de redonner aux lieux leur fonction sociale.

Le fleuve de Beyrouth a longtemps été un lieu d’échange et d’interactions entre différentes communautés, jusqu’à sa " bétonisation " décidée en 1968 par le gouvernement. Le déversement d’eaux usées, de déchets ménagers et de rejets toxiques émanant d’usines locales ont achevé de tuer les écosystèmes environnants.