Depuis le vendredi 11 mars, certains supermarchés exigent que la moitié de la facture seulement soit payée par carte bancaire et l’autre moitié en espèces. Une décision impopulaire chez les clients, mais nécessaire selon le syndicat du secteur.

Il est 19h et le monde se presse au Spinney’s de Mar Mitr. Les caddies remplis se croisent dans les rayons tandis que les caisses bipent sans discontinuer. "Demain, il ne nous sera plus possible de payer entièrement nos courses par carte bancaire, donc on fait le plein aujourd’hui", indique un couple à la sortie du magasin.

Demain, nous serons le vendredi 11 mars. Et à partir de demain, les supermarchés pourront obliger leurs clients à payer au moins 50% de leurs courses en cash, selon une décision du syndicat des propriétaires de supermarchés. En catastrophe, les gens viennent faire le plus de provisions possibles pour dépenser de l’argent avec leur carte bancaire.

Au matin du 11 mars, la nouvelle règle est bien en application au Spinney’s de Mar Mitr, comme le confirment une employée de l’accueil et plusieurs fiches imprimées, collées ça et là, au grand dam des clients qui apprennent la nouvelle. "Bientôt, nos cartes ne serviront plus à rien, et nous ne pourrons plus utiliser les livres présentes sur nos comptes", s’inquiète une dame.

Ce n’est cependant pas le cas partout. À Fahed (Furn el-Chebbak), au Charcutier Aoun (Sed el-Bauchrieh) ou encore au Carrefour du City Mall, il était encore possible, le 11 mars, de tout payer avec sa carte. "Ici, c’est encore possible, mais pas au Fahed Super Value de Zalka ou au Charcutier de Jal el-Dib. C’est à n’y rien comprendre", peste un homme croisé dans un centre commercial.

Pourquoi de telles différences ? "Les principaux supermarchés du Liban, par ailleurs membres de notre syndicat, appliqueront tous la nouvelle règle à partir de demain [samedi 12 mars]", indique à Ici Beyrouth Nabil Fahed, président du syndicat des propriétaires de supermarchés. "Je ne peux me prononcer pour le reste des détaillants, mais nous nous attendons à ce qu’ils fassent de même très prochainement", ajoute-t-il.

Surtout, pourquoi avoir pris une telle décision? "L’argent que nous recevons des paiements par carte bancaire ne peut être utilisé pour payer nos fournisseurs qui nous demandent toujours du cash, répond Nabil Fahed. Lorsque nous retirons cet argent, nous ne recevons qu’environ 23% du montant total. D’autres secteurs, comme ceux des stations-services, des générateurs, des pharmacies et des détaillants de tout type devraient également suivre la même règle, afin d’établir une équité entre tous."