Un galeriste germano-libanais a été mis en examen vers la mi-mars et placé en détention provisoire dans le cadre d’une enquête à Paris sur un vaste trafic d’antiquités en provenance de pays instables du Proche et Moyen-Orient, selon une source judiciaire française citée par l’AFP.

L’homme qui n’a pas été identifié mais qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt européen, a été mis en examen pour " des chefs d’escroquerie en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment en bande organisée ", a précisé cette source.

Selon le Canard enchaîné, qui a révélé mardi son extradition, le suspect âgé d’une quarantaine d’années serait galeriste à Hambourg, en Allemagne, et aurait la double nationalité libanaise et allemande.

L’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC), chargé de l’enquête, cherche notamment à déterminer les conditions d’acquisition par le Louvre d’Abu Dhabi, par l’intermédiaire du galeriste germano-libanais, de cinq antiquités sorties illégalement d’Egypte et " valant plusieurs dizaines de millions d’euros ", d’après le journal satirique.

Deux autres hommes, Christophe Kunicki, expert en archéologie méditerranéenne, et son compagnon Richard Semper, avaient été mis en examen le 26 juin 2020 à l’issue de leur garde à vue pour les mêmes infractions et placés sous contrôle judiciaire.

Les enquêteurs les soupçonnent d’avoir " blanchi " des objets archéologiques pillés dans plusieurs pays en proie à l’instabilité depuis le début des années 2010 et l’émergence des Printemps arabes, l’Egypte principalement mais aussi la Libye, le Yémen ou la Syrie.

Des sources proches du dossier avaient indiqué à l’époque que ce trafic aurait concerné des centaines de pièces et porterait sur plusieurs dizaines de millions d’euros.

" La question est de savoir si ces pièces sont sorties légalement ou non des pays concernés ", avait souligné l’une de ces sources, " éventuellement à la faveur du contrôle de certains territoires par tel ou tel groupe armé ".

Trois autres personnes placées en garde à vue lors de ce même coup de filet – le président de la maison Pierre-Bergé & Associés, une ancienne conservatrice du Louvre et un célèbre galeriste parisien de la rive gauche – avaient été remis en liberté sans poursuites à ce stade.

L’annonce de l’ouverture d’une enquête préliminaire en juillet 2018, confiée depuis à des juges d’instruction, avait fait grand bruit dans le milieu du marché de l’art et des antiquaires de Paris, considéré comme l’une des places fortes mondiales du secteur.