Le mari de Roula Yacoub, Karam el-Bazi, a été condamné mercredi par la Cour de cassation à 5 ans de prison pour "homicide involontaire". Une peine qui devrait encore être exécutée.

"C’est mon cadeau pour la fête des mères. Je vais maintenant me recueillir devant la tombe de ma fille et lui assurer qu’elle peut enfin être en paix!" Dans la salle du tribunal, Layla Khoury, mère de Roula Yacoub, respire de soulagement. Neuf ans après le meurtre de sa fille, l’époux de la victime, Karam el-Bazi, a été condamné mercredi par la Cour de cassation à cinq ans de prison. Il doit également verser une amende de 300 millions de livres libanaises à Layla Khoury. Roula Yacoub a été tuée le 7 juillet 2013 à Halba, au Akkar, à l’âge de 32 ans. Elle était mère de cinq filles.

Ce jugement est une victoire pour la famille de la victime, même s’il n’est pas considéré par l’opinion publique comme étant à la hauteur du crime… mais aussi pour Kafa qui n’a pas lâché le dossier dès le premier instant. À juste titre puisque "Karam el-Bazi a été jugé pour homicide involontaire, conformément au procès intenté contre lui par le parquet", explique à Ici Beyrouth Leila Awada, avocate et cofondatrice de l’ONG Kafa, qui suit dès le départ le dossier de Roula Yacoub. "Cet article stipule l’emprisonnement pour une durée variant entre cinq et sept ans, poursuit-elle. Dès le départ, nous savions que le jugement ne dépassera pas les sept années de détention."

Pour l’avocate, "justice a été rendue… mais en retard". "Nous aurions souhaité une sentence plus tôt, parce qu’elle aurait eu un effet rédhibitoire, avance-t-elle. Mais il ne faut pas oublier que sur ce dossier, plusieurs magistrats s’étaient déjà récusés. De plus, Karam el-Bazi a été innocenté à deux reprises". En janvier 2014, lorsqu’il avait bénéficié d’un non-lieu pour insuffisance de preuves prononcé en sa faveur par le juge d’instruction Ala’ el-Khatib. Et en novembre 2018, date à laquelle la cour criminelle du Liban-Nord l’avait acquitté pour absence de preuves. Elle avait pourtant reconnu qu’il était violent envers sa femme.

"Nous avons réussi à casser un acquittement", se félicite Leila Awada, qui souligne que tout au long du processus "nous ne croyions plus que nous allions avoir gain de cause, vu les circonstances qui entouraient ce dossier". "Par ailleurs, il y a eu plusieurs changements au niveau des juges près la Cour de cassation, ajoute-t-elle. Le verdict en soi est donc juste. Reste à savoir comment il sera exécuté, puisque Karam el-Bazi est en liberté. Est-ce qu’il va solliciter l’assistance d’un zaïm? Est-ce qu’une partie politique va lui assurer une protection et faire en sorte que cette sentence ne soit pas exécutée, d’autant que tout au long du processus juridique, des ingérences politiques ont été notées ? Nous scrutons l’exécution de cette peine."