Le cadre médical et hospitalier se voit confronté à des agressions de toutes sortes, en plus des crises qui le frappent depuis des mois. Les responsables de ce secteur en ont fait part mardi aux médias.

Les attaques physiques, verbales et morales contre les corps médical, infirmier et paramédical dans les lieux de travail se multiplient, sur fond d’une crise économique sans précédent. Malgré les mises en garde répétées et les appels lancés par les présidents des syndicats pour une protection sécuritaire, aucune mesure n’a été entreprise pour assurer la sécurité de ces corps. Essentiellement, par manque de fonds.

Cette violence a été dénoncée au cours d’une conférence qui s’est tenue mardi au siège de l’ordre des médecins, à Téhouita, en présence des présidents des différents syndicats médicaux et paramédicaux.
"Pourquoi nos 128 députés peuvent être protégés, alors que l’État est incapable de protéger 127 hôpitaux?", s’est demandé le président du syndicat des hôpitaux privés, Sleiman Haroun. "Nous menons une vie anormale, d’où les réactions anormales des gens, dit-il à Ici Beyrouth. Cela dit, l’usage de la violence n’est en aucun cas excusable. Il a pour conséquence de pousser les médecins à ne plus pouvoir prendre soin des malades." Appelant les proches des malades à respecter le corps hospitalier, il a noté que des entraînements ont été organisés à l’intention des employés dans les hôpitaux afin de leur apprendre à gérer les violences dont ils font l’objet. "Une formation qui ne peut pas être efficace lorsqu’on a recours aux armes, ce qui a été le cas dans plusieurs hôpitaux", déplore-t-il.

Lors d’une allocution, le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf, a constaté que le secteur médical au Liban a été fortement affecté par la crise économique et financière, à laquelle sont venus s’ajouter les problèmes et divisions politiques et sectaires. Il a rappelé dans ce cadre que "48 médecins sont décédés des suites du covid-19 et que plus de 3.000 autres ont émigré". "Les responsables sont appelés à œuvrer pour mettre un terme au chaos et garantir la dignité du corps médical et hospitalier", a-t-il insisté.

De son côté, Rima Sassine Kazan, présidente de l’ordre des infirmières et infirmiers du Liban, a insisté sur les mesures qui doivent être prises pour limiter cette violence qui "laisse des séquelles psychologiques" sur le corps infirmier. Au nombre de ces mesures, notamment la mise en place au sein des établissements de santé de protocoles et de mesures préventives de la violence, ainsi qu’un plan de sécurité, l’adoption par les responsables d’un plan de stratégie sécuritaire pour les hôpitaux et le lancement par le ministère de la Santé d’une campagne de sensibilisation pour arrêter la violence. Mme Kazan a également insisté sur la nécessité de sanctionner les agresseurs et d’assurer un soutien légal et psychologique au corps infirmier victime de cette violence.

Mme Kazan a en outre souligné que la violence exercée sur le corps soignant dans les hôpitaux a poussé de nombreux infirmier(ère)s à "abandonner leur carrière". Elle a aussi mis l’accent sur l’émigration massive observée au sein du corps infirmier.

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