La société libanaise Edessa, UN Habitant et l’AUB ont présenté un projet pour la gestion des déchets produits par l’explosion du 4 août 2020 et entreposés à La Quarantaine. Depuis un an et demi, plusieurs milliers de tonnes, parfois toxiques, sont toujours présentes sur le site de l’entreprise Bakalian Flour Mills.

Un an et demi après l’explosion du 4 août 2020, la question qui se pose toujours est celle de savoir que faire des milliers de tonnes de déchets entreposés au port et dans ses environs. Pour tenter d’y répondre, une réunion publique s’est tenue le 1ᵉʳ avril à l’Institut Issam Farès de l’Université américaine de Beyrouth (AUB).

Commissionnée par l’Initiative libanaise pour la reforestation (LRI) et en collaboration avec UN Habitat et l’AUB, l’entreprise libanaise Edessa a présenté les premiers résultats de son étude sur la caractérisation et la gestion des déchets stockés sur le site de la société Bakalian Flour Mills, à La Quarantaine. "Nous avons dénombré environ 15.000 tonnes de verre et 150.000 tonnes de matériaux de construction", a indiqué durant la présentation Jacques Chahine, le patron d’Edessa.

Trier et confiner
Dès décembre 2020, et régulièrement jusqu’à fin août 2021, des tests ont été effectués afin de déterminer, ou non, la présence d’amiante dans les tas. Le minéral fibreux a ainsi été détecté dans certains échantillons à un niveau relativement faible, environ 0,11 fibre par millilitres. Des taux qui, théoriquement, ne représentent pas de risques pour les zones d’habitations environnantes, mais qui nécessitent la mise en place de protocoles de sécurité.

En premier lieu, Edessa suggère de trier les déchets pour confiner la partie toxique et/ou contaminée à l’amiante. Celle-ci sera stockée dans des cellules hermétiques. Le tri permettra également de récupérer ce qui peut être recyclé. Après être passé dans des broyeurs, le verre et les autres matériaux utiles pourront à nouveau servir dans la construction ou la production d’objets. Un partenariat a été initié avec l’ONG Arcenciel.

Plusieurs protocoles de sécurité
La société libanaise propose aussi, afin de libérer les lieux, de transférer les tas de déchets dans l’enceinte même du port ou de trouver un autre site. "Les opérations vont prendre de la place. Dans l’idéal, il faudrait faire ça ailleurs. Nous sommes ouverts à toute proposition", a indiqué Jacques Chahine.

Les intervenants tenaient à l’assurer : l’opération sera transparente et ne présentera aucun danger, que ce soit pour le personnel, les riverains et l’environnement. Tous les protocoles respecteront les conventions de Bâle (sur les déchets chimiques), de Stockholm (sur les persistants chimiques) et de Barcelone (sur la protection de la mer Méditerranée).

"La manipulation des déchets comporte des risques sur la santé et l’environnement, nous avons donc réfléchi à des mesures à mettre en place, précise Jacques Chahine. Pour accéder aux déchets toxiques confinés, le personnel aura l’obligation de porter des tenues hermétiques et de passer par des sas de décontamination. Les tas seront souvent mouillés pour éviter l’envol de poussières dans l’air. Des contrôles continus seront réalisés pour mesurer les niveaux de toxicité, que ce soit dans l’air ou sur des échantillons."

Cahier de doléances
Enfin, le projet veut mettre l’accent sur l’établissement d’une bonne relation avec les riverains. "Certains pourraient voir les travaux d’un mauvais œil. Ce sera à nous de leur expliquer pourquoi ils sont positifs", avance Jacques Chahine. Un bureau de plaintes sera constitué et, pourquoi pas, une hotline pour ceux qui préfèrent appeler.

Le projet d’Edessa a reçu le soutien de la Banque mondiale et devrait démarrer d’ici la fin du mois de juillet 2022.